MASSE Jean, Clément

Par Gilles Morin

Né le 3 janvier 1911 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 10 août 1987 à Marseille ; secrétaire de la fédération des Jeunesses socialistes ; militant socialiste des Bouches-du-Rhône ; employé de la Sécurité sociale ; secrétaire de la 12e section de Marseille (1944-1945) ; conseiller municipal puis adjoint au maire de Marseille 7e (1947-1983) ; conseiller général du 12e canton de Marseille puis d’Allauch et de Plan-de-Cuques (1945-1973 ; 1973-1985) ; président du conseil général (1957-1959) ; conseiller régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur ; député de Marseille (1956-1958 ; 1962-1978) ; membre du Conseil supérieur de la Sécurité sociale.

Fils de Marius Masse, cimentier, qui fut adjoint d’Henri Tasso, maire socialiste de Marseille avant guerre, Jean Masse arrêta ses études en classe de Première au lycée Thiers de Marseille. Marié le 29 avril 1930 à Julienne, Jeanne, Rose, Pimatel, il était membre des Jeunesses socialistes et secrétaire fédéral de celles-ci.

Mobilisé de mars à juillet 1940, il aurait participé à l’organisation des milices socialistes de Marseille dans la Résistance et participa très activement aux combats de la Libération. Après la guerre, il travailla à la Sécurité sociale et fut militant à Force ouvrière.

Secrétaire de la 12e section SFIO de Marseille, de septembre 1944 à octobre 1945, Jean Masse fut élu conseiller général du 12e canton en septembre 1945, élu à cinq voix de majorité seulement devant son concurrent communiste. Constamment réélu à l’Assemblée départementale durant 44 années, il eut deux élections difficiles. En 1949, le MRP se maintint contre lui, mais il reçut le soutien des communistes, situation à l’opposé de celle ayant court alors dans la ville qui était un point chaud de la guerre froide en France. En 1973, il se fit réélire dans le canton d’Allauch et Plan-de-Cuques et battit le secrétaire fédéral de l’UDR. Secrétaire de la commission départementale en 1945, secrétaire du conseil général en 1946, membre de la commission départementale en 1948, il la présida d’octobre 1951 à décembre 1954. Il fut ensuite vice-président du conseil général à cette date, puis président du conseil général, succédant en 1957 à Padovani, enfin remplacé en novembre 1959 par Jean Graille. Cette présidence tournante était organisée alors et permettait de conserver un équilibre fédéral.

Élu conseiller municipal de Marseille le 19 octobre 1947, Jean Masse fut adjoint chargé plus spécialement de la voirie et aux TAM. Il était l’un des hommes clé du socialisme marseillais avec André Andrieux, Irma Rapuzzi et Charles-Émile Loo. « Homme de terrain » selon la formule consacrée, il accéda à un premier mandat parlementaire à la fin de la IVe République.

Le 2 janvier 1956, il se présenta en troisième position sur la liste socialiste dans la 1re circonscription, derrière Gaston Defferre et Francis Leenhardt, et fut élu député socialiste de la 8e circonscription, en bénéficiant de l’apparentement avec les radicaux mendésistes. Il fut discipliné dans ses votes, jusqu’au 1er et 2 juin 1958, où profitant de la liberté de vote, il vota contre l’investiture du général de Gaulle. Battu aux élections législatives de novembre 1958, comme suppléant de Defferre, il a été reconduit député à quatre reprises de 1962 à 1978 ; il ne se représenta pas à cette date. Il appartint à la commission du travail et de la Sécurité sociale et fut nommé membre du conseil supérieur de la Sécurité sociale en 1967.

Dans la vie intérieure du parti socialiste SFIO dans les Bouches-du-Rhône, Masse qui avait une très forte position locale, prit souvent des positions hétérodoxes, parfois opposées à Defferre, contrairement à ce qu’affirme notamment le Dictionnaire des parlementaires, le présentant comme homme clé du système Defferre. Il participa ainsi après la Libération à la scission de Ferri-Pisani, avant de rentrer au bercail. Ensuite, il fut l’un des rares mollétiste de la fédération. Lors de la crise qui secoua la fédération socialiste, avec la dissidence de Daniel Matalon et Marius Massias, Jean Masse les appuya car il était opposé à l’alliance avec la droite et le centre et la 12e section dans laquelle il militait le suivit. Durant un temps, Masse semble avoir suivi les évolutions de Gaston Defferre à l’intérieur du parti socialiste. Il fut ainsi signataire de la motion Defferre « Pour le nouveau parti démocrate socialiste », pour le congrès national extraordinaire de décembre 1968, puis signa la motion R (Nord-Bouches-du-Rhône) pour le congrès d’Épinay en 1971, enfin la motion Mitterrand pour le congrès de Grenoble en 1973. Mais, contrairement à Defferre, avec Philibert, il ne se contentait pas d’approuver en parole le programme commun de gouvernement : il était un réel partisan du rapprochement avec les communistes et avait au conseil général de bons rapports avec les membres du PCF.

Son nom fut cité dans les affaires de fausses factures de la mairie de Marseille qui éclata en 1982 et il perdit son poste d’adjoint. Il ne participa pas à la liste municipale de 1983, mais soutint la campagne de Gaston Defferre. Inculpé en août 1983, il bénéficia d’un nom lieu en 1986. Mais il fut battu pour la première fois une élection en 1985, lorsqu’il chercha à faire renouveler son mandat de conseiller général.

Chevalier en novembre 1959, il fut fait Officier de la légion d’honneur en mars 1987, quelques mois avant son décès à l’issue d’une « longue maladie ». Il eut des obsèques civiles.

Son fils Marius continua son combat et fut à son tour chargé de la voirie. Il fut élu conseiller général du 17e canton en septembre 1973 et réélu en mars 1979, puis député en 1981.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141573, notice MASSE Jean, Clément par Gilles Morin, version mise en ligne le 27 août 2012, dernière modification le 30 août 2018.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. F/1cII/270, 305, 307, 703 ; F/1cIV/151, 157 ; 19770359/23. 19890523/13. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Bulletin intérieur de la SFIO, décembre 1968. — Le Poing et la Rose, n° 15, mai 1973. — Le Monde, 19 août 1983, 14 août 1987. — Le Provençal, 11 août 1988. — Anne-Laure Ollivier, Gaston Defferre. Un socialiste face au pouvoir, de Marseille à l’élection présidentielle de 1969, thèse de doctorat de l’ENS de Cachan, 2011. — Notice du Dictionnaire des parlementaires, site de l’Assemblée nationale.

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