LE SAMEDY Charles, Alphonse, Yvon

Par Claude Pennetier, François Prigent

Né le 28 mai 1921 à Lorient (Morbihan), mort le 18 février 1970 à Lorient (Morbihan) ; ouvrier à l’Arsenal de Lorient puis agent des services techniques de la ville de Lanester ; maire PCF de Lorient (Morbihan) 1951- 1953 ; responsable CGT ; dirigeant des JS SFIO puis du PCF ; résistant FTP.

Chanson de Charles Le Samedy sur l’air de La Madelon.
"Chanson satirique et révolutionnaire".

Son père Mathurin Le Samedy était charpentier au port de Lorient, tandis que sa mère Julia Jeanne Izaac était commerçante. Passé par les écoles laïques jusqu’à l’âge de 14 ans, Charles Le Samedy intégra l’Arsenal de Lorient comme apprenti. Lors du congrès d’août 1938, il était secrétaire fédéral adjoint des JS. Délégué au congrès national de Toulouse en 1939, il conservait alors ce mandat au sein de la SFIO, tout en marquant son opposition à la ligne pacifiste du député Louis L’Hévéder*.
Menuisier de formation, ouvrier d’État à l’Arsenal de Lorient, Charles Le Samedy fit partie des 250 ouvriers et techniciens de l’Arsenal qui, en octobre 1942 furent requis dans le cadre de la Relève des prisonniers, pour aller travailler en Allemagne sur l’importante base navale de Wesermünde. Durant l’Occupation, il s’investit dans les réseaux résistants communistes de Lorient (FTP), aux côtés de ses collègues de l’Arsenal, également passé par le sérail des JS, à savoir Boulay* (maire PCF de Lanester entre 1945 et 1953), Roger Le Hyaric* (leader du PCF dans le département à la Libération) et Jules Kernec* (seul ce dernier demeura à la SFIO en 1945, étant même candidat aux législatives, avant d’adhérer au PCF en 1959 intégrant la municipalité Jean Maurice* comme adjoint). En 1942, Charles Le Samedy était très proche de Jean Maurice, qu’il côtoyait dans le milieu sportif laïque (athlétisme).
Il adhéra au PCF en 1945.
À la fin de la guerre, de retour à l’Arsenal de Lorient, Charles Le Samedy fut licencié pour avoir écrit et signé dans le journal communiste Ouest-Matin un article mettant en cause la Marine Nationale.
Technicien à l’Arsenal, Charles Le Samedy était également un responsable CGT de premier plan, épaulant notamment les secrétaires généraux de l’UD René Bonnaire* et Marcel Piriou*.
Au terme d’un conflit entre Julien Le Pan (maire depuis 1946) et Jean le Coutaller (député depuis 1945) sur l’orientation de la SFIO, le PCF réussit à emporter la mairie de Lorient lors d’une élection partielle en novembre 1951. Louis Guiguen (député depuis 1945), tête de liste présentée par le PCF, ne souhaitant pas cumuler les mandats, Charles Le Samedy fut élu maire le 2 décembre 1951. A la surprise générale, le candidat communiste l’emporta au premier tour de scrutin, avec 11 voix (contre 13 conseillers municipaux en 1947), la droite (8 MRP et 5 RPF) et les socialistes (7 SFIO) n’ayant pas participé au vote. Ses adjoints était Roger Le Hyaric et Louis Moisan. Il se heurtait à l’opposition virulente de la SFIO comme de la droite qui développa un anticommunisme systématique.
Il avait épousé Jeanne Le Coldroch, commerçante à Lorient (étal de boucherie sur le marché), le 5 juillet 1948 à Hennebont (Morbihan). Le couple eut quatre enfants : le premier, Charles, décédé en 1950 puis Françoise, Martine et Philippe .
Son passage à la mairie fut éphémère : 18 mois, car aux élections du 26 avril 1953 sa liste fut battue.

Après son mandat de maire (du 2 décembre 1951 au 3 mai 1953) sans travail autre que conseiller municipal de la ville de Lorient (il avait été révoqué de l’Arsenal en raison de ses engagements syndicaux lors du conflit social de 1951) , il fut employé dans les services techniques de la mairie de Lanester, fief communiste tenu par le maire et conseiller général (1967-1998) Jean Maurice.
Dans un rapport sur la session du comité fédéral de mars 1954, André Souquière, représentant du comité central, note que Le Samedy a été un des plus dressés contre la direction fédérale. Le 30 mars 1956, il s’en prit à la direction du parti : « Dans notre Parti aussi nous avons sacrifié au culte de la personnalité » dit-il ajoutant « il y en a assez du culte de la reine et des petits dauphins et le comité central n’a vraiment pas fait preuve d’esprit critique ». Jean Burles notait que bien que secrétaire fédéral à la propagande, il n’assistait guère aux réunions fédérales.

Selon un témoin, « Charles Le Samedy reste pour ceux qui l’ont connu un homme attachant, cultivé, musicien et poète, mais ses angoisses et son anxiété l’obligent à trouver refuge ailleurs en noyant quotidiennement ses problèmes. » Réintégré en 1969 à l’Arsenal de Lorient avec d’autres licenciés, il mourut six mois plus tard le 18 février 1970 à l’âge de 49 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141525, notice LE SAMEDY Charles, Alphonse, Yvon par Claude Pennetier, François Prigent, version mise en ligne le 28 mars 2017, dernière modification le 7 juillet 2020.

Par Claude Pennetier, François Prigent

Liste communiste du 26 avril 1953
Liste communiste du 26 avril 1953
Chanson de Charles Le Samedy sur l’air de La Madelon.
"Chanson satirique et révolutionnaire".
Jacques Duclos et le conseil municipal de Lorient fin 1951
Jacques Duclos et le conseil municipal de Lorient fin 1951
Au premier plan : Louis Guiguen, Jacques Duclos, Charles Le Samedy
Derrière, debouts, en partant de la droite : Marcel Piriou, Pierre Cusin, Roger Le Hyaric et trois élus non identifiés.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Presse locale. — Témoignages. — Notes de Michel Guiguen et de la famille de Le Samedy. — État civil. François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse, Université Rennes 2, 2011.

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