MADIGOU Roland (écrit parfois par erreur Rolland), Louis, Antoine dit MICHEL

Par Claude Pennetier, Dominique Tantin, Bernard Pommaret, Jean-Pierre Ravery, Michel Thébault

Né le 5 novembre 1920 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), mort en action le 7 août 1944 à Vaulry (Haute-Vienne) ; sous-ingénieur radio-électricien ; militant communiste de Saint-Denis  ; membre important du service Radio du Parti communiste illégal : résistant FTPF en région parisienne et en Haute-Vienne, lieutenant FFI.

Roland Madigou
Roland Madigou

Fils d’un tanneur, domicilié 7 rue Ernest Renan à Saint-Denis, Roland (avec un seul l à l’état civil) Madigou obtint le brevet puis fit des études qui lui donnèrent la qualification de sous-ingénieur électricien.
Son père, communiste, était employé à la Compagnie des Eaux de la ville, et sa mère tenait un débit de boissons qui était le siège du Secours populaire et du comité d’entraide Saint-Denis-Madrid avant la guerre. Jeune communiste à quinze ans, il fut Radio dans l’aviation jusqu’en juin 1940 ; en convalescence (blessé ?) il ne rejoignit pas l’armée. Il reprit contact avec la Jeunesse communiste en août 1940 et avec le PCF en septembre. Il devint secrétaire de la région Paris-Nord des JC sous le pseudonyme de "Bigoudi". il était responsable du triangle de direction de JC de Saint-Denis en 1942. Il entra dans la clandestinité le 19 avril 1942 après l’arrestation d’Yvette Renac. Prévenu de la perquisition de son domicile le 22 avril 1942, il resta caché chez Mme Bourdelle, rue du Courtalon à Paris (Ier arr.) pendant deux mois. Il reprit ensuite contact avec le PC. En fuite, il fit l’objet d’un mandat d’arrêt du juge d’instruction de Troyes le 6 mai 1942.

Le parti communiste clandestin le fit entrer au service Radio qui émettait des messages codés en direction de la Russie et de l’Angleterre. Fernand Pauriol fit louer à Robert Blache et sa femme Huguette, un pavillon au Raincy (Seine) pour y installer un puissant poste émetteur-récepteur qui commença à émettre début juillet 1943. Ils hébergeaient un jeune technicien du service, Roland Madigou alias « Michel », qui leur avait enseigné les techniques de transmission et qui assurait la maintenance de l’appareil. Les spécialistes du commando spécial de la Gestapo « Orchestre rouge » le repérèrent rapidement et ne tardèrent pas à localiser le pavillon du Raincy grâce à leurs voitures de radiogoniométrie. Au petit matin du dimanche 1er août 1943, les policiers allemands s’y présentèrent et arrêtèrent Robert Blache, Huguette Prunier Huguette Blache et Roland Madigou. L’historien Guillaume Bourgeois pense que l’arrestation de Madigou est une mise en scène de la Gestapo qui l’avait arrêté le 23 mai 1943 puis relâché. Interné à Fresnes, torturé par la Gestapo, il fut relâché ou il s’évada selon les sources, puis rejoignit un maquis limousin, le 1er mars 1944, dans les Monts de Blond. Jean-Pierre Ravery pense qu’il « est effectivement possible que le Kommando "Orchestre rouge" du SD l’ait relâché (comme il le fit pour Trepper) dans l’espoir de remonter la filière grâce à lui. Georges Vayssairat alias "Louis" l’a d’ailleurs reconnu après-guerre. »

Le témoignage de son père communiqué à la commission de contrôle politique le 26 juin 1946 précise : « Arrêté le 1er août 1943 à Fresnes, torturé pendant douze jours toutes les heures jusqu’à évanouissement, la Gestapo lui marchait sur le corps, le piétinant, est ensuite conduit au Ministère de l’Intérieur. Je ne sais à quelle date où il fut questionné avec la police de Vichy qui avait (illisible, dans un autre passage il dit qu’il s’évade en octobre ""J’ai été conduit avec un camarade au Ministère de l’Intérieur, où la police de Vichy qui avait tenté de m’arrêter en avril 1942 est venue me questionner, par la suite il y a eu un peu de relâchement et j’ai profité pour m’échapper. Une promesse m’avait été faite de partir travailler en Allemagne. Ceux-ci m’as permis de gagner du temps et m’a bien réussi. Je tiens à te dire que je n’ai pas donné de camarades"). Il eut un peu de relâchement, d’ailleurs son camarade Louis Vayssairat d’Aubervilliers se trouvait avec lui. Je les avais vu à Aubervilliers et à Aulnay-sous-Bois, mon fils m’a prévenu le 3 octobre 1943 qu’il avait été arrêté et torturé et qu’il préparait un plan pour nous faire partir en province et lui en Angleterre. En effet le 9 octobre, il nous prévint de disparaître le lendemain, en même temps que les Parents à Louis ; partis dans le Limousin le 9 octobre ; Roland nous rejoint le 17 janvier 1944 ; ensuite il entra dans le maquis de Cieux. Mais avant il fit un voyage dans l’Yonne où il resta un mois chez des cultivateurs, un deuxième dans la Nièvre. A voulu entrer dans le maquis de Millevache (Corrèze), les gendarmes l’arrête(nt) mais il se débrouille . D’ailleurs il nous a affirmé qu’il se plaisait dans les fermes aussi bien dans l’Yonne que dans la Nièvre et qu’il regrettait de ne pas être resté, mais comme il était convoqué pour partir en Angleterre il avait tenté sa chance ; [dans un autre passage son père dit que Roland est repassé par Paris où il se cache un mois] il est mort en faisant son devoir de Français le 7 août 1944 à Vaulry (Haute-Vienne). »
La commission de contrôle politique souligne et met des traits marginaux aux passages sur l’arrestation et l’évasion de Paris.
Dans un autre passage, le père de Roland Madigou écrit : « Va rejoindre ses parents à Cieux Haute-Vienne limite d’Oradour. Le 9 juin 1944 un maquis se forme, il en fait partie. 15 jours après il en prend le commandement et de 12 hommes, par son courage et ses dons d’organisation, un mois après il y a 150 camarades à ses côtés. Après plusieurs coups de main réussit, Mais les Boches et les Miliciens (permutent ?) pour les attaquer le 6 août 1944 — il fait faire des barrages. Conduit ses camarades à la rencontre, assez prudent, prend tous les renseignement possibles. Sachant les Boches très nombreux, à la nuit il fait rentrer ses camarades au camp. Le 7 au matin il part à une mission très dangereuse pour savoir un peu plus (sur) le nombre et le matériel dont dispose l’ennemi. Il tombe dans une embuscade, mortellement frappé, ses deux camarades sont grièvement blessés. Ayant reçu une première balle dans (mot manquant) a eut la force de dire "M... voilà les boches" et de lancer une grenade qu’il avait toujours à disposition et amorcer, ensuite il vida son revolver. Une deuxième balle l’atteint en pleine tempe »
Notons que la mention "Mort pour la France" en première page du document, portée par le père, est entourée par les référents et accompagnée d’un point d’interrogation.

Le maquis des Monts de Blond, sous-secteur D, était la plus importante formation de résistants du département, après celui de Georges Guingouin. Il était constitué par six compagnies FTP : la 2407e (au camp de Savary près de Blond), la 2409e (à Boissour), la 2401e (à Bois-Sournet), la 2430e (aux Ramades de Blond), la 2437e (au Four de Cieux) et la 2438e (à La Borderie). Il disposait en outre d’un hôpital organisé au Breuil et d’un terrain de parachutages à Savary. (D’après l’article Blond de Wikipédia). Roland Madigou avait le grade de lieutenant.
Au début du mois d’août 1944, les autorités militaires allemandes envoyèrent dans le nord de la Haute-Vienne, des forces armées dans le but de « nettoyer » la zone des maquis qui s’y étaient installés et développés. Connu sous le nom de groupement Ottenbacher (du nom du général le commandant), celui-ci comprenait le 719e bataillon du 15e régiment de grenadiers de réserve venant de Clermont-Ferrand et deux compagnies du 19e régiment de police SS en garnison à Limoges aidés de miliciens. A partir du 3 août et jusqu’au 10 août, selon une tactique éprouvée, les unités allemandes quadrillèrent le secteur, sillonnant toutes les routes pour accrocher et détruire les maquis. Le 6 août 1994, les unités allemandes convergèrent vers les Monts de Blond afin d’encercler les maquis de Blond, de Cieux et de Vaulry et de les anéantir.
Le 7 août, des combats eurent lieu dans tout le secteur. Vers 5 heures 30, le lieutenant Madigou, l’adjudant Boutaud et le chauffeur Duverneuil, partirent en repérage afin d’évaluer les effectifs des troupes allemandes dans le secteur de Nantiat. À l’entrée de Vaulry, ils tombèrent dans une embuscade, une fusillade éclata et le lieutenant Madigou fut tué tandis que l’adjudant Boutaud et le chauffeur Duverneuil étaient blessés.
Les archives livrent aussi la version suivante : « chargé d’assurer la protection du groupe maquisard du secteur ; parti en reconnaissance en voiture, alors qu’il traversait le bourg de Vaulry, il fut arrêté par une patrouille allemande qui après examen de ses papiers l’abattit sur place », mais il n’y est pas fait mention de ses compagnons Duverneuil et Boutaud.
Son nom est inscrit sur une stèle au village de Vaulry avec celui de François Villeger mort le 23 juillet 1944, et à Limoges sur le monument commémoratif 1939-1945 au Jardin d’Orsay. Une école primaire porte son nom à Saint-Denis.

Voir Blond et ses environs (7 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141147, notice MADIGOU Roland (écrit parfois par erreur Rolland), Louis, Antoine dit MICHEL par Claude Pennetier, Dominique Tantin, Bernard Pommaret, Jean-Pierre Ravery, Michel Thébault, version mise en ligne le 8 juillet 2012, dernière modification le 3 novembre 2019.

Par Claude Pennetier, Dominique Tantin, Bernard Pommaret, Jean-Pierre Ravery, Michel Thébault

Roland Madigou
Roland Madigou
Stèle à la mémoire de Roland Madigou et François Villeger à Vaulry, à la sortie du bourg, sur la D 98 vers Cieux. Inscription : "Tombés pour la Libération de la France"
Stèle à la mémoire de Roland Madigou et François Villeger à Vaulry, à la sortie du bourg, sur la D 98 vers Cieux. Inscription : "Tombés pour la Libération de la France"
Crédit : MémorialGenWeb
Fiche de police de Roland Madigou
Cliché communiqué par Jean-Pierre Ravery
Questionnaire rempli par son père (document Jean-Pierre Ravery).

SOURCES : ADIRP 87. — ADHV 47J9. — SHD GR 16 P 382352. — SHD-PAVCC Caen AC 21 P 80893. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 8 W 30 Section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, affaire Pélissier Armand et autres. — Avis de recherche de la police. &#8212. — Notes de Jean-Pierre Ravery. — Guillaume Bourgeois, La véritable histoire de l’orchestre rouge, Nouveau monde éditions, 2015. — Notes Jean-Marie Guillon. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — État civil.

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