FRAITURE Jean, Noël, Joseph, dit DEFRAITEUR. [Belgique]

Par Freddy Joris

Theux (pr. Liège, arr. Verviers), 25 décembre 1852 − Verviers, 6 mars 1906. Ouvrier fileur, employé dans une coopérative, fondateur et dirigeant du mouvement coopératif socialiste verviétois, fondateur et dirigeant d’une Fédération socialiste opposée au mouvement dirigé par Pierre Fluche.

Jean Fraiture, dit Defraiteur, est un des fondateurs et premiers administrateurs de la coopérative socialiste Meunerie et Boulangerie verviétoise en novembre 1884. Il est employé par la coopérative dont il assure la trésorerie et la gestion. Jusqu’en 1887, il collabore sans difficulté avec Pierre Fluche, notamment pour la publication du Tirailleur verviétois. L’ouverture d’un café par la coopérative puis la création d’une deuxième coopérative, début 1888, en vue de l’ouverture d’un local socialiste La Ruche ouvrière, et des critiques sur la gestion de la boulangerie provoquent en 1888 un conflit qui durera quinze ans entre Pierre Fluche et Defraiteur. Ce dernier crée dès ce moment un second cercle politique socialiste à Verviers, Le Devoir, concurrençant ainsi le groupe En Avant de Fluche.

En 1890, Defraiteur regroupe plusieurs organisations autour de la coopérative dans une Fédération verviétoise du Parti ouvrier belge (POB), à laquelle répond à partir de 1892 une Fédération d’arrondissement initiée par Pierre Fluche. Chaque tendance a son journal à partir de 1892. Defraiteur crée et dirige un journal, L’Union socialiste, de 1892 à 1893. Après quoi, il sera successivement éditeur de L’Organe ouvrier de janvier à juillet 1894, puis d’une nouvelle Union socialiste en 1895, éditeur et directeur du Devoir de 1896 à 1898 et éditeur d’En Avant de 1898 à 1899, ce dernier journal étant l’œuvre d’une coopérative La Presse ouvrière, dont il est encore le trésorier bien qu’elle soit dominée par les partisans de Pierre Fluche.

Après des rapprochements temporaires entre les deux tendances socialistes à l’occasion de chacune des premières échéances électorales au suffrage universel (législatives en 1894, communales en 1895) et après un conflit électoral entre les deux groupes lors des élections prud’homales en mars 1897, la réunification se fait d’abord par l’intégration des groupes de la fédération verviétoise dans la fédération d’arrondissement en avril 1897, ensuite par la disparition des journaux de chaque fraction au profit d’En Avant en août 1898, enfin par la fusion entre les cercles politiques respectifs de Pierre Fluche et de Defraiteur en une seule Union socialiste au début d’avril 1899. Le 15 du même mois, Defraiteur doit démissionner de tous les groupes du POB auquel il est affilié et surtout, après quatorze ans à ce poste, de ses fonctions de gérant de la boulangerie coopérative et de la Maison du Peuple, inaugurée en 1894.

Toujours célibataire, Jean Fraiture ouvre, en 1894, une boulangerie à Hodimont (aujourd’hui commune de Verviers), rue des Messieurs. Il est exclu du POB en 1901 alors qu’il s’en est retiré deux ans plus tôt. Il ne cesse ensuite d’attaquer Pierre Fluche dans une série de pamphlets de plus en plus violents, publiés entre 1901 et 1903 sous les titres Le Fouet, La Cravache, La Cravache électorale et Les Écœurés. Le quotidien ouvrier Le Travail ne fait aucune allusion à son décès le 6 mars 1906.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141359, notice FRAITURE Jean, Noël, Joseph, dit DEFRAITEUR. [Belgique] par Freddy Joris, version mise en ligne le 23 juillet 2012, dernière modification le 4 avril 2024.

Par Freddy Joris

SOURCES : JORIS F., Histoire des métallurgistes verviétois, Liège-Verviers, 1982 − JORIS F., Pierre Fluche et le mouvement ouvrier verviétois sous Léopold II, Tubize, 1997.

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