LOUIS Maurice

Par Didier Bigorgne

Né le 12 juillet 1895 à Château-Regnault (Ardennes), mort en déportation le 23 mars 1943 à Oranienburg (Allemagne) ; ouvrier de la métallurgie, puis dans l’alimentation ; syndicaliste, militant communiste et résistant ; maire de Château-Regnault de 1938 à 1940.

Maurice Louis
Maurice Louis

Fils d’un ouvrier ferronnier et d’une mère ouvrière empaqueteuse, Maurice Louis était âgé de dix-huit mois quand son père mourut. Pendant la journée de travail de sa mère à la Grosse Boutique de Bogny, il était placé, avec son frère aîné, à la crèche de l’usine tenue par des religieuses. Maurice
Louis fréquenta ensuite l’école communale où il réussit le certificat d’études primaires. Il exerçait le métier de tourneur à la Grosse Boutique quand il épousa Marie Godfrin, ouvrière taraudeuse, le 24 janvier 1914 à Château-Regnault ; de cette union naquirent deux filles.

Secrétaire du syndicat CGTU des Métaux de Château-Regnault, Maurice Louis fut élu conseiller prud’homme pour l’arrondissement de Charleville en 1926. Il occupa cette fonction jusqu’en 1940. En février 1926, Maurice Louis fut à l’initiative de la grève qui opposa mille cinq cents ouvriers aux industriels de la boulonnerie pendant neuf mois ; le conflit, qui fut suivi au quotidien par le journal l’Humanité, amena de nombreux dirigeants ouvriers à Château-Regnault (Ambroise Croizat, Monmousseau, Rabaté, Doriot, etc..). Après la reprise du travail, Maurice Louis fut licencié. Il exerça alors plusieurs métiers : boulanger à Deville, commerçant à Attigny, enfin ouvrier aux Moulins coopératifs de Château-Regnault. Malgré une vie professionnelle difficile, il continua de s’investir dans le mouvement syndical. En 1929, il était le rapporteur financier lors du congrès départemental du syndicat CGTU des Métaux. Il occupait le poste de secrétaire du syndicat CGT de l’alimentation à Château-Regnault en 1937 ; à ce titre, il devint membre de la commission départementale paritaire de conciliation des conflits du travail à partir du 13 juin 1938.

Parallèlement à son activité syndicale, Maurice Louis était membre du Parti communiste. En 1932, il était le secrétaire-trésorier de la cellule de Château-Regnault qui groupait une vingtaine d’adhérents. Après un échec aux élections municipales de 1929 où il réalisa le meilleur score de la liste du Bloc ouvrier et paysan au premier tour, Maurice Louis fut élu conseiller municipal de Château-Regnault le 5 mai 1935. Après la mort du maire socialiste SFIO Léon Bosquet, puis l’élection complémentaire qui donna la majorité aux communistes au conseil municipal, Maurice Louis devint maire de Château-Regnault. Il exerça son mandat jusqu’à sa révocation par le gouvernement français en janvier 1940.

Mobilisé en septembre 1939, Maurice Louis rejoignit son unité à Ancenis (Loire-Inférieure) ; Il revint à Château-Regnault après la signature de l’armistice. Dans le courant de l’année 1941, il organisa la Résistance dans sa ville natale. Le 20 mai 1942, il fut arrêté par les policiers français et conduit le soir-même à Monthermé. Emmené le surlendemain à Mézières, il fut gardé pendant huit jours dans les locaux du commissariat avant d’être transféré à la prison de Rethel où il resta détenu jusqu’au mois d’août Maurice Louis fut jugé par la cour spéciale de Nancy qui l’acquitta ; mais les Allemands le maintinrent en prison pour l’interner au camp de Royal-lieu près de Compiègne (Oise). En décembre de la même année, il fut déporté au camp d’Oranienburg où il mourut.

Aujourd’hui, une rue et un groupe scolaire de Bogny-sur- Meuse, dans le quartier de Château-Regnault, portent le nom de Maurice Louis. Le 28 avril 1985, une plaque commémorative fut apposée sur la façade de la maison que Maurice Louis habitait au moment de son arrestation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140679, notice LOUIS Maurice par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 31 mai 2012, dernière modification le 5 novembre 2019.

Par Didier Bigorgne

Maurice Louis
Maurice Louis

SOURCES : Arch. Nat. F7. 13 130. — Arch. Dép. Ardennes, 1M 14 et 15 ; 3M 8 et 9. —L’Humanité, année 1926. — L’Ardennais, 9 août 1963 et 25 avril 1985. — Bulletin municipal de Bogny-sur-Meuse, automne 1994. — Renseignements et documents fournis par Madame Brousse, fille de l’intéressé. — Notice DBMOF d’Henri Manceau. — État civil de Bogny-sur-Meuse, commune de Château-Regnault.

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