MAZAURIC Annette [née HOG Annette, Thérèse, épouse GALLOT]

Par Alain Dalançon

Née le 12 juin 1935 à Paris (XIVe arr.) ; professeure agrégée d’histoire-géographie ; militante du SNES, secrétaire de la section académique de Rouen (1972-1977) ; militante communiste en Seine-Maritime, conseillère municipale puis adjointe au maire à Déville-lès-Rouen (1995-2008).

Annette Mazauric à la tribune du congrès national du SNES en 1973,
Annette Mazauric à la tribune du congrès national du SNES en 1973,
au fond, Gérard Alaphilippe*.

Le père d’Annette Hog, Paul Hog, correcteur d’imprimerie, devint inspecteur général de l’Office du blé et était lui-même fils d’un directeur d’école ; sa mère, Julie Hog, fille de petits paysans et petits commerçants pyrénéens, était institutrice et enseigna ensuite dans un cours complémentaire. Tous deux étaient militants actifs du Parti communiste. Son père avait adhéré au moment du congrès de Tours de 1920, milité au mouvement Amsterdam-Pleyel, participé à la Résistance ainsi que sa mère. Àprès 1945, ils s’étaient engagés dans le Mouvement de la paix. Sa mère militait par ailleurs au Syndicat national des instituteurs dans le courant cégétiste. Ils donnèrent à leur fille et à son frère cadet une éducation laïque, ouverte sur l’actualité et le monde, fondée sur des valeurs humanistes et de justice sociale.

Après sa scolarité primaire pendant l’Occupation, partagée entre l’école de filles de la rue Hermel dans le XVIIIe arrondissement de Paris et à celle de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Annette Hog fit ses études secondaires, de la 6e à la classe de terminale mathématiques élémentaires, au lycée Jules Ferry à Paris (1945-1953). Ayant plus de goût pour les études littéraires, notamment pour l’histoire et la géographie, elle se réorienta vers la terminale philosophie au lycée Fénelon à Paris, en 1953-1954. Après l’obtention de son baccalauréat, elle resta dans ce lycée en classe préparatoire au concours de l’ENS de filles de Fontenay-aux-Roses, en 1954-1955. Puis elle obtint une licence d’histoire-géographie à la Sorbonne et, en 1959, un diplôme d’études supérieures en géographie urbaine sous la direction de Pierre George, avant d’être reçue en 1960 à l’agrégation féminine d’histoire- géographie et au certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement de second degré.

Dès l’époque du lycée, elle avait adhéré au PCF en 1952, milité ensuite à l’UNEF dans la « corpo » des khâgnes en 1955 puis à l’Union géographique de la Faculté des Lettres (UFGL) de Paris de 1956 à 1958. Elle avait rencontré Claude Mazauric, alors étudiant en hypokhâgne au lycée Henri-IV puis à la Sorbonne, militant communiste, agrégé d’histoire en 1957, futur historien de la Révolution française et militant du Syndicat national de l’enseignement supérieur, qu’elle épousa le 10 novembre 1956 à Paris (VIe arr.) et avec lequel elle eut trois enfants, deux filles et un garçon, nés entre 1958 et 1962.

Nommée professeur au lycée Jeanne d’Arc de Rouen (Seine-Maritime) à la rentrée scolaire 1960, elle ne tarda pas à militer au Syndicat national des enseignements de second degré dans le courant "Unité et Action" dont l’influence grandissait dans la nouvelle académie de Rouen, créée en 1964. En 1967, ce courant devint majoritaire au plan national, dans l’académie et dans le département de Seine-Maritime lors des premières élections au collège unique du nouveau SNES ; Annette Mazauric devint alors secrétaire de la section départementale (S2), tout en siégeant à la commission administrative départementale de la FEN, dirigée par François Malcourant, tandis qu’André Guillemont fut élu secrétaire de la section académique (S3) du SNES.

La nouvelle équipe de direction du syndicat dans l’académie et le département fut mise à l’épreuve durant mai-juin 1968. Elle eut constamment comme préoccupation principale de favoriser le débat entre les enseignants, plus largement avec tous les personnels, les grands élèves, les parents dans les établissements de second degré en grève et lors de réunions de coordination par secteur, tout en restant en contact avec les étudiants et le puissant mouvement ouvrier des entreprises. Beaucoup de demandes concernaient la démocratisation du fonctionnement des établissements, le refus de la toute puissance de l’Administration, la reconnaissance de droits aux lycéens et de la participation des parents. Cette intense activité, où Annette Mazauric joua un rôle important d’animatrice, la fit désigner par la direction du SNES pour participer, au mois de juillet au ministère de l’Éducation nationale, à la commission présidée par le recteur Pironneau dans le cadre des négociations nationales. Le SNES y défendit la proposition d’une composition tripartite des nouveaux conseils d’administration des établissements (personnels, usagers-parents et lycéens, administration), proposition reflétant bien l’aspiration forte émanant des discussions locales, qui fut acceptée comme base de discussion de la commission et plus tard retenue dans les nouveaux textes réglementaires.

Dans les quelques années qui suivirent 1968, grâce à une mobilisation multiforme dans l’agglomération de Rouen, notamment avec les parents de la Fédération des conseils de parents d’élèves, relayant les campagnes nationales du syndicat en direction de l’opinion publique pour la démocratisation des enseignements de second degré, le S3 contribua fortement à la création de nouveaux collèges. Et pour faire reculer la ségrégation scolaire dans les lycées de Rouen, il fit avancer l’idée de nouveaux lycées de proximité en banlieue sur la « rive droite », ainsi que la nécessité de la polyvalence des établissements : cette polyvalence des sections dans les lycées techniques industriels et tertiaires de l’agglomération, ainsi que dans deux lycées d’enseignement général (Jeanne d’Arc et Les Bruyères), fut obtenue et entérinée par la commission académique de la carte scolaire en 1972, ainsi que l’inscription d’un nouveau lycée, à construire dans le secteur nord ouest de la banlieue rive droite de Rouen.

Cette activité renforça encore la représentativité du SNES et du courant Unité et Action dans l’académie, souda un peu plus la cohésion de l’équipe dirigeante du S3 dont Annette Mazauric devint secrétaire académique adjointe puis secrétaire générale en 1972, quand André Guillemont rejoignit la direction nationale à la demande d’Étienne Camy-Peyret. Ce dernier, devenu secrétaire général en 1971, suivait particulièrement bien l’activité du S3 de Rouen où il résidait car son épouse était directrice du lycée Flaubert. Annette Mazauric était alors une des rares femmes secrétaires de S3 et siégeait depuis 1971 à la CA nationale, où sa personnalité et son dynamisme étaient remarqués. Sans doute pour l’ensemble de ces raisons, le congrès national de Pâques 1973 se tint à Rouen.

Au cours de cette période, elle militait également activement au PCF. Membre du comité fédéral à partir de 1968, siégeant dans la commission des intellectuels, elle devint membre du bureau fédéral en 1970, en étant responsable des enseignants jusqu’en 1974, année où elle redevint seulement membre du comité fédéral.

Pour des raisons personnelles, en 1976-1977, elle quitta ses diverses responsabilités syndicales à la CA départementale de la FEN et au S3 du SNES, où elle passa le témoin de secrétaire général à Claude Lainé, conservant seulement son mandat d’élue à la commission administrative paritaire académique des agrégés jusqu’en 1982 et continuant de siéger à la CA académique.

Elle divorça en 1979 et se remaria le 10 avril 1982 à Maromme (Seine-Maritime) avec Jean Gallot, dont elle porta désormais le nom. Militant communiste et syndicaliste, professeur de physique à l’Université de Rouen et directeur d’une URA-CNRS, ce dernier fut nommé recteur de l’académie de Besançon en février 1982 jusqu’en novembre 1985, puis recteur de l’académie d’Amiens jusqu’en novembre 1986. Annette Gallot le suivit alors dans ces différentes affectations : nommée professeur au lycée Louis Pergaud à Besançon, de 1982 à 1983, puis au centre régional de documentation pédagogique de cette ville de 1983 à 1985, elle fut ensuite détachée à la mission d’action culturelle au rectorat d’Amiens de 1985 à 1986. Elle retrouva un poste d’enseignement au collège Albert Camus de Rouen en 1987-1988 et 1988-1989, avant de terminer sa carrière au lycée de la Vallée du Cailly à Déville-lès-Rouen de 1989 à 1994. Elle effectuait une partie de son service à l’Institut universitaire de formation des maîtres de Mont-Saint-Aignan où elle participa à la formation des PL2 en sociologie et en histoire de l’éducation. Après son départ en retraite en 1994, elle poursuivit cette activité jusqu’en 2000. En 1991, elle publia avec Jean Gallot un livre, Réussir l’école. Démocratiser la réussite, fondé sur leur double expérience militante en tant que recteur, sous les ministères d’Alain Savary et de Jean-Pierre Chevènement, et de syndicaliste, expérience nourrie de l’apport des recherches en sociologie et en histoire de l’éducation.

Restée communiste, Annette Gallot revint au comité fédéral de Seine-maritime à la fin des années 1980, et s’engagea à partir de 1989 dans la vie municipale à Déville-lès-Rouen, d’abord comme conseillère municipale puis comme adjointe aux affaires scolaires de 1995 à 2008. Elle fut présentée aux élections cantonales dans son canton en 1992, 1998 et 2004 et aux élections législatives dans la 2e circonscription de la Seine-Maritime comme suppléante de Claude Lainé en 1992 et comme titulaire en 1997 et 2002. Après 1995, elle s’engagea dans les campagnes pour les Droits de l’enfant et la diffusion de la Convention internationale des Droits de l’enfant dans les écoles. Elle militait toujours en 2012 au conseil départemental du PCF, et par ailleurs à la section des retraités du SNES et à la Fédération générale des retraités de la fonction publique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141191, notice MAZAURIC Annette [née HOG Annette, Thérèse, épouse GALLOT] par Alain Dalançon, version mise en ligne le 16 juillet 2012, dernière modification le 21 juin 2022.

Par Alain Dalançon

Annette Mazauric à la tribune du congrès national du SNES en 1973,
Annette Mazauric à la tribune du congrès national du SNES en 1973,
au fond, Gérard Alaphilippe*.
Annette Mazauric lors du congrès national du SNES en 1973
Annette Mazauric lors du congrès national du SNES en 1973
entre André Guillemont* et François Blanchard*.

ŒUVRE : Avec Jean Gallot, Réussir l’Ecole. Démocratiser la réussite, Editions Messidor, Editions Sociales, 1ere édition, septembre 1991.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Arch. IRHSES. — Renseignements fournis par l’intéressée et par Philippe Koechlin. — Note de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable