ANDRY Léon.

Par Jean Neuville

Âgé de 42 ans en 1907. Ouvrier mineur, dirigeant syndical chrétien dans le secteur de la mine au niveau local et régional.

Domicilié à Wasmes (aujourd’hui commune de Colfontaine, pr. Hainaut, arr. Mons), Léon Andry est secrétaire du syndicat chrétien d’ouvriers mineurs créé à Petit-Wasmes le 10 juin 1906 et dont le président est Aimé Godart*. La cotisation hebdomadaire à ce syndicat est inférieure de cinq centimes à celle du syndicat socialiste : Andry explique que la chose est possible parce qu’au syndicat chrétien, les fonctions dirigeantes ne sont pas rémunérées.

Léon Andry semble exercer son militantisme au-delà de Petit-Wasmes. Il participe, le 30 décembre 1906, à la fondation d’une section syndicale de Francs-mineurs sous les auspices du syndicat des Francs-mineurs de Petit-Wasmes et de Wasmes. Au début de février 1907, a lieu la réunion trimestrielle des syndicats des Francs-mineurs de Wasmes, de Petit-Wasmes et de Warquignies (aujourd’hui commune de Colfontaine). Andry y est signalé comme secrétaire et Aimé Godart comme président. On signale aussi un secrétaire trésorier, Augustin Brogniez*.

C’est Léon Andry qui paraît être à l’origine de la création de la Fédération des syndicats des Francs-mineurs du Borinage (pr. Hainaut). Il y a déjà eu une fédération, créée le 10 octobre 1897, mais elle n’a pas résisté à l’usure du temps. Et le 3 mars 1907, les délégués des sections syndicales des Francs-mineurs se réunissent à la coopérative, L’Économie de Quaregnon (pr. Hainaut, arr. Mons). Il y est décidé de soumettre un projet de statuts de fédération aux assemblées syndicales. Le 24 mars, une nouvelle réunion à Boussu-Bois rassemble des délégués de Boussu, Cuesmes, Jemappes, Flénu, Dour, Frameries, Hornu et Wasmuel, La Bouverie, Quaregnon, Thulin, Wasmes et de Petit-Wasmes (pr. Hainaut, arr. Mons). Une Fédération des syndicats des Francs-mineurs y est fondée et l’assemblée arrête le texte définitif des statuts. Le 16 avril suivant, le Bureau de cette fédération est constitué et c’est Léon Andry qui est élu secrétaire. G. Rousseau* de La Bouverie (aujourd’hui commune de Frameries) devient le président et il y a trois vice-présidents : Adonis Lienard* de Frameries, J. Blondeau* de Hornu (aujourd’hui commune de Boussu, pr. Hainaut, arr. Mons) et Juvénal Lienard* de Boussu.

Le premier acte de ce Bureau est une protestation contre le retrait du projet de loi minière, qui avait provoqué la démission du Gouvernement catholique de Paul de Smet de Nayer peu de temps auparavant. Léon Andry signe, avec Rousseau, une lettre aux directeurs de charbonnages, pour demander la réduction de la durée du travail pour les machinistes d’extraction.

La fonction de secrétaire fédéral amène Léon Andry à visiter des localités pour y créer des syndicats. Le 15 mai 1907, il participe à une assemblée à La Bouverie, où il fait un exposé sur « les démarches entreprises par la fédération en faveur des ouvriers de surface ». « Les ouvriers », dit-il, « ont de tout temps été dédaignés par les socialistes... » Par contre, cette nouvelle fonction lui fait vraisemblablement abandonner le secrétariat du syndicat de Petit-Wasmes où, en novembre 1907, Augustin Brogniez est signalé comme secrétaire.

L’activité militante de Léon Andry lui est fatale. Le 30 juillet 1907, en effet, déposant devant la Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille, dans la section de Mons pour le groupe de Pâturages (aujourd’hui commune de Colfontaine), il déclare : « Je suis ancien surveillant de la surface, congédié du charbonnage de Hornu et Wasmes depuis trois ou quatre semaines pour avoir syndiqué les mécaniciens et je ne parviens plus à retrouver de l’ouvrage. » Cette mise à l’index, dira, à la séance du 6 août, Édouard Roland*, délégué du Syndicat régional des Francs mineurs, « n’est pas de nature à rassurer les ouvriers qui souhaiteraient déposer devant la Commission. » Léon Andry a d’ailleurs écrit au ministre - catholique - de l’Industrie et du Travail, Gustave Francotte, à propos des mesures empêchant les dépositions d’être faites sans crainte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141268, notice ANDRY Léon. par Jean Neuville, version mise en ligne le 18 juillet 2012, dernière modification le 10 avril 2020.

Par Jean Neuville

SOURCE : Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille. Enquête orale. Déposition des témoins. Section de Mons. Groupe de Pâturages, Bruxelles, 1907, p. 76, 211.

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