ROIG Joseph, Jean, Baptiste

Par Étienne Frénay

Né le 27 juillet 1889 à Nexon (Haute-Vienne), mort le 17 octobre 1982 à Néfiach (Pyrénées-Orientales) ; lieutenant-colonel de l’armée de l’air ; pionnier de l’Aéropostale ; militant du Parti communiste algérien (1943-1949).

Joseph Roig était le fils de Pierre Roig, né à Corbère (Pyrénées-Orientales) et de Josèphe Parès, née à Camélas (Pyrénées-Orientales). Son père, Pierre Roig, issu d’une ancienne famille de Corbère, ayant tué tiré un « mauvais numéro » fit son service militaire de sept ans à Montpellier puis fut admis dans la gendarmerie et affecté à Nexon où est né Joseph Roig qui grandit au Perthus (Pyrénées-Orientales) où son père fut muté peu après sa naissance. Quand il eut trois ans, son père demanda son inscription dans le corps des enfants de troupe, inscription accompagnée d’une pension de 15 francs par mois. Le 1er octobre 1902, à l’âge de treize ans, il rejoint l’école militaire préparatoire de l’artillerie et du génie de Billom (Puy-de-Dôme). Le 29 juillet 1907, il s’engagea pour cinq ans dans le 36e régiment d’artillerie et du génie à Versailles, il en sorti sous-lieutenant le 1er octobre 1912. Il suivit peu après un cours d’observateur en avion « qui fixa ma destinée ». Le 24 septembre 1912, il épousa Marcelle Mosnier dont il eut trois filles, Madeleine, Yvette et Suzanne.
Après avoir participé, artilleur, aux combats en Lorraine, en août 1914, le 15 septembre 1914, il rejoignit l’escadrille 13 du 2e groupe d’aviation devant Verdun, releva les positions ennemies, règla des tirs d’artillerie, obtint le brevet de pilote en 1915. Capitaine le 11 février 1917, il fut nommé officier instructeur à l’école d’artillerie de Fontainebleau puis commanda une escadrille. En 1919, il fut affecté à la gestion du personnel de l’aéronautique au ministère de la Guerre, il y fit la connaissance de Pierre Latécoère qui lui proposa le poste de directeur des lignes Latécoère au Maroc.

Joseph Roig accepta et demanda à l’armée de l’Air des congés qui furent renouvelés du 1er août 1920 au 23 février 1929. Depuis le 1er septembre 1919, la ligne Latécoère assurait le transport du courrier de Toulouse à Rabat et Casablanca, deux fois par semaine. La nouvelle entreprise rencontra des difficultés ; huit pilotes se tuèrent sur la ligne en 1920 et 1921. Elle fut critiquée, inspira des doutes au maréchal Lyautey. La tâche de Roig était de « coordonner (…) les divers tempéraments que montraient nos pilotes habitués à manifester une indépendance qui était de mode pendant la guerre », d’assurer la régularité des vols, de bonnes relations avec les autorités locales et surtout la presse. Le trafic postal passa de 6.3 tonnes en 1921 à 55.3 tonnes en 1923.
En 1922, Roig prépara l’infrastructure d’une ligne Rabat-Fez-Oran, inaugurée le 6 octobre 1922. En septembre 1922, Pierre Latécoère lui demanda de mettre en place une ligne aérienne Casablanca-Dakar. Il s’agissait d’un vol de 2800 km, l’étape moyenne d’un avion étant de 500 km. Des escales étaient prévues à Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros, Port-Étienne, Nouakchott, Saint-Louis. Sur un voilier, Joseph Roig parcourut la côte du Sahara espagnol et la Mauritanie, gagne Nouakchott avec une caravane de chameaux, délimita des terrains d’atterrissage, disposa des réserves d’essence et d’huile, négocia grâce au colonel Garden, gouverneur de la Mauritanie, le paiement d’un tribut aux populations maures afin d’assurer la sécurité des pilotes. L’entente semblait cependant trop coûteuse à la compagnie. Un premier vol eut lieu le 3 mai 1923 avec Roig, Latécoère qui souhaitait ouvrir des lignes aériennes en Amérique du Sud envoya Roig en Argentine, Uruguay et Brésil. Le projet était de relier par avion Buenos Aires à Rio de Janeiro et Rio de Janeiro à Pernambouc. En République Argentine, Roig fut aidé par le capitaine Almonacid qui avait combattu en France dans la Légion étrangère, et au Brésil par une française, Mme de Buffon. Il délimita les terrains d’atterrissage nécessaires aux deux lignes et prend un premier contact avec l’industriel Marcel Bouilloux-Lafont avec lequel Latécoère s’associa en 1927. En 1925, Roig repartit dans une mission présidée par le prince Murat. Rio fut relié à Buenos Aires et Recie le 6 mars 1925.

En février 1929, Joseph Roig réintègra l’armée de l’air et fut affecté au Maroc. Il fut nommé commandant le 15 septembre 1936, lieutenant-colonel le 2 septembre 1939. Le 31 décembre 1939, il fut affecté à Casablanca à la réception des avions en provenance des États-Unis. Sa carrière militaire se termina le 20 août 1940, mis en congé sur l’ordre des autorités allemandes, mis à la retraite le 20 août 1945.
Après le débarquement américain en Afrique du Nord, « j’optai pour une adhésion au Parti communiste algérien qui me mit à la présidence de quelques-unes des formations dont le parti communiste contrôlait l’existence. Je pus ainsi participer au retour en Algérie de Messali Hadj qui était l’animateur du PPA et je devins rapidement son ami. Nos fréquents entretiens confirmèrent mon opinion sur les erreurs commises par la Métropole et ses représentants en Algérie envers les Arabes et les Berbères ».

Joseph Roig abandonna la vie politique après la mort de sa fille Suzanne dans l’accident d’avion du Mont Rodondo, aux Açores, le 28 octobre 1949. Installé à Boufarik chez un de ses gendres, il tua un fellaga qui essayait de l’assassiner. A la fin de 1952, il revint en France, et épousa en secondes noces, le 20 décembre 1965, Anny Florentin, puis se retira à Néfiach (Pyrénées-Orientales).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140786, notice ROIG Joseph, Jean, Baptiste par Étienne Frénay, version mise en ligne le 18 juillet 2012, dernière modification le 18 juillet 2012.

Par Étienne Frénay

SOURCES : Archives familiales. — Raymond Danel, L’Aéropostale 1927-1933, Toulouse, Privat, 1989, 334 p. [p. 33, p.232].

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