MEURILLON Jules, Eugène, Florimond

Par Laurent Douzou, Jacques Girault

Né le 10 octobre 1914 à Lille (Nord), mort le 16 février 1998 à Morlaix (Finistère) ; ouvrier puis professeur à l’Association pour la formation professionnelle des adultes ; chef national du service de la Propagande-Diffusion du mouvement de résistance Libération-Sud ; militant syndicaliste ; militant communiste.

Jules Meurillon, fils d’un ouvrier ajusteur, sympathisant socialiste, et d’une femme de service dans une école, reçut les premiers sacrements catholiques. Sa famille habitait dans le vieux Lille puis à Fives-Lille. Après avoir obtenu le certificat d’études primaires, il entama un apprentissage de serrurier à partir de septembre 1926. En suivant des cours du soir, il obtint les certificats d’aptitude professionnelle d’ajusteur et de serrurier-forgeron et devint ouvrier P2 dans l’entreprise Mallet à Lille en octobre 1934.

Sympathisant du Parti socialiste SFIO, Jules Meurillon participa à la manifestation organisée par les syndicats, le 12 février 1934. Par la suite, il prit part avec son frère jumeau aux activités des Auberges de jeunesse dont il partageait les aspirations antifascistes et se lia d’amitié avec Maurice Cuvillon. Il effectua son service militaire d’août 1935 à septembre 1937 au 18e régiment du génie à Metz et fut mobilisé en août 1939 comme télégraphiste sur la ligne Maginot. En décembre 1939, il fut affecté spécial, contremaître chez son ancien employeur Mallet, comme spécialiste soudeur tous métaux et serrurier forgeron.

Lors de l’invasion allemande et de l’exode en mai 1940, Jules Meurillon quitta Lille à bicyclette et se retrouva sans employeur à Limoges. Démobilisé, il retrouva son frère jumeau à Salviac (Lot). Ils travaillèrent à Perpignan comme serruriers à la Ferronnerie perpignanaise (août - octobre 1940). En octobre 1940, il ne parvint pas à gagner la Grande-Bretagne malgré une tentative à partir de Marseille. Il s’occupa alors de l’organisation d’un camp de réfugiés à Saint-Chamas. Après la dissolution du camp, envoyé à Arles, il travailla épisodiquement comme manœuvre puis comme ouvrier soudeur dans diverses entreprises de la région. En juillet 1941, embauché comme soudeur dépanneur par la Société méditerranéenne de chauffage automatique à Marseille, il se déplaçait pour effectuer des réparations dans les hôpitaux du Sud-Est. Maurice Cuvillon lui proposa alors d’adhérer au mouvement « Libération » et de diffuser son journal dans la région méditerranéenne. En contact avec le dirigeant socialiste Daniel Mayer*, il se rendait régulièrement à Lyon pour y chercher du matériel de propagande.

En septembre 1942, des arrestations démantelèrent les services d’impression de la feuille clandestine. Cuvillon lui proposa de s’installer à Lyon pour monter de toutes pièces une nouvelle organisation qui permit d’assurer l’impression du journal. Dès lors, à partir du numéro 19 du 15 novembre 1942, il assuma la responsabilité de l’impression du journal du mouvement, « organe des forces de la résistance française » sous le pseudonyme de « Julien » en zone Sud et de « Léonard » en zone Nord. Outre Cuvillon, il était en contacts réguliers avec Pascal Copeau, Roger Massip et avec les époux Hervé, principaux rédacteurs du journal. Il assurait la liaison avec les imprimeries disséminées dans la France méridionale (Lyon, Montélimar, Toulon, Bourg-en-Bresse, Rodez, Toulouse, Auch, etc.). Outre le journal régulier, il eut la responsabilité de la publication des Cahiers de Libération à partir de septembre 1943.

Au début de 1944, Jules Meurillon fit partie de l’Exécutif Zone Sud de Libération, chargé des liaisons avec l’état-major FFI. De mars à septembre 1945, administrateur de l’agence de presse JFA (Journalistes français associés), il devint d’octobre 1945 à décembre 1946, secrétaire permanent des amis d’Action.

Après la guerre, Jules Meurillon, marié religieusement le 1er décembre 1945 à Haubourdin (Nord) avec une institutrice, habita Paris avec son épouse qui exerçait comme institutrice suppléante. Puis il travailla pendant l’année 1947 comme contremaître dans l’entreprise de serrurerie de son beau-père Georges Duhem à Haubourdin, puis comme chef d’atelier aux Ateliers de constructions de Loos (janvier 1948- février 1951).

Jules Meurillon entra, sur concours, en 1951 comme professeur de serrurerie à l’Association nationale interprofessionnelle pour la formation rationnelle de la main-d’œuvre qui gérait, depuis 1949, les centres de formation professionnelle des adultes. L’ANIFRMO devint en 1966 l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). L’organisme avait son siège dans le XIVe arrondissement de Paris (rue Dareau) puis à Montreuil. Il s’occupait entre autres des questions pédagogiques et devint un des responsables, dans le syndicat, de la formation.

Responsable du syndicat CGT de l’association, Jules Meurillon appartint à la commission exécutive du Syndicat national de l’enseignement technique et professionnel, au bureau fédéral de la Fédération de l’Éducation nationale-CGT (années 1960-années 1970) dont il présida plusieurs réunions dans les années 1970, du bureau national du Syndicat national du personnel de la FPA. Il intervint à la tribune lors de deux congrès confédéraux. Il fut à plusieurs reprises candidat comme délégué du personnel dans le deuxième collège au siège de l’AFPA à Montreuil. Le 31 mai 1968, il signait au nom de la CGT le protocole d’accord entre le ministère des Affaires sociales et les syndicats du personnel de l’AFPA pour la reprise du travail et celui portant sur les sanctions disciplinaires et le fonctionnement des commissions de discipline.

Actionnaire du journal Libération jusqu’à sa disparition au début des années 1960, Jules Meurillon, membre du Parti communiste français depuis la fin de 1946, militait dans les associations de parents d’élèves (président de l’APE de Massy jusqu’en 1963) et fut Délégué départemental de l’Éducation nationale à Massy où il habitait. Sa femme y était institutrice depuis 1952 après avoir travaillé à Argenteuil et à Savigny-sur-Orge. Ils avaient trois filles.

Retraité à la fin de 1976, installé en mars 1977 avec son épouse à Carantec (Finistère), Jules Meurillon présidait l’Université du troisième âge de Morlaix du début des années 1980 au début des années 1990. Il y prononça plusieurs conférences sur la Résistance. Il ne reprit pas sa carte du PCF en 1985 (cellule de La Madeleine à Morlaix) tout en demeurant un sympathisant. Il avait entrepris la rédaction de ses mémoires dans les années 1990 qui furent publiées après son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article141979, notice MEURILLON Jules, Eugène, Florimond par Laurent Douzou, Jacques Girault, version mise en ligne le 11 septembre 2012, dernière modification le 24 avril 2021.

Par Laurent Douzou, Jacques Girault

ŒUVRE : Julien Léonard, un résistant ordinaire éditeur clandestin de Libération (1940-1945), préface de Lucie Aubrac, Morlaix, Imprimerie du Viaduc, 2000, 246 p.

SOURCES : Archives nationales : série 3AG2 (fonds du BCRA) et fonds Meurillon. — Archives départementales de la Seine-Saint-Denis : fonds Meurillon. — Renseignements fournis par l’intéressé et par son épouse. — Julien Léonard, un résistant ordinaire éditeur clandestin de Libération (1940-1945), préface de Lucie Aubrac, Morlaix, Imprimerie du Viaduc, 2000, 246 p. - CHRD (Lyon) Archives Meurillon, AR 2111.

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