THOMAS Philippe.

Par Jean Puissant

Houdeng-Aimeries (aujourd’hui commune de La Louvière, pr. Hainaut, arr. Soignies), 1er juillet 1854 − Schaerbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 17 mai 1932. Ouvrier mineur, boulanger, dirigeant syndical, membre de l’Association internationale du travail, conseiller communal socialiste à Schaerbeek, frère de Jean-Baptiste Thomas.

Selon un récit autobiographique, Philippe Thomas fait partie d’une famille de neuf enfants, dont le père meurt dans une épidémie de choléra en 1866 (?). Thomas doit descendre au fond de la mine à l’âge de neuf ans – sic, l’âge réglementaire est de dix ans –. Il devient secrétaire du Syndicat de Haine-Mariemont, affilié à l’Association internationale des travailleurs (AIT), à l’âge de dix-huit ans, en 1872 donc. Il perd son travail en 1874 ou un peu plus tard − probablement en 1876, date d’une grève soutenue par ce syndicat −. Son frère aîné, Jean Baptiste, mineur lui aussi, est actif lors de cette grève.

En 1877, Philippe Thomas gagne Bruxelles où il apprend le métier de boulanger chez le mari d’une sœur aînée, installé chaussée de Wavre à Ixelles (Bruxelles). En 1882, il s’installe à son compte à Schaerbeek, d’abord rue Josaphat, puis rue du Progrès. Grâce à son commerce prospère, il devient électeur général. Cependant, son soutien à la boulangerie coopérative La Maison du Peuple l’aurait obligé à se réinstaller plus modestement rue de la Poste. En 1920, il devient agent de La Prévoyance Sociale.

Philippe Thomas participe à la création de la Ligue ouvrière progressiste de Saint-Josse - Scharbeek en 1883. Il se présente sans succès, comme candidat du Parti ouvrier belge (POB), au poll communal du cercle (libéral) progressiste en 1887. Il est élu conseiller communal en 1890 et le restera jusqu’à sa mort, plus de quarante ans, en 1932. À plusieurs reprises, Philippe Thomas est l’objet d’attaques catholiques, en raison de sa profession (soupçon de confusion des intérêts). Défenseur du petit commerce, partisan d’un nouveau marché place Lehon (quartier du nouvel hôtel de ville), de l’organisation de fêtes communales propices au commerce, il est également adversaire du colportage. Il est pourtant un conseiller communal socialiste actif qui gardera la confiance de ses mandants, ce qui n’est pas le cas de son compagnon Delrue. Il fait partie des sections : instruction publique, travaux publics et contentieux.

Philippe Thomas se manifeste comme républicain – il s’oppose avec Delrue, à une adresse au roi et à la reine lors du décès du prince héritier Baudouin –, hostile à l’église car, partisan de la séparation de l’église et de l’état, il s’abstient au vote sur le budget de la fabrique d’église. Le principe du salaire minimum, revendication phare des syndicats à l’origine du POB, ayant été adopté par le conseil communal, il reste à le faire inscrire dans chaque adjudication de travaux et dans chaque association à laquelle participe la commune. Philippe Thomas va plus loin en exigeant que les adjudicataires ne puissent employer que des syndiqués. Critiqué au nom de la liberté du travail, il rétorque : « Cette liberté, vous la laissez complète aux patrons, la seule liberté de l’ouvrier, c’est de mourir de faim. » Il plaide en faveur de l’exploitation, par les communes, des tramways, de l’assurance incendie, de l’instruction laïque et gratuite (programme du POB). Il est favorable aux installations maritimes et donc à l’implication financière de la commune dans le projet. Il défend l’égalité de rémunération des femmes et des hommes dans les services communaux, l’amnistie pour les condamnés des grèves de 1891 et de 1893 en faveur du suffrage universel. Son cheval de bataille est la construction d’un bassin de natation, pour la santé des ouvriers. Il en défend l’idée jusqu’à la réalisation en 1904. Son futur collègue, Frans Fischer*, organisateur d’une revue annuelle, l’y représente en maillot de bain agitant une cloche et criant « les bains sont ouverts ».

Philippe Thomas se révèle donc être un parfait conseiller POB, ce qui n’est toujours pas le cas de tous ses, rares, confrères à l’époque. C’est la raison pour laquelle il est constamment réélu. Il participe donc de 1896 à 1932 à la majorité laïque, libérale-socialiste, qui dirige la commune de Schaerbeek et en fera la plus importante et la plus moderne du pays du pays après Bruxelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142371, notice THOMAS Philippe. par Jean Puissant, version mise en ligne le 12 octobre 2012, dernière modification le 2 septembre 2020.

Par Jean Puissant

SOURCE : PUISSANT J., La politique communale du POB (1884-1895), son application dans trois communes bruxelloises, Bruxelles, Molenbeek, Schaerbeek, mémoire de licence ULB, Bruxelles, 1965.

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