SÉRANDOUR Pierre

Par François Prigent

Né le 5 décembre 1908 à Plussulien (Côtes-du-Nord), mort le 29 juillet 2008 à Paris (Ile-de-France) ; trésorier principal des finances ; député radical-socialiste (1936-1940) ; résistant ; candidat radical aux législatives de 1945 et 1956 dans les Côtes-du-Nord ; leader du CAD ; candidat PSU aux législatives de 1962 ; franc-maçon ; proche de Mendès France ; militant laïque ; adjoint au maire de Plussulien.

Notable radical, son père Pierre Sérandour (1879-1949) était maire de Plussulien (1914-1944), conseiller général de Corlay (1922-1940) et député de Loudéac (1924-1928).

Passé par les écoles laïques, Pierre Sérandour devint trésorier principal des finances. Elu député de Guingamp en 1936 contre Oswen de Kerouartz, il était le benjamin de l’Assemblée Nationale à seulement vingt-sept ans. Franc-maçon, il était proche de l’ancien député-maire de Guingamp, André Lorgéré, très investi dans les réseaux laïques d’« En Avant de Guingamp ».

Intime de Mendès France, Pierre Sérandour entra en résistance dès l’été 1940, côtoyant le général De Gaulle à Londres. Colonel Praxitèle dans la résistance, il initia le réseau Mabro-Praxitèle dans les Côtes-du-Nord notamment.
En octobre 1945, il était en seconde position sur la liste radicale derrière René Pleven, qui obtint % des suffrages exprimés, contre SFIO, MRP, PCF. Il ne fut pas élu député.

Lors des cantonales, il soutint son père, qui fut battu dès le premier tour par Georges Jaglin* (33 ans, cultivateur), qui l’emporta de justesse face au MRP Cuven (1416 voix, contre 1411 voix). « Cette élection disputée, qui aboutit à la mise à l’écart de Pierre Sérandour père » était « l’expression de la disparition des centres, sous l’attaque convergente du communisme et de la droite catholique muée en MRP » selon le rapport du préfet Henri Avril*, ancien député radical de 1919, président du CDL en 1945, passé à la SFIO après la Libération.

Au niveau municipal, quoique domicilié à Paris, Pierre Sérandour fut adjoint à Plussulien dans la mairie communiste, menée par Alain Le Cam (1944-1945) puis Georges Jaglin (1945-1977). Ce dernier évolua vers le socialisme au début des années 1950, adhérant notamment au PSU.

Il fut à nouveau candidat en 1955 aux cantonales. Il conduisait la liste radicale en 1956 (6.6 % des suffrages exprimés) avec la Jeune République, la SFIO et l’Action Travailliste. En 1958, il apporta au nom de l’UFD (Union des forces démocratiques) son soutien à Antoine Mazier*, qui avait rompu avec la SFIO.

Leader du CAD (groupuscule de 20 membres dans le département), il adhéra au PSA en septembre 1959, représentant même la fédération PSU au congrès national fondateur de 1960. Président fondateur de l’Amicale Laïque, Pierre Sérandour restait très implanté à Plussulien, où il demeurait adjoint, avant de partir à Dreux en 1961 puis à Aubervilliers en 1966.

Délégué de la fédération des Côtes-du-Nord en mars 1961 au congrès de Clichy, Pierre Sérandour fut très actif dans les réseaux militants, comme le soulignait un article du Combat Social en avril 1961 (« Nous ne sommes pas entrés, mes amis et moi, au PSA puis au PSU, pour adhérer du bout des lèvres »).

Au PSU, Pierre Sérandour se positionna rapidement sur le courant de Pierre Bérégovoy*. Il fut candidat aux législatives de 1962 à Guingamp sous l’étiquette PSU, avec comme suppléant le maire de Maël-Carhaix, Jean Kéribin*. Le duo qui obtint 5.5 % des suffrages exprimés (2194 voix) fut nettement devancé par Alexandre Thomas (12,3 % des suffrages exprimés et 5 266 voix), bien loin des 10 209 voix obtenues en 1958.

Dès lors, il joua un faible rôle sur la scène politique départementale, au contraire de son cousin, Léon Sérandour*, conseiller général de Corlay (1961-1979), élu sous l’étiquette PSU puis PS.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141960, notice SÉRANDOUR Pierre par François Prigent, version mise en ligne le 15 octobre 2012, dernière modification le 8 septembre 2015.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor. — Le Combat Social. — Mairie de Plussulien. — François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse, Université de Rennes 2, 2011.

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