MATTÉRA François, Hyppolite

Par Alain Dalançon, Gérard Réquigny

Né le 29 mars 1904 à Kairouan (Tunisie), mort le 18 octobre 1983 à Chambéry (Savoie) ; professeur ; militant syndicaliste, secrétaire de la section académique du SNES, membre de la commission exécutive (1946-1949) et du bureau national (1947-1948).

photo vers 70 ans (coll. familiale)
photo vers 70 ans (coll. familiale)

François Mattéra était le fils aîné d’une famille de cinq enfants, dont le père Joseph (1872-1936), d’origine italienne, était porteur de plis chez un notaire en Algérie avant d’être employé des contributions indirectes en Tunisie, et la mère, Thérèse Sarret (1883-1970), était institutrice. Il vint en métropole avec sa famille après la Première Guerre mondiale. Il termina ses études secondaires à Grenoble et Lyon et fit des études supérieures de mathématiques dans cette ville.

Après l’obtention de sa licence, il fut répétiteur puis professeur adjoint de mathématiques au lycée Ampère à Lyon au début des années 1930 ; il était un des responsables régionaux du Syndicat des répétiteurs et professeurs adjoints affilié à la CGT en 1934. Il épousa le 4 août de cette année, à Lyon (3e arr.), Marie, Luce, Camille Levrion, institutrice, avec laquelle il eut trois fils nés en 1938, 1939 et 1945.

Devenu professeur licencié délégué de mathématiques au lycée Ampère à Lyon en 1937-1938, il milita aussitôt au nouveau SPES (Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire) CGT. Il était par ailleurs, comme son père, franc-maçon au Grand Orient de France.

En 1939, François Mattéra fut mobilisé comme quartier-maître dans la Marine nationale à Toulon. Démobilisé après l’armistice, il reprit son poste d’enseignant mais fut exclu de la Fonction publique en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie. Sa famille subsista grâce au traitement de son épouse, tandis qu’il faisait des remplacements dans les établissements lyonnais, dont l’annexe Saxe du lycée Ampère. Durant les vacances, il résidait dans une maison de campagne qu’il avait retapée dans une commune de la Bresse, à Marboz (Ain).

A la Libération, François Mattéra fut réintégré dans son lycée (annexe de Saxe), et devint secrétaire de la section académique (S2) de Lyon du nouveau SNES. Au premier congrès national de Pâques 1945, il demanda la disparition des anciens cadres parisien et provinciaux, le reclassement des professeurs licenciés des départements et l’abolition des promotions au choix. Il fut par la suite un vigoureux défenseur du « cadre unique ». Corniglion, Thovert, Alexandre Besson puis Jean Martin lui succédèrent comme secrétaire du S2 mais il fut élu membre titulaire de la commission exécutive du SNES en 1946 et 1947 et du bureau national en 1947. Au début du mois décembre, il fut gréviste à l’appel du SNES et de la FEN pour le reclassement et regretta, à la réunion de la CE du 22 décembre 1947, que tous ses membres ne l’aient pas été. Il demanda l’unanimité contre les sanctions financières et assura que les élèves ne seraient pas pénalisés et que les programmes seraient entièrement vus. Il était en effet, comme il le fut tout au long de sa carrière, très sensible à la réussite de ses élèves.

Dans le débat sur l’affiliation confédérale à la suite de la scission de la CGT, il prit nettement parti pour le maintien à la CGT mais avait dit, dès la réunion de la CE du 22 décembre 1947, que la solution pourrait être une fédération autonome dont les membres pourraient adhérer en même temps à une autre centrale de leur choix. Il fut réélu membre de la CE du SNES sur la liste « cégétiste » en mars 1948 et membre du BN tout en devenant en 1948 secrétaire de la FEN-CGT dans le Rhône, sans doute pour cette seule année. En 1949, il était en effet secrétaire de la section départementale du Rhône de la FEN autonome. En 1949 et 1950, il fut réélu sur la liste B « cégétiste », cette fois-ci comme suppléant de Jean Lecocq à la commission administrative nationale du nouveau SNES (classique et moderne). Candidat en 1951, dans la catégorie des certifiés, il ne fut pas réélu.

Durant la dernière décennie de sa carrière, François Mattéra poursuivit son militantisme au SNES, à la CA académique et comme commissaire paritaire académique des certifiés, où ses compétences dans le domaine corporatif étaient précieuses pour le syndicat. Il aimait à répéter « les compteurs (l’administration) finiront par prendre le pas sur les moteurs (les enseignants) ».

Non encarté politiquement, il était adhérent de l’Union rationaliste et participait activement aux « tenues » de sa loge maçonnique « Bienfaisance et Amitié », dont il fut un des vénérables.

Retraité, il vivait le plus souvent à Marboz ou en Savoie, à Challes-les-Eaux ; il resta fidèle à son syndicat et fut toujours adhérent du GRES (groupement des retraités de l’enseignement secondaire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140638, notice MATTÉRA François, Hyppolite par Alain Dalançon, Gérard Réquigny, version mise en ligne le 24 mai 2012, dernière modification le 8 avril 2022.

Par Alain Dalançon, Gérard Réquigny

photo vers 70 ans (coll. familiale)
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SOURCES : Arch. IRHSES. — Arch. FEN-CGT (note de P. Roche). — Renseignements fournis par son fils aîné.

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