LUCOT René

Par Évelyne Cohen

Né le 15 août 1908 à Villers-Cotteret (Aisne), mort le 10 octobre 2003 à Sepmont (Aisne) ; diplômé de l’IDHEC ; réalisateur de cinéma depuis 1934 ; réalisateur de télévision depuis 1949 ; membre de la Fédération française de football ; membre du syndicat CGT des réalisateurs de télévision.

Fils de cocher, après des études à l’IDHEC, René Lucot commença sa carrière au moment de l’avènement du cinéma parlant. Son premier film de cinéma réalisé en 1935 était consacré au football (Vive le football). Il réalisa ensuite un film sur la coupe du monde de football de 1938 avec le concours de la Fédération française de football et de la presse filmée (30 minutes). Il présenta en 1941, en réponse à l’appel à projet du Comité d’organisation du cinéma(COIC) un projet sur le sculpteur Rodin qui fut accepté. Nos tailleurs d’images reçut le premier prix du film documentaire en 1943. Après 1943, René Lucot rejoignit un groupe de cinéastes résistants qui voulaient « préparer l’avenir d’un cinéma français libre ».

À la libération, René Lucot fut envoyé en mission sur l’ordre du général Eisenhower à Londres : il devait prendre contact avec l’office français du film à Londres et choisir des sujets d’actualité destinés à Paris. En 1948 sortit Les Dieux du dimanche, film sur la vie des vedettes du football avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il fit ses débuts à la télévision en 1949 et devint réalisateur de télévision, tout en continuant à réaliser des films. À la télévision, il exprima à la fois son goût pour le sport à travers des reportages et pour les dramatiques filmées en direct. Il assura un rôle de formateur auprès de jeunes réalisateurs comme Jean-Christophe Averty qui fut son assistant de 1952 à 1956 et avec qui il entretint une relation de grande complicité. Pour lui, la télévision, à la différence du cinéma, représenta une véritable « famille » : « une maison-4 murs-un toit », déclara-t-il dans l’émission Au-delà de l’écran le 27 octobre 1963.

En 1953, il fut mis en cause en tant que communiste (ce qu’il n’était pas formellement car, selon sa fille, il n’eut jamais la carte du PCF), aux côtés de Jean Thévenot et Stellio Lorenzi* et menacé de licenciement par Émile Hugues, secrétaire d’état à la Présidence du Conseil chargé de l’Information. À ce sujet il parle sans hésiter de « maccarthysme ». Cependant la grève des réalisateurs aboutit à l’annulation des licenciements. En 1965, il fit de nouveau l’objet d’une éviction partielle lors de la grève des réalisateurs. Il fut alors accueilli par l’équipe de Cinq Colonnes à la une.

René Lucot était particulièrement connu pour la qualité de ses reportages sportifs qu’il avait constamment voulu concevoir dans une perspective télévisuelle. Il avait couvert les Jeux Olympiques de Melbourne, ceux de Grenoble. Sa posture était non seulement celle d’un réalisateur mais aussi celle d’un sportif : « Je suis un joueur moi aussi » (Au-delà de l’écran, 28 mars 1965). D’origine populaire, il eut la volonté de conserver une proximité avec les simples gens.

René Lucot réalisa des émissions dans des genres variés : aussi bien des dramatiques (plus de cent), des émissions d’art (Terre des arts de Jacques Florent et Jean-Luc Dejean avec Max-Pol Fouchet en 1959-1960), des feuilletons : Les aventures de Monsieur Pickwick en 1964 et 1965 d’après Charles Dickens, Les Habits noirs (1967) d’après Paul Féval, La famille Boussardel (1972) d’après Philippe Hériat. Il revendiqua un style, la joie de vivre, le goût du spectacle, de l’humour voire une absence de sérieux (émission Micros et caméras, 1965). En 1977 il adapta pour Antenne 2 César Birotteau d’après le roman de Balzac . Enfin il réalisa entre 1967 et 1981 huit épisodes des Enquêtes du commissaire Maigret.

Soucieux d’expliquer sa démarche, René Lucot répondit à de nombreux entretiens pour la télévision (en particulier René Lucot, Gens du nord, Gens de Picardie, FR3, 22 mai 1990 ; 56 min.) ; il a laissé un livre de mémoires, Magic city publié chez Bordas en 1990. Sa fille lui a consacré un site, présentant sa biographie et son œuvre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141392, notice LUCOT René par Évelyne Cohen, version mise en ligne le 26 juillet 2012, dernière modification le 1er avril 2022.

Par Évelyne Cohen

Filmographie de René Lucot 
• 1935 Vive le football avec la collaboration de Jean Eskenazi
• 1938 : Coupe du monde de football
• 1941 : Rodin 1er prix du film documentaire en 1943. Paul Belmondo prête ses mains à Rodin.
• 1943 : Nos tailleurs d’image sur la sculpture contemporaine, avec Paul Belmondo, Maillol, etc.
• 1944 participation au film de la libération de Paris (v. les opérateurs de la liberté)
• 1945-1946 Ici Londres, ici Paris Reconstitution des émissions de Londres pendant l’occupation.
• 1945 : La cigogne a rebâti son nid
• 1945-1946 Silence...Antenne sur le renouveau de la radio.
• 1948 Les dieux du dimanche
• 1949 : Bourdelle. sélectionné pour le festival de Venise
• 1949 : L’autre moisson Film dans les mines de potasse d’Alsace.
• 1951 : Ces gens du Nord. Sélectionné au festival de Cannes 1952.
• 1953 : René Leriche, chirurgien de la douleur, primé au festival de Cannes 1954
• 1954 : L’homme dans la lumière, sélectionné au festival de Cannes de 1955 ; grand prix du court-métrage au festival de Rouen en 1958.
• 1955 À l’aube d’un monde, film sur l’énergie nucléaire. Commentaire écrit et dit par Jean Cocteau
• 1956 : Rendez-vous à Melbourne, film officiel des jeux Olympiques.
Livre autobiographique : Le Grand break, Corps 9 éditions, 1985 ; Magic city, Éditions Bordas, 1990.

SOURCES : Témoignage d’Aliette Luco. — Le Monde, 15 octobre 2003.
BIBLIOGRAPHIE : Dossiers d’archives sur René Lucot à la BIFI http://cineressources.bifi.fr/archives
René Lucot, Magic city, Éditions Bordas, 1990.
Christian Bosséno, « 200 téléastes », Cinemaction, Corlet-Telerama, 1989, p. 40-45. — Jérôme Bourdon, Haute fidélité-Pouvoir et télévision 1935-1994, Le Seuil, 1994, p. 39

Images et sons : René Lucot, http://www.ina.fr/ et consulter les archives télévisuelles à l’Inathèque de France

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