LIBERMAN David

Par Daniel Grason

Né le 1er février 1922 à Paris (XIIe arr.), fusillé comme otage le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; maroquinier ; résistant, membre du Front national.

David Liberman demeurait 17 rue Réaumur à Paris (IIIe .arr.), exerçait le métier de maroquinier avec ses parents. Sportif membre de la FSGT, naturalisé français, il n’était pas connu de la police comme communiste.
Il adhéra au Front national. L’Humanité clandestine du 14 juillet 1941 titrait : « Manifestez, pavoisez tricolore. Témoignez votre solidarité à L’URSS. Formons le Front national de lutte pour l’indépendance de la France. À bas Hitler ! Vive L’URSS ! Vive la France ! »
Il participa le 14 juillet 1941 à une démonstration patriotique sur les Grands boulevards contre la présence des troupes d’occupation allemandes. Quelques groupes de jeunes se promenèrent arborant des cocardes tricolores à la boutonnière. Interpellé, David Liberman était porteur d’une matraque et de tracts communistes appelant à l’action contre les Allemands. Incarcéré à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.), transféré le 15 août à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il comparut le 19 août 1941 devant le tribunal militaire allemand de la Seine et fut condamné à neuf mois de prison.
Les militaires allemands firent l’objet de plusieurs actions menées par des résistants début septembre. Le 6 vers 4 h 30 du matin des sentinelles allemandes de faction devant la propriété d’un collaborateur dans le XVIe arrondissement essuyèrent des coups de feu. Le même jour, vers 23 h 30 l’adjudant Hoffmann fut pris pour cible, rue Fontaine (XVIe arr.). À la même heure, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe arr.), Ehwin Gerstner reçut plusieurs coups de poing au visage. Au moment où il prenait son billet à la station Porte Dauphine (XVIe arr.), le matelot Denecke fut blessé d’une balle à la cuisse le 10 vers 19 h 15. Enfin, le 11 sur les Champs-Élysées (VIIIe arr.) le trésorier général Knop reçut un coup de matraque sur la tête.
Les autorités d’occupation décidèrent de fusiller en représailles dix otages le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien. David Liberman, dix-neuf ans, fut passé par les armes à 8 h 30 au Mont-Valérien en compagnie de : Lucien Matheron vingt et un ans, René Joly quarante et un ans, Lucien Clément vingt-neuf ans, Albert Gokelaere vingt-six ans, Jules Bonnin vingt-quatre ans, Chil Opal cinquante ans, Isaïe Bernheim soixante-douze ans, Henri Bekerman vingt et un ans et Léon Blum, soixante-deux ans.
Le lendemain, le quotidien Le Matin publiait un « Avis » avec les noms, accompagnés d’un texte du journal collaborationniste qui relevait que parmi les dix hommes qualifiés de « communistes » il y avait « cinq Juifs » dont David Liberman. Un appel à la délation fut lancé : « Tout Français, digne de ce nom, doit donc aider la justice à faire la lumière dans ces affaires et dénoncer les criminels. Les Français se le doivent à eux-mêmes, ils le doivent à leur famille. »
Le 19 septembre l’Humanité clandestine titrait : « Honte au général assassin Von Stülpnagel qui a fait fusiller à nouveau 10 otages parmi lesquels trois jeunes de dix-neuf et vingt et un ans et un vieillard de soixante-douze ans ». Les dix noms étaient suivis d’une phrase vengeresse : « Le sang de ces martyrs, victimes des cannibales fascistes, crie Vengeance ! et le jour viendra où l’ennemi Von Stülpnagel devra payer. »
David Liberman fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 16 septembre 1941 division 39, ligne 4, n° 13.
La mention Mort pour la France lui fut attribuée le 26 août 1947.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Après la Libération, une plaque commémorative fut apposée sur la façade de l’immeuble du 17 rue Réaumur : « Ici demeurait Liberman David né le 1er février 1922, fusillé le 16 septembre 1941. ``Mort pour la France’’. Gloire à sa mémoire ».

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141565, notice LIBERMAN David par Daniel Grason, version mise en ligne le 27 août 2012, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 1752, 77W 0715. — DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — L’Humanité clandestine no spécial du 14 juillet 1941, no 129 du 19 septembre 1941. — Le Matin, 17 septembre 1941. — S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. — Site Internet Mémoire des Hommes. – MémorialGenWeb. — Site Internet CDJC. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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