Par Didier Bigorgne
Né le 5 avril 1908 à Cul-des-Sarts (Belgique), mort le 4 avril 1977 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; métallurgiste, agent technique au MRU, puis chef des travaux hospitaliers ; résistant, syndicaliste, militant communiste et associatif ; secrétaire régional du Parti communiste des Ardennes (1945-1946), puis membre du bureau fédéral (1946-1949) ; dirigeant de l’UD-CGT des Ardennes (1956-1967) ; maire adjoint de Mézières (1947-1959) ; conseiller général de Ardennes (1945-1977).
Fils d’Alphonse Hector Ninitte, ouvrier couvreur, et de Germaine Maria Simon, sans profession, Robert Ninitte naquit dans un village belge sur la frontière. Après avoir obtenu le certificat d’études primaires en 1919, il découvrit le monde du travail. Il devint aide couvreur avant d’entrer à l’usine pour exercer le métier de mouleur à Bourg-Fidèle (Ardennes). Le 28 janvier 1933, il y épousa Marie Louise Saintpère, sans profession, qui lui donna cinq enfants (trois filles et deux garçons).
Robert Ninitte adhéra au Parti communiste en 1928. Il le représenta aux élections des 10 et 17 octobre 1937 pour le Conseil d’arrondissement dans le canton de Rocroi : il obtint 333 voix sur 2461 inscrits et 1878 votants. Sous l’Occupation, il s’activa à reconstruire clandestinement son parti. Inquiété par les Allemands en septembre 1942, il continua néanmoins la lutte en s’engageant dans le mouvement de résistance FTPF.
La carrière politique de Robert Ninitte commença à la Libération. Il devint d’abord secrétaire régional du Parti communiste des Ardennes lors du 7e congrès régional qui se tint à Charleville les 16 et 17 juin 1945. Il occupa cette fonction jusqu’au 28 avril 1946, avant de siéger au bureau fédéral jusqu’au 15 juin 1947, puis au comité fédéral jusqu’au 20 février 1949. Plus tard, il retrouva les instances dirigeantes de son parti : il fut de nouveau membre du comité fédéral du 1er juillet 1956 au 19 mai 1968.
Robert Ninitte fut conseiller général du canton de Mézières pendant plus de trente ans, de 1945 à 1977. Il fut élu pour la première fois aux élections cantonales des 23 et 30 septembre 1945 : arrivé en tête au premier tour avec 4 789 voix sur 15 750 inscrits et 11 749 votants, il l’emporta au scrutin de ballottage en réunissant 6 782 voix sur 11 337 votants A chaque scrutin, de 1951 à 1970, il fut réélu dans les mêmes conditions et avec la même régularité (plus de 40 %des suffrages exprimés au premier tour, plus de 65 % au second tour). Après un nouveau découpage électoral, Robert Ninitte devint conseiller général pour le canton de Mézières-Centre Ouest le 30 septembre 1973. Il fut réélu aux élections des 7 et 14 mars 1976 ; il obtint 2 269 voix sur 12 089 inscrits et 6 971 votants au premier tour, puis 4 193 voix sur 7 641 votants au scrutin de ballottage. Au conseil général, il présida la deuxième commission des Affaires sociales et sanitaires de 1973 à 1977. Pendant toutes ces années, Robert Ninitte fut aussi le candidat de son parti aux élections sénatoriales des 26 avril 1959 et 23 septembre 1962.
Dans le même temps, Robert Ninitte marqua de son empreinte la vie politique locale. Élu conseiller municipal de Mézières avec cinq de ses colistiers communistes le 19 octobre 1947, il devint troisième adjoint au maire socialiste SFIO Raymond Hanus. Réélu dans les mêmes conditions le 26 avril 1953, il retrouva son poste de troisième adjoint avant d’occuper celui de deuxième adjoint du 12 mars 1956 au 8 mars 1959. À ce scrutin, Robert Ninitte perdit son siège de conseiller municipal : la liste d’Union des gauches sur laquelle il figurait fut battue par une liste d’entente Parti socialiste SFIO-MRP.
Parallèlement à son engagement politique, Robert Ninitte mena une activité syndicale importante ; Partout où il travailla, il occupa des responsabilités. Ouvrier de la métallurgie de 1945 à 1947, il fut secrétaire du syndicat CGT des Métaux de Mézières. En 1947, il fut embauché, en qualité d’employé, au ministère de la Reconstruction de l’urbanisme à Mézières. Il y gravit tous les échelons professionnels ; il devint, agent technique, puis chef des services techniques jusqu’en 1970, tout en occupant le poste de secrétaire du syndicat du MRU pendant une dizaine d’années. En juin 1950, Robert Ninitte fut élu administrateur CGT à la Caisse primaire de sécurité sociale des Ardennes ; Il conserva son mandat jusqu’en 1970, avec la fonction de vice-président de 1960 à 1970. Dans le même temps, il fut élu membre du bureau de l’UD-CGT des Ardennes en 1956. Il remplit cette fonction jusqu’en 1963, puis il siégea à la commission administrative de 1963 à 1967.
Robert Ninitte s’investit aussi dans les organisations familiales. Il fut membre du comité de l’Union départementale des associations familiales des Ardennes et de la Fédération nationale. Il appartint à l’Association ouvrière des pères et mères de familles nombreuses. Il présida la section de Mézières de la Fédération Cornec des parents d’élèves.
Robert Ninitte, qui termina sa carrière professionnelle comme chef des travaux au Centre hospitalier de Charleville-Mézières, partit à la retraite en 1973. Affaibli par une intervention chirurgicale, il mourut subitement. Il était chevalier du Mérite social, titulaire de la médaille d’Argent départementale et communale, chevalier des Palmes académiques. Le Parti communiste et la CGT lui rendirent un hommage solennel.
Par Didier Bigorgne
SOURCES : Arch. Dép des Ardennes, 3M 4, 6 7 8 et 9. — Arch. comité national du PCF. — Liberté, 1945 à 1949. — L’Ardenne syndicale, 1956 à 1967. — L’Ardennais, 5 avril 1977. — Presse locale. — Renseignements communiqués par Maurice Ninitte, fils de l’intéressé. — État civil de Bourg-Fidèle.