LESSCHAEVE Léon (LESSCHAEVE Julien, Félicien, Léon) [parfois LESCHAEVE]

Par Roland Delacroix

Né le 25 mai 1920 à Saint-Pol-sur-Mer (Nord), mort le 1er octobre 1984 à Ronchin (Nord) ; employé ; résistant ; militant communiste et de la CGT ; membre du comité central du PCF de 1961 à 1976 ; secrétaire général de l’UD-CGT du Nord de la GGT de 1966 à 1976.

Léon Lesschaeve naquit à Saint-Pol-sur-Mer, ville ouvrière de la banlieue de Dunkerque où résidaient de nombreux ouvriers du port, d’un père cordonnier, libre penseur et d’une mère au foyer, tous deux sympathisants communistes. Il fut le troisième d’une famille de cinq enfants. Après son certificat d’études, il entra au cours complémentaire et obtient les certificats d’études primaires et complémentaires. Il fut alors embauché comme calqueur-dessinateur à la British Petroleum puis y devint comptable. Il adhéra à la CGT en janvier 1937 mais n’y prit aucune responsabilité. Contacté par un salarié de l’entreprise, il adhéra à la SFIO pour n’y rester que trois mois, sermonné par son frère cadet sympathisant communiste et membre des JC. C’est en 1942 qu’il devint un militant politique très actif. C’est chez son futur beau-père Marceau Pladys, militant communiste au port de Dunkerque, qu’il fit connaissance de Jean-Marie Fossier chargé alors d’organiser le PCF et les FTPF dans le Dunkerquois et qui entreprit avec le docker Lucien Duffuler son éducation politique.

Dès janvier 1942, il adhéra ainsi au PCF et à la Jeunesse communiste. Le 12 mai Jean-Marie Fossier fut arrêté et les mouvements de résistance dont il s’occupait furent décimés. Léon Lesschaeve joua dès lors un rôle décisif dans le rétablissement des contacts entre les adhérents et les liaisons avec la région et devint successivement responsable du « travail de masse » et responsable politique du triangle de Dunkerque, forme d’organisation clandestine, créée par le PCF, composée de trois personnes dont seul le responsable politique avait un contact avec l’organisme supérieur. Durant cette période, s’étalant de l’été 1942 à l’hiver 1943, son activité consista essentiellement à lutter contre le STO et à ravitailler les réfractaires jusqu’à son arrestation le 23 février 1943 avec quatre autres résistants sur dénonciation d’un agent de la police allemande infiltré. Il fut alors incarcéré à la prison de Loos-les-Lille où il resta un an au cours duquel il subit la torture. Il fut libéré, faute de preuves, le 21 février 1944 avec deux autres camarades qui avaient été arrêtés en même temps que lui, mais avec interdiction d’habiter sur le littoral. Il rejoignit sa famille à Bollezeele. Deux mois après, il parvint cependant à reprendre contact avec le responsable du « travail de masse » du triangle de Dunkerque et organisa le PCF et le Front national dans les villages autour de la poche de Dunkerque, en vue de sa libération qui n’intervint qu’en 1945. Au sortir de la guerre, il fut nommé lieutenant FFI mais retourna à la vie civile et devint employé au Mouvement de reconstruction urbaine. Il prit alors des responsabilités politiques et syndicales de plus en plus importantes.

Après la Libération et durant les années cinquante, Léon Lesschaeve devint, dès 1946, secrétaire de la section de Dunkerque du Parti communiste ; dès 1947 il entra au comité fédéral du Nord du Parti communiste puis à son bureau fédéral en 1956. En 1948, il fut élu secrétaire de l’Union locale dunkerquoise de la CGT, puis de celle de Lille et devint membre de son Union départementale en 1951. Au cours de ces années, il organisa, entre autres, le blocage des bateaux devant partir pour l’Indochine et les actions de solidarité envers les mineurs en grève en 1948 ou encore participa activement à la constitution de comités d’action et de défense de la République en 1958. Les années soixante le virent accéder aux plus hautes fonctions politiques et syndicales. Il entra ainsi au comité central du PCF en 1961 et parvient au poste de principal dirigeant de l’Union départementale du Nord de la CGT, dans un premier temps conjointement avec Louis Manguine puis comme secrétaire général en 1966 et, de ce fait devint membre du comité confédéral national de la CGT. Bien qu’appartenant à la direction nationale du PCF, c’est dans l’action syndicale qu’il accomplit la plus grande partie de ses tâches militantes. Ainsi au cours des années soixante, c’est essentiellement dans le cadre de son mandat syndical qu’il anima les principales luttes qui se déroulèrent dans le département du Nord, notamment la grève des mineurs de 1963 et la grève générale de 1968. Affaibli physiquement, il restreignit son activité dans les années soixante-dix. Il quitta ainsi ses principaux mandats politiques et syndicaux pour n’accepter que celui moins accaparant de secrétaire du comité régional CGT Nord-Pas-de-Calais jusqu’en 1978. Les communistes du Nord le réélurent symboliquement membre de leur comité fédéral jusqu’à sa mort qui survient le 1er octobre 1984, à l’âge de soixante-quatre ans, des suites d’une longue maladie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141415, notice LESSCHAEVE Léon (LESSCHAEVE Julien, Félicien, Léon) [parfois LESCHAEVE] par Roland Delacroix, version mise en ligne le 30 juillet 2012, dernière modification le 2 décembre 2018.

Par Roland Delacroix

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. – Entretiens avec la famille. – Presse locale. – Documents de la fédération du Nord du PCF et de l’Union Départementale CGT du Nord. — Jean-Marie Fossier, Zone interdite, Nord/Pas-de-Calais, Éditions sociales 1977.

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