MAIRÉ Jacques, Henri, Yves

Par Louis Botella

Né le 24 août 1940 à Châlons-sur-Marne [Châlons-en-Champagne], mort le 12 novembre 2010 à Paris (XIIIe arr.) ; éducateur puis formateur ; syndicaliste Force ouvrière (FO) puis UNSA (Union nationale des syndicats autonomes) ; militant des Jeunesses communistes puis des Jeunesses socialistes ; membre de la SFIO puis du Parti socialiste ; membre du Conseil économique et social.

Jacques Mairé
Jacques Mairé
Cliché fourni par l’UNSA

Fils d’un ouvrier mécanicien et d’une femme de ménage, Jacques Mairé s’engagea, à seize ans, dans les Jeunesses communistes. Mais après l’intervention, en novembre 1956, des troupes soviétiques en Hongrie, il quitta les Jeunesses communistes pour adhérer et militer aux Jeunesses socialistes, notamment au sein de la 14e section de Paris. Il fut membre de la SFIO puis du Parti socialiste auquel il resta attaché jusqu’à sa mort.

Il effectua son service militaire en Algérie qu’il termina au grade de sous-lieutenant. Il se syndiqua à FO en octobre 1962. Il exerça par la suite différentes professions : éducateur à l’Assistance publique de Paris, directeur de la Maison des jeunes de Cachan, directeur de l’Institut de formation Léo Lagrange...

Jacques Mairié milita au sein de l’Union départementale FO de Paris où il prit progressivement des responsabilités avant de succéder, en septembre 1980, à Claude Payement. Réélu régulièrement lors des congrès suivants de cette UD, il préconisa et mis en place un "syndicalisme de services" avec l’instauration d’une carte "FO Plus". Partisan résolu de Claude Pitous, l’un des deux candidats à la succession, en février 1989, d’André Bergeron* - l’autre étant Marc Blondel*qui fut élu avec une bonne majorité - Jacques Mairé commença à exprimer des réserves sur les positions exprimées, dans plusieurs domaines, par le bureau confédéral FO.

Puis ces réserves se transformèrent en opposition publique, notamment lors de la présentation à l’automne 1995 par Alain Juppé, alors Premier ministre, de son plan sur la réforme de la sécurité sociale. Cette tentative de réforme entraîna de vives réactions des organisations syndicales notamment de la sienne. Jacques Mairé considéra qu’une tendance politique, celles des trotskystes « lambertistes », avait trop d’emprise sur la Confédération FO et plus particulièrement sur sa direction confédérale. Dès lors, le choc entre Marc Blondel et ses amis et Jacques Mairé devint frontal. Cela se traduisit par, notamment, la présentation, en février 1996 lors du congrès confédéral, de la candidature de Jacques Mairé au poste de secrétaire général de FO. Une première au sein de celle-ci. En effet pour la première fois - et pour le moment la seule fois - un candidat s’opposa au secrétaire général sortant.
Jacques Mairé n’obtint que moins de 20 % des suffrages exprimés au sein du comité confédéral national (CCN), le "parlement" de FO, chargé d’élire les instances dirigeantes de la confédération dont le secrétaire général. En octobre 1996, lors du congrès de l’UD de Paris, Jacques Mairé se retrouva face à un autre candidat au poste de secrétaire général mais il fut réélu sans trop de difficultés.

Lors de la réunion du 28 janvier 1998 du CCN, Jacques Mairé intervint à la tribune pour annoncer son départ et celui de ses amis de l’UD de Paris. Ils constituèrent une structure provisoire, le Comité d’action syndicaliste, chargée de rassembler tous ceux qui quittèrent FO avant de rejoindre l’UNSA (Union nationale des syndicats autonomes) constitué pour l’essentiel de militants et syndicats issus de la la Fédération de l’éducation nationale (FEN). Il est à noter que Jacques Mairé et ses amis eurent, selon Jean-Paul Roux, des contacts avec l’UNSA depuis 1993 au moins.

Jacques Mairé et ses amis pensèrent entrainer avec eux 15 000 des adhérents de FO. Finalement, le résultat obtenu (3 000 selon les sources) fut nettement moindre que celui escompté initialement. La très grande majorité des opposants à Marc Blondel préféra rester au sein de FO.

En mai 1998, Jacques Mairé devint secrétaire général adjoint de l’UNSA, fonction qu’il conserva jusqu’en mars 2005. Il fut également le rédacteur en chef du magazine de cette confédération, UNSA Magazine.

Il siégea également au sein du Conseil économique et social, d’abord au titre de FO entre 1994 et 1998, puis de l’UNSA entre 2000 et 2003.

Il lutta pendant de longues années contre le cancer et la mort l’emporta dans sa 71e année. Son inhumation eut lieu le 18 novembre 2010 au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine.

Jacques Mairé s’était marié en décembre 1968 à Cachan. Après son divorce intervenu en mai 1990, il épousa Véronique Grego.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141598, notice MAIRÉ Jacques, Henri, Yves par Louis Botella, version mise en ligne le 29 août 2012, dernière modification le 1er septembre 2012.

Par Louis Botella

Jacques Mairé
Jacques Mairé
Cliché fourni par l’UNSA

SOURCES : Christophe Focari in Libération, 29 février 1996. — Hommage de Jacques Mairé à Claude Fuzier in L’OURS, supplément de janvier-février 1997. — Jean-Paul Roux in Aux origines de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), 7 janvier 2004. — Libération, 22 janvier 1998. — Laurent Mauduit in Mediapart, 16 novembre 2010. — Le Monde, 17 novembre 2010. — Michel Noblecourt in Le Monde, 28 novembre 2010. — UNSA Infos, n° 537, novembre 2010. — Informations transmises en août 2012 par Guy Putfin, de l’UNSA. — Notes de Louis Botella. — État-civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable