BOENS Daniel, Félix, dit Daan.

Par Willy Haagen - Jean Puissant

Ostende (pr. Flandre occidentale, arr. Ostende), 4 juin 1893 – Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand), 28 janvier 1977. Employé puis professeur à la Centrale - socialiste - d’éducation populaire et enfin bibliothécaire, militant socialiste, conseiller provincial de Flandre occidentale, député de l’arrondissement de Ostende-Furnes (Veurne)-Dixmude, conseiller communal d’Ostende.

Daniel Boens, dit Daan, est le fils de Carolus Ludovicus Boens, boulanger, ensuite négociant textile, et de Victorina Maria Vroome, issue d’une famille de marins. Il poursuit ses études à l’école primaire puis à l’athénée d’Ostende. Boens, qui adhère aux Jeunes gardes socialistes (JGS), rêve d’être marin, contre l’avis de sa mère, puis archéologue. Il entame alors la philosophie et l’histoire de l’art à l’Université de Liège et suit également des cours artistiques à l’Académie des BA où il fait la connaissance d’artistes comme Permeke, Ensor, Spilliaert… qui deviendront des amis. En 1911, il est membre du bureau puis secrétaire de l’association d’étudiants Onze taal (Notre langue). Il est « candidat », mais faisant partie de la classe de 1913, il fait son service militaire.

Soldat sur le front de l’Yser durant la Première Guerre mondiale, Daan Boens est actif sur le plan littéraire. Malade, il ne participe pas à la campagne de l’été 1914. Réfugié à Calais, il réintègre l’armée et fait la guerre sur le front de l’Yser où il devient caporal. Blessé et gazé lors de l’offensive libératrice d’octobre 1918, il en garde une sclérose du poumon et une bronchite chronique. Poète, écrivain (il commence à publier en 1907), Daan Boens écrit durant la Première Guerre des poèmes qui décrivent son expérience de soldat loin de tout défaitisme comme de tout patriotisme cocardier, manifestent sa foi en l’homme et son amour de la vie.

Daan Boens reprend ses études à l’issue de la guerre mais ne les termine pas. Il devient rédacteur au ministère de la Justice en 1919. Démocrate et pacifiste, il crée à Ostende « Opstanding », section du mouvement Clarté (Barbusse) « pour la paix et une Europe Unie ». En 1921, sollicité par le parti libéral (opinion de la famille de sa mère) et le Front Partij (parti frontiste), il choisit de se présenter sur les listes du BWP (Belgische werklieden partij - Parti ouvrier belge (POB)) aux élections provinciales. En 1929, il est signataire du compromis des Belges (Destrée-Huysmans).

En 1919, Daan Boens pose sa candidature pour le poste de bibliothécaire de la ville d’Ostende, mais n’est pas retenu. Il milite au sein de la Centrale d’éducation ouvrière comme secrétaire du Comité régional des Flandres de 1923 à 1925, et comme professeur, à partir de 1924. Il est également délégué de cette centrale au Conseil général du POB de 1923 à 1929 lorsque Max Buset lui succède.

Du 28 novembre 1921 au 5 avril 1925, Daan Boens est membre du conseil provincial de Flandre occidentale. Il prête serment, le 6 décembre 1921, sous réserve de ses opinions républicaines.
Il est député de l’arrondissement Ostende-Furnes-Dixmude du 5 avril 1925 au 12 avril 1929. Rapporteur du budget au ministère de l’Intérieur, il dépose une proposition de loi pour la réduction du service militaire, qui sera rejetée. À partir du 25 juin 1925, il est membre de la Commission pour la révision de la loi du 10 mars 1925 concernant l’assurance-vieillesse et les décès prématurés. Lors des élections législatives de 1929, il n’est pas réélu, le siège allant à Jérôme Leuridan du Front Partij. De 1926 à 1932, il siège au conseil communal d’Ostende. De 1927 à 1929, il est secrétaire d’arrondissement pour le POB. Flamingant, il se préoccupe surtout lors de ses mandats communaux et législatifs de questions sociales en particulier concernant les marins et de questions portuaires.

Après sa défaite électorale en 1929, Daan Boens part pour Gand où, à partir du 15 juillet 1929, il est secrétaire de rédaction du journal Vooruit (En avant) et administrateur de la société coopérative Het Licht (La lumière). En 1936, il est cofondateur de Radio-Vlaanderen et collaborateur actif de la fête du 11 juillet 1937 à Courtrai (pr. Flandre occidentale). À partir de 1936, il consacre beaucoup de temps à la mise sur pied d’une firme privée de publicité.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Daan Boens est toujours administrateur et secrétaire de la coopérative Het Licht, collabore au Vooruit, sous contrôle allemand, où il se charge, entre autres, de la chronique « Art et Culture » et devient membre du Verdinaso (Verbond der dietsche nationaal solidaristen, organisation fasciste, divisée sur l’attitude à avoir durant l’occupation avant de rejoindre le VNV). Il s’abonne au journal De Vlag (Le drapeau) organe de DEVLAG (Deutsche-vlaamsche gemeenschap organisation nazie). En 1942, il entre au service de la firme allemande Intercontinental tout en restant agent de publicité au Vooruit.

Après 1945, Daan doit répondre de son attitude durant la guerre devant l’Auditorat militaire. Il est condamné à deux ans de prison, à 100 000 Frs d’amende à payer à l’État belge et à participer à l’indemnisation pour dommage moral à la coopérative Het Licht. Dans la période d’après-guerre, il reste agent de publicité jusqu’en 1952 puis devient bibliothécaire de la Centrale générale des syndicats libéraux de Gand.

De 1927 à 1945, Daan Boens siège au Conseil d’administration d’une entreprise textile de Roulers. Il s’intéresse à la vie culturelle : il est membre du fonds des surdoués de 1927 à 1930, membre du Conseil d’administration (CA) de l’Athénée royal de 1928 à 1930, membre du CA de la bibliothèque communale à partir de 1925, membre du CA du Musée des Beaux-Arts de Gand de 1922 à 1924, membre du CA de la Commission pour les monuments à Gand de 1922 à 1924, trésorier de la Commission de l’archéologie à Gand de 1922 à 1924. À Ostende, il siège également un certain temps au CA de l’Institut Gotschalk (Institut pour pêcheurs retraités).

En 1938, Daan Boens est cofondateur de PAN, l’association d’écrivains de Flandre orientale. Dans ses loisirs, il est peintre, entre autres, de marines. C’est un élève de Permeke.

Titulaire de nombreuses distinctions honorifiques liées à la guerre, Boens est l’époux de de Marie-Louise Herreman en 1922 (deux enfants), puis, après un divorce, de Hilda Reichardt, fille d’un industriel de la métallurgie (deux enfants).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142204, notice BOENS Daniel, Félix, dit Daan. par Willy Haagen - Jean Puissant, version mise en ligne le 5 octobre 2012, dernière modification le 25 septembre 2021.

Par Willy Haagen - Jean Puissant

ŒUVRE : voir VWS-Cahiers, n° 44, Koekelaere, 1973.

SOURCES : VAN EYCKEN J., « Het socialisme in Oostende : Geschiedenis in een notedop », Infrarood, speciale editie, 17 december 1977 – VAN MOLLE P., Le Parlement belge 1894-1972, Anvers, 1972, p. 19 – DE VULDERE R., Biografisch repertorium der belgische parlementairen, senatoren, en volkvertegenwoordigers, 1830-1965, RUG, Gent, 1965, p. 1326-1327 – SCHEPENS L., De provincieraad van West-Vlaanderen 1921-1978. Socio-politieke studie van een instelling en haar leden, met 550 biografieën van West Vlaamse prominenten, Lanno-Tielt-Amsterdam, 1979, p. 252 – NUITTEN K., Bijdrage tot de geschiedenis van de socialistische arbeidersbeweging te Oostende. Politiek en organisatorische ontwikkeling (1880-1940), onuitgegeven licentiaatsverhandeling, Brussel, VUB, 1973-1974 – Vooruit, 5 maart 1947, p. 3 ; 6 maart 1947, p. 3 ; 7 maart 1947, p. 3 – Volksgazet, 1ste februari 1977 (icono) – Comptes-rendus des congrès du POB, 1922 à 1929 inclus – Notice réalisée par Myriam Marchand, section Journalisme de l’Université libre de Bruxelles, 1989.

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