MARCY Henri, Pierre, Étienne

Par Alain Dalançon

Né le 16 juin 1905 à Châteaudun (Eure-et-Loir), mort le 16 janvier 1993 à Trappes (Yvelines) ; professeur ; militant du SNET, membre de la CA et du bureau national, membre du CSEN.

photo en 1925
photo en 1925

Fils d’Henri Marcy et de Thérèse Pau, instituteurs à Châteaudun, Henri Marcy fit ses études secondaires dans cette ville. Il fut élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Chartres (Eure), de 1921 à 1923, suivit une quatrième année d’EN à Rouen en 1924 pour préparer le concours d’entrée à l’École normale de l’enseignement technique, qu’il intégra en 1925 et y fut élève dans la section EF (lettres-langues), promotion 1925-1927. Son intérêt pour l’anglais et la culture anglo-saxonne s’était éveillé tôt, notamment durant la Première Guerre mondiale, au contact du cuisinier d’un groupe d’officiers américains. Et lorsqu’il était étudiant, il jouait de la batterie dans un orchestre de jazz qui animait un bal, rue de Lappe, à Paris.

Immédiatement après la fin de son service militaire effectué dans le 2e Régiment de spahis à Oran, de novembre 1927 à avril 1929, il épousa une institutrice, Jeanne Courtignon, avec qui il eut deux garçons, nés après la Seconde Guerre mondiale.

Il commença à enseigner comme professeur de lettres à l’école nationale professionnelle d’Armentières (Nord). Parallèlement, il prépara et obtint en 1931-1932 les certificats d’une licence d’anglais, complétés par un diplôme d’études supérieures. Comme son épouse résidait à Creil (Oise) depuis 1932, où elle devint directrice d’école maternelle, il fut nommé en 1935 professeur à l’ENP de Creil, où il enseigna l’anglais et le français. Il y tenait, à la radio scolaire, une rubrique régulière d’analyse de la presse étrangère et réalisa un des premiers enregistrements sur magnétophone à fil. Vers cette époque, il participa à l’animation d’un camp d’été des Faucons rouges dans les Ardennes.

Syndiqué dès le début de sa carrière au Syndicat de l’enseignement technique, devenu par la suite Syndicat du personnel de l’enseignement technique, il militait également durant la période du Front populaire à la Fédération générale de l’enseignement-CGT et à la Fédération générale des fonctionnaires. Il participa d’ailleurs en 1938 au congrès de Nantes de la CGT, au titre de l’union départementale de l’Oise.

Mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940 dans le service de liaison franco-britannique, Marcy fut suspendu à la rentrée 1941 en vertu de la loi du 11 octobre 1940, excluant les francs-maçons de la Fonction publique et, malgré sa demande de bénéficier de la dérogation prévue par la loi du 11 septembre 1941, il fut proclamé démissionnaire d’office en avril 1942. Il s’occupa alors de la comptabilité d’établissements d’enseignement privé dans l’ouest de la France. Il fut réintégré pour deux ans, le 9 décembre 1943, à l’ENP de St-Ouen (Seine), qui devint l’ENP de garçons de Paris, boulevard Raspail, en 1951.

À la Libération, Henri Marcy participa à l’installation de la base américaine de Creil et à la liaison entre l’armée américaine et les autorités locales. De son côté, son épouse qui avait participé à la constitution d’une section clandestine du Syndicat national des instituteurs dans l’Oise, fut active dans la renaissance du syndicalisme dans ce département et la remise en ordre de l’administration locale de l’Éducation nationale.

Henry Marcy avait effectué de nombreux séjours en Grande-Bretagne, à l’université d’Exeter, avec son épouse, qui avait également préparé le professorat d’anglais. Il termina sa carrière comme professeur d’anglais à l’École de métiers mixte de l’école hôtelière de Paris (rue Méderic) à partir de la rentrée 1953, établissement où il prit sa retraite en 1967. Il enseigna aussi à l’École supérieure du Bois et fut membre de la commission pédagogique de l’ENSET de Cachan à partir de la rentrée 1955, ainsi que de la structure audiovisuelle du Musée pédagogique. Il continua parallèlement à s’occuper de la radio scolaire et assura longtemps une émission d’anglais commercial le dimanche matin. Son manuel d’anglais pratique pour les métiers de la restauration et de l’hôtellerie publié dans la série Welcome ! (éditions Augustin) fut longtemps une référence et connut plusieurs rééditions dans les années 1980 avec son collègue, Pierre Moreau, du lycée hôtelier Jean Drouard. Ils présentèrent aussi en 1985 un manuel Sujets d’examen hôteliers, versions et lettres.

Après la guerre, Henri Marcy milita au Syndicat national de l’enseignement technique. Partisan de l’autonomie en 1948, il fut élu membre de la CA en 1950 sur la liste conduite par Georges Lauré qui était son cadet d’un an et qu’il avait connu à l’ENET. Dès lors, il devint un des plus importants responsables du SNET jusqu’à la fin de l’existence du syndicat en 1966. Dès 1950, il siégea au BN et fut chargé de la commission pédagogique avec Fernand Canonge, militant « cégétiste », à une époque où les responsabilités nationales principales restaient partagées entre tendances. Puis en 1951-1952, les « autonomes » ayant progressé aux élections internes, il devint le seul secrétaire de la commission dans un bureau toujours hétérogène. Au demeurant, il n’existait pas de différence entre les positions pédagogiques des « autonomes » et celles des « cégétistes » : tous se retrouvaient dans la défense de la laïcité, le projet Langevin-Wallon et la promotion de l’enseignement technique, enseignement orienté vers la vie professionnelle mais aussi enseignement de culture.

De 1952-1953 à 1955-1956, Marcy continua d’être chargé de la pédagogie dans le BN puis en 1956-1957, il eut la responsabilité des concours de recrutement des maîtres et de la réforme de l’enseignement, au moment du débat sur la réforme René Billères, que le SNET ne combattit pas comme le fit le SNES. Il tenait dans Le Travailleur de l’enseignement technique une rubrique bibliographique assez régulière sur l’école et la pédagogie. Il laissa ensuite la responsabilité pédagogique à Gaston Langlois, qui avait été son condisciple à l’ENET et son collègue à Creil. Pendant plusieurs années, durant le secrétariat général de Bernard Roulet, successeur de Lauré devenu secrétaire général de la FEN en 1956, il ne siégea plus au BN. Il y revint à partir de 1960-1961, Louis Astre devenant secrétaire général, et le demeura jusqu’en 1965. Il fut en outre élu suppléant à la CA de la FEN en 1961 et fut candidat aux élections à la commission paritaire des professeurs certifiés et assimilés en décembre 1956 et février 1960.

Durant une décennie, de 1956 à 1966, Marcy rédigea dans Le Travailleur de l’enseignement technique les comptes rendus des réunions du Conseil supérieur de l’Éducation nationale. Après avoir été élu suppléant du Conseil de l’enseignement technique dès les élections de 1946 puis à celles de 1950, il fut en effet élu titulaire au CSEN en 1954 et siégea à sa section permanente jusqu’en 1966. Dans cette instance consultative nationale, où s’élaboraient tous les textes importants, il eut donc à défendre aux côtés des secrétaires généraux successifs du SNET, et ensuite de Langlois, les positions syndicales en faveur de la promotion de l’enseignement technique et de ses maîtres, pour obtenir l’égalité de traitement avec l’enseignement secondaire classique et moderne. Il participa donc de près à l’élaboration des baccalauréats techniques, des brevets de techniciens, des CAPET, à la transformation des ENP et des collèges techniques en lycées … Et il fut partisan de la fusion avec le SNES qui se réalisa en 1966 à la veille de son départ en retraite. Il resta longtemps un animateur de l’Association des anciens élèves de l’ENSET et de l’Association des professeurs de langue vivantes dont il tint la comptabilité.

Homme de synthèse, apte à la répartie et à l’humour, mais discret, selon Etienne Camy-Peyret, ancien leader de la tendance minoritaire « Union pour un action syndicale efficace », Henri Marcy appartint à cette génération de militants syndicalistes qui combattirent pour le développement de l’enseignement technique long et pour lui donner ses lettres de noblesse.

La retraite venue, il continua à apporter ses compétences en anglais commercial en participant à l’enseignement au Centre national d’enseignement par correspondance, à la mise en place du brevet de technicien supérieur de traducteur commercial. Il milita à la Fédération générale des retraités de la Fonction publique et au Groupement des retraités de l’enseignement secondaire où il retrouvait son camarade Langlois. Il était encore membre du bureau national du GRES au moment de son décès.

Ses obsèques eurent lieu à Elancourt (Yvelines) et il reposait à Ouzouer-sur-Loire (Loiret) au côté de son épouse décédée en 1998.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140421, notice MARCY Henri, Pierre, Étienne par Alain Dalançon, version mise en ligne le 30 avril 2012, dernière modification le 28 avril 2021.

Par Alain Dalançon

photo en 1925
photo en 1925

ŒUVRE : aux éditions Augustin, à Paris, avec Pierre Moreau, dans la collection The Welcome series. — An introduction to modern catering hotel management and tourism, 1983. — A shorter course for hotels and restaurant careers, 1985.

SOURCES : Arch. Nat., F17 28971. — APPO GA, A5, 702270 (dossier Astre). — Arch. IRHSES. — Renseignements fournis par ses deux fils. —Témoignage et notes d’Etienne Camy-Peyret. — Notes de Jacques Girault.

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