PONCELET Roger, Louis [dit Gregor, dit Pacquot]

Par Daniel Grason

Né le 19 octobre 1920 à Charleville-Mézières (Ardennes), fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; militant communiste ; résistant FTPF.

Les parents de Roger Poncelet, Henri, verrier, et Élise, née Tissière, vinrent vivre en région parisienne et se fixèrent au 75 rue des Champarons, à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Son père, magasinier chez Lioré et Olivier à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), constructeur d’hydravions, nationalisé le 1er février 1937 et devenu la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Est (SNCASE), militait à la CGT et au Parti communiste. Gréviste le 30 novembre 1938 à l’appel de la CGT pour protester contre les décrets-lois Daladier-Reynaud, il fut licencié.
Célibataire, ajusteur, Roger Poncelet travaillait à l’usine Amiot de Colombes, qui fabriquait des bombardiers. Il adhéra à la Jeunesse communiste de France (JCF) en 1939. Trop jeune, il échappa à la mobilisation de septembre. Après la dissolution des organisations communistes par le décret-loi du 26 septembre 1939, il n’eut pas d’activité politique.
Manuel Laumonier de Bezons le contacta pendant l’été 1940, et il effectua jusqu’en juin 1942 un travail de reconstitution de l’organisation et distribua des tracts. En juin 1942, il fit partie du triangle de direction de la JC Paris-Ouest, chargé des masses. Il impulsa à la suite de l’arrestation de trois militants de l’entreprise La Lorraine, à Argenteuil, l’organisation d’une grève de protestation, puis fut muté à Paris-Sud. Il quitta son travail chez Amiot le 23 août 1942, ainsi que le domicile de ses parents, et plongea dans la clandestinité.
Le responsable des cadres du Parti communiste, Pierre Brossard, dit Philibert, fut arrêté par la Brigade spéciale (BS1) le 3 mars 1943, et les policiers saisirent deux cent cinquante à trois cents fiches ou notices biographiques de militants communistes, dont celle de Pierre Schlup, membre du triangle de direction de plusieurs groupes FTP. Celui-ci fut appréhendé le 22 mars, ainsi que Roger Poncelet le 31 mars, à son domicile clandestin, 3 Grande-Rue à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), par des inspecteurs de la BS2.
Les policiers découvrirent des tracts dont un « Ordre du jour de Staline », des « Directives aux Responsables régionaux », différents papiers destinés à des jeunes désireux d’échapper au Service du travail obligatoire (STO), ainsi qu’une lettre destinée à sa fiancée, Madeleine Deshayes. Emmené dans les locaux des BS à la préfecture de police, Roger Poncelet fut battu à plusieurs reprises. L’un des résistants arrêtés déclara que Roger Poncelet recrutait pour les FTP ; il s’en défendit, affirmant que ses tâches étaient politiques.
Livré aux Allemands, incarcéré le 8 avril à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), condamné à mort par un tribunal militaire allemand le 5 octobre 1943 pour « activité de franc-tireur », Roger Poncelet a été fusillé le 23 octobre au Mont-Valérien.
Son père témoigna le 18 janvier 1945 devant la commission d’épuration de la police. Il avait rendu une dernière visite à son fils le 22 octobre 1943, et celui-ci lui avait fait dit « qu’il avait été martyrisé pendant sa détention » aux BS. Il déposa plainte contre ceux qui avaient arrêté son fils et les tortionnaires.
Roger Poncelet fut inhumé après la Libération dans le carré des fusillés au cimetière d’Asnières, et une stèle fut gravée à son nom. Le 23 septembre 1946, la municipalité d’Asnières donna son nom à la rue des Dames.

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Dernière lettre
 
Fresnes, le 23 octobre 1943
Chers parents,
Il est neuf heures. Je viens d’apprendre que mon recours en grâce est rejeté. Je mourrai à midi. Je vous demande dans mes, dernières volontés d’être très courageux ; je sais que votre douleur sera profonde, mais un espoir nous anime notre sacrifice ne sera pas vain.
Surtout, ne regrettez pas l’éducation que vous m’avez donnée ; moi, je ne regrette rien. Je me suis mis au service d’une cause qui rendra notre pays
heureux. Une seule chose me rend triste, c’est la peine que vous allez avoir.
Cher papa, reporte toute ta tendresse sur le petit
Christian ; il sera notre première relève.
Chers frères et sœurs, pensez à nous tous qui allons mourir pour le bonheur de la jeunesse mondiale.
Adieu à tous nos amis.
 
Chers parents, je vous embrasse une dernière fois, de tout mon cœur de fils reconnaissant.
Courage ! La France vaincra. Vive le peuple combattant !
 
Votre fils Roger

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142414, notice PONCELET Roger, Louis [dit Gregor, dit Pacquot] par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 octobre 2012, dernière modification le 24 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1798, BA 2117, BA 2299, KB 6, KB 29, PCF carton 8, Militants communistes arrêtés par la police française. – DAVCC, Caen, B VII 4 (Notes Thomas Pouty). – Arch. mun. Asnières. – Arch. mun. Colombes. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – Lettres de fusillés, Éditions France d’abord, p. 157-158. — État civil.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 186 cliché du 2 avril 1943.

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