MASSÉ Roger, Alphonse

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

Né le 21 janvier 1933 à Surfonds (Sarthe) ; instituteur, puis professeur d’enseignement général de collège (PEGC), enfin principal de collège dans la Sarthe ; militant syndicaliste ; militant communiste, adjoint au maire de Lavaré (Sarthe) de 1965 à 1977, maire de Lavaré de 1977 à 2008.

Photo dans les années 1970.
Photo dans les années 1970.

Septième et dernier enfant d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage, Roger Massé, après avoir fréquenté le collège de Saint-Calais, entra à l’École normale d’instituteurs du Mans en 1949. Titulaire du baccalauréat (série « sciences expérimentales »), son premier poste d’instituteur fut La Ferté-Bernard, en 1954-1955.

L’année suivante, Massé effectua son service militaire dans l’armée de l’Air à Paris, comme caporal, secrétaire d’état major et fut « muté en raison de son passé politique » selon ses déclarations. Contrairement à son souhait, il ne put en effet devenir élève officier de réserve. À cette époque, il fit la connaissance de Christiane Lucas, née en 1934, fille d’un cheminot et d’une femme de ménage, institutrice fraîchement émoulue de l’École normale d’institutrices du Bourget. Ils se marièrent en juillet 1955 à Paris (XIVe arr.). Le couple eut trois fils.

Dans la Sarthe, après un séjour de quelques mois à Beaufay, Massé et sa femme obtinrent en 1957 un poste double à Lavaré. Dans cette commune de tradition républicaine et laïque, politiquement la plus à gauche du canton de Vibraye, résidait Louis Gasnot (mort en 1974), fils d’Henri Gasnot* (1866-1946), communiste de la première heure, candidat aux élections législatives de 1936, conseiller municipal révoqué par Vichy, maire à la Libération. Deux figures emblématiques du communisme paysan dans la Sarthe.

Christiane Massé y dirigea l’école de filles, appellation maintenue une fois réalisée la gémination en 1959, jusqu’à sa retraite en 1985. Roger Massé y dirigea l’école de garçons jusqu’en 1963. Devenu PEGC, il enseigna l’histoire et la géographie au collège de Vibraye de 1963 à 1976. Promu à la direction de collège, il fut directeur-adjoint de celui de Champagné (canton de Montfort-le Rotrou) de 1976 à 1982, puis principal de celui de Vibraye de 1982 à sa retraite en 1988.

Massé adhéra en 1949 au Syndicat national des instituteurs où il milita dans la tendance « cégétiste » puis « Unité et Action », minoritaire dans la Sarthe jusqu’en novembre 1971. Secrétaire de la sous-section de Vibraye, il fut membre du conseil syndical de la section départementale du SNI de 1959 à 1961. Lors du congrès national du SNI, il intervint, le 10 juillet 1963, dans la discussion du rapport pédagogique et laïque évoquant la situation des remplaçants. En 1965, au congrès du SNI, dans la discussion du rapport moral, le 12 juillet, il indiqua que les dons n’existaient pas et affirma que « l’homme est l’œuvre de la société ».

Massé, membre de l’Union de la jeunesse républicaine de France depuis 1949, adhéra au Parti communiste français en 1950 et devint secrétaire de la cellule communiste de l’École normale du Mans en 1952. Pendant son service militaire, membre de la cellule Vercingétorix dans la section communiste de Paris (XIVe arr.), il était responsable de la « littérature ». Revenu dans la Sarthe, il suivit le stage, organisé par le PCF (8-21 août 1957), pour les instituteurs communistes.

Secrétaire de la section communiste de Vibraye peu après son arrivée à Lavaré, Massé s’employa en 1958, après le bombardement de Sakhiet-Sidi-Youssef (8 février) à fonder un conseil cantonal du Mouvement de la paix, puis, après le 13 mai, à créer un comité de défense de la République. Aux élections législatives de novembre suivant, il fut le suppléant de Norbert Chenault, candidat communiste dans la cinquième circonscription (Mamers La Ferté-Bernard). À partir de 1959, il siégea au comité de la fédération communiste de la Sarthe. En 1966, il suivit l’école centrale du PCF d’un mois.

Militant des plus en vue de l’Est du département, Massé fut candidat communiste à toutes les élections législatives de 1962 à 1978 dans la cinquième circonscription, détenue de 1958 à 1978 par l’indépendant Michel d’Aillières, puis le gaulliste Pierre Gascher. Candidat, entre 1964 et 1988, à chaque élection cantonale dans son canton de Vibraye, il ne réussit à accéder au second tour que deux fois, en 1982 et 1988, dans un contexte plus favorable à la gauche, face à Solange d’Harcourt qui l’emporta. Aux élections sénatoriales de septembre 1968, il figura en dernière position sur la liste des trois candidats communistes, tous des élus de communes rurales.

Massé, par ailleurs secrétaire apprécié de la section sportive de Lavaré, réussit à s’ancrer politiquement dans sa commune de résidence. Adjoint pendant deux mandats, à partir de 1965, du maire Louis Torché, socialisant proche des communistes, en place depuis 1947, il le remplaça à son retrait en 1977. Il quitta alors le comité fédéral du PCF et accéda pour un temps au secrétariat de l’association départementale des élus communistes et républicains. Il accomplit cinq mandats consécutifs de maire, jusqu’en 2008. Son fils Nicolas lui succéda.

Pendant ses 43 années d’élu municipal, dont 31 comme maire, Roger Massé et son conseil s’efforcèrent d’enrayer le déclin démographique du village (921 habitants en 1954, 712 en 1990, 736 en 1999, 835 en 2008), de le sortir de son isolement relatif (création d’une zone artisanale, de lotissements HLM, construction d’une salle des fêtes, d’une nouvelle mairie, aménagement d’un plan d’eau, développement de la vie associative). Perdura l’initiative lancée par Massé en 1977, de célébrer le 14 juillet non plus par un simple dépôt de gerbe au monument aux morts, mais par un défilé d’habitants costumés, le maire en tête, à l’issue duquel était brûlée une maquette de la Bastille. De simple animation locale, avec, à ses débuts, pour acteurs les plus nombreux les enfants de la colonie de vacances de Choisy-le-Roi, la commémoration de la fête nationale à Lavaré, toujours préparée par les habitants, devint, sous l’égide d’une association créée en 1992, une manifestation festive de grande ampleur avec spectacle « son et lumière », reconstitution de scènes de la Révolution, concerts, conférences, médiatisée afin d’attirer un large public. Ces initiatives renouvelèrent la tradition républicaine de Lavaré.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140519, notice MASSÉ Roger, Alphonse par Gérard Boëldieu, Jacques Girault, version mise en ligne le 8 mai 2012, dernière modification le 26 août 2019.

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

Photo dans les années 1970.
Photo dans les années 1970.
Photo dans les années 2000.
Photo dans les années 2000.

SOURCES : Arch. Dép. Sarthe, archives du conseil départemental du Mouvement de la Paix de 1956 aux années 1970 (déposées par Henry Lelièvre). — Archives du comité national du PCF. — Archives du comité national du PCFPresse locale (pour les élections ; comptes rendus annuels du 14 juillet de Lavaré). — Sarthe Nouvelle, journal de la fédération sarthoise du PCF, de 1958 à 1997. — L’Instituteur Syndicaliste, organe de la section sarthoise du SNI. — Témoignage de Christiane Massé et Roger (avril 2012).

Œuvre : Roger Massé, {Lavaré. « Une passion peu commune »}, 94 pages avec illustrations, 2018 (plaquette publiée à compte d’auteur)

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