Par Jacques Girault. Compléments par Matthieu Le Verge
Né le 30 décembre 1910 à Saint-Germain-Laprade (Haute-Loire), mort le 3 septembre 1998 à Langeac (Haute-Loire) ; instituteur en Haute-Loire ; militant syndicaliste du SNI ; résistant ; militant socialiste puis communiste.
Fils d’un boulanger, Jean Maurin reçut les premiers sacrements catholiques mais, à l’adolescence, devint anticlérical. Élève du cours complémentaires d’Yssingeaux, il entra à l’École normale d’instituteurs du Puy en 1926 où il suivit la préparation militaire. Il effectua son service militaire en 1931-1932 comme soldat de deuxième classe. Titulaire du brevet supérieur et du certificat d’aptitude pédagogique, il devint instituteur à Bessamorel où il anima une coopérative scolaire. Secrétaire de mairie, il se maria religieusement en avril 1933 à Bessamorel avec une distributrice de travail à domicile (broderie et dentelle). Le couple eut quatre enfants qui furent seulement baptisés « pour éviter d’être mis à l’index dans le village et pour éviter des frictions avec les familles ».
Jean Maurin fut secrétaire du groupe de Jeunes et adhéra dès le début de sa carrière au syndicat de la Fédération unitaire de l’enseignement et au Syndicat national (CGT) puis au Syndicat national des instituteurs. Abonné à L’École émancipée jusqu’en 1940 et à La Révolution prolétarienne, il fut membre du conseil syndical de la section départementale du syndicat de 1933 à 1938. Gréviste les 12 février 1934 et 30 novembre 1938, il fut sanctionné de huit jours de retenue de salaire. Tout en s’estimant proche des milieux pacifistes, il s’opposa aux analyses pacifistes de la direction du SNI en 1938. Il se montra favorable à l’intervention en Espagne et à une alliance entre la France et l’URSS.
Jean Maurin adhéra au Parti socialiste SFIO en 1934 ainsi qu’au comité Amsterdam-Pleyel. Proche du courant de la Gauche révolutionnaire, il quitta la SFIO après l’exclusion des jeunes militants de la Seine qui préconisaient l’alliance avec les communistes pour lutter contre le fascisme.
Mobilisé en janvier 1940 au bureau d’un régiment dans la région, il servit sous les drapeaux au 131e régiment régional au moment de la défaite du mois de juin 1940, où son premier acte de résistance fut de saboter diverses armes et de détruire des stocks importants de munitions au moment de sa démobilisation. Revenu en Haute-Loire, il reprit sa profession d’instituteur public à Bessamorel. Or, du fait de ses opinions politiques et de son opposition au régime de Vichy, il était étroitement surveillé par la police de l’État français, ce qui lui valut notamment d’être déplacé d’office dès le mois de décembre 1940 (à La Séauve), puis au mois de mars suivant (à Bournoncle-Saint-Pierre). C’est là, dès le mois d’avril 1941, qu’avec des camarades, il commença à diffuser des tracts et des journaux clandestins, puis sabota du matériel ferroviaire avec des cheminots ralliés à leur cause. Ce n’est finalement qu’au mois de septembre 1942 qu’il entra en liaison avec la Résistance organisée du mouvement Combat et forma les premières sixaines du nord de l’arrondissement de Brioude en prenant le pseudonyme de « Cobra ». Puis, à la fin de l’année 1943, il devint chef « Action » du sous-secteur des MUR de la région de Brioude où il fut responsable de nombreux parachutages entre le mois de février et mai 1944. En prévision des combats du Mont-Mouchet, au début du mois de juin suivant, il devint alors l’adjoint (en qualité de capitaine) du commandant Georges Archer qui conduisit les hommes du bataillon Lafayette dans le réduit de Venteuges. Chargé d’assurer le ravitaillement sur place, suite à la dispersion des hommes et l’évacuation du réduit, il commanda les différentes compagnies de la 7e zone d’Auvergne et combattit à Saugues, puis à Estivareilles à la fin du mois d’août 1944. À la libération du département, il s’engagea pour la durée de la guerre au sein de la demi-brigade de la Haute-Loire, puis au 86e régiment d’infanterie à partir de la fin du mois d’octobre 1944, avant d’être démobilisé le 28 avril 1945.
Après la guerre, Jean Maurin, instituteur détaché au centre d’apprentissage de Sainte-Florine, obtint sa nomination pour Langeac en 1951 comme directeur de l’école de garçons. Il fut sanctionné pour avoir refusé un déplacement qu’il jugea illégal. Responsable cantonal du SNI, animateur d’amicales laïques, il devint dirigeant dans le département de la Fédération des œuvres laïques.
Jean Maurin adhéra au Parti communiste français en 1945. Toujours secrétaire de mairie, il suivit les cours par correspondance de l’Université nouvelle en 1947 et 1948. Secrétaire d’une cellule et membre du bureau de la section communiste de Sainte-Florine, il fut condamné à quatre mois de prison avec sursis après avoir été arrêté lors d’une manifestation au cours d’une grève de mineurs en 1948. Il fut tenu à l’écart de la vie du PCF en 1949 à Sainte-Florine pour avoir critiqué le culte de la personnalité. Secrétaire de la section communiste de Langeac, il entra au comité de la fédération communiste en 1964 et y resta jusqu’en 1974.
Jean Maurin fut le candidat communiste au Conseil général dans les cantons de Langeac en 1970 (70 voix) et de Pinols en 1982 (33 voix, cinquième position).
Jean Maurin, à la fin des années 1960, présidait, dans le département, l’Association nationale des anciens combattants. Il était aussi le secrétaire de la société de pêche de Langeac.
Par Jacques Girault. Compléments par Matthieu Le Verge
SOURCES : Archives du comité national du PCF. ─ Arch. dép. de la Haute-Loire, 1836 W 31, dossier CVR de MAURIN Jean. — Renseignements fournis par l’intéressé. ─ Matthieu Le Verge « Pierre Perre, alias "Pyrhus" : un chef résistant tombé dans l’oubli », Cahiers de la Haute-Loire, 2022, pp. 243-269. — Notes de Claude Revol.