NOIRET Marcel

Par Didier Bigorgne

Né le 21 septembre 1925 à La Moncelle (Ardennes), mort le 26 novembre 1995 à Champigny-sur-Marne (Val -de-Marne) ; secrétaire de mairie ; résistant ; militant communiste dans les Ardennes ; dirigeant national d’associations de la Résistance.

Fils d’un charpentier et d’une mère au foyer, Marcel Noiret était un jeune ouvrier à Revin (Ardennes) quand la Seconde Guerre mondiale éclata. Réfugié avec ses parents aux Sables d’Olonnes (Vendée), il entra dans un groupe de résistance franco-polonais. De retour à Revin, Marcel Noiret reprit son action en aidant des évadés polonais venant d’Allemagne. Il devint ensuite agent de renseignements de la mission interalliée Citronnelle, sous le pseudonyme « Athanase ». Après le massacre du maquis des Manises le 12 juin 1944, il s’infiltra dans la milice locale pour enquêter et découvrir les traîtres. Arrêté « pour intelligence avec l’ennemi » et emprisonné à Nancy le 1er septembre suivant, il fut disculpé et libéré au mois d’octobre. En avril 1945, Marcel Noiret devint directeur de l’Association revinoise des familles de fusillés, puis membre du comité d’honneur de l’Association nationale des victimes du nazisme dans les Ardennes.

En 1948, Marcel Noiret, qui réclamait toujours justice sur le drame des Manises, fut interné pendant six mois dans la maison de force de Prémontré (Aisne). Il adhéra ensuite au Parti communiste : le 7 novembre 1949, le père de Guy Moquet, fusillé à Châteaubriant, lui remit solennellement sa carte à Nouzonville. Le 21 juin 1950, Marcel Noiret fut inculpé pour injures à l’armée après avoir dénoncé dans le journal communiste Liberté les atrocités perpétrées par le 2e Bureau en Indochine. Le 20 septembre suivant, le tribunal le condamna à six mois de prison.

De mai 1951 à juin 1971, Marcel Noiret fut secrétaire de mairie à Vivier-au-Court (Ardennes). En 1952, le maire communiste René Gouverneur fut suspendu de sa fonction pour une durée de trois mois par le ministre de l’Intérieur, pour avoir désigné et maintenu à son poste Marcel Noiret, envers et contre l’avis de la préfecture des Ardennes. Lors de la 13e conférence fédérale du Parti communiste des Ardennes qui se tint les 23-24 février 1952, Marcel Noiret dénonça la suspension des maires communistes Jules Mouron (Signy-le-Petit), Louis Jolly (Villers-Semeuse) et René Gouverneur (Vivier-au-Court) « prémice de la fascisation du pays » et appela à accentuer la lutte contre le fascisme. Élu membre du bureau fédéral, il occupa cette fonction jusqu’au 16 mai 1954. En octobre- novembre 1953, il effectua un voyage en URSS.

À l’occasion d’un voyage en RDA en 1969, Marcel Noiret, qui avait fondé quelques années plus tôt la section ardennaise de l’association « Échanges franco-allemands », découvrit que le général Karl Molinari, responsable du massacre des Manises, était commandant de la 7e division de Dragons, près de Dortmund (RFA). À son retour dans les Ardennes, Marcel Noiret créa un « Comité pour le châtiment de Molinari » pour obtenir l’extradition du général. L’affaire Molinari fut évoquée à l’Assemblée nationale et dans la presse allemande. Elle provoqua des tensions entre les gouvernements français et ouest -allemand, surtout entre la RDA et la RFA à propos des anciens criminels de guerre nazis.

Dès son installation à Champigny-sur-Marne, Marcel Noiret cumula les responsabilités. Il devint secrétaire général du Comité national de liaison de la Résistance et de la Déportation, puis membre du conseil national de l’ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance). En qualité de délégué de la Résistance française, il assista au vote historique du Bundestag sur les crimes contre l’Humanité, le 3 juillet 1979. Victime d’un début d’hémiplégie en mars 1983, il dut alors ralentir ses activités ;

Marcel Noiret avait épousé Micheline Laguerre, ouvrière d’usine, le 8 juin 1956 à Vivier-au Court

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140463, notice NOIRET Marcel par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 2 mai 2012, dernière modification le 25 septembre 2013.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, 1W89 (Affaire du maquis de Revin) ; 1293W32 (Affaire Noiret). — Archives du comité national du PCF. — Liberté, 1948 à 1952. — L’Union, 3 juin 1971. — Philippe Lecler, L’affaire des Manises, Langres, Éditions Dominique Guéniot, 2004. —Lettre de Marcel Noiret à Miguel Sauvage secrétaire général du Comité départemental de Libération des Ardennes (25 mai 1983). — État civil de La Moncelle et de Vivier-au Court.

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