STERN Hélène [née SZTULCMAN Hélène]

Par Robert Kosmann

Née le 21 décembre 1934 à Paris (XIe arr.) ; secrétaire ; militante communiste, secrétaire de Jacques Duclos puis d’Etienne Fajon ; collaboratrice de son mari Alain Stern au sein de l’UISM, puis de la FSM.

Hélène et Alain Stern
Hélène et Alain Stern

Les parents d’Hélène Stern, , Hersch (Henri) Sztulcman et Rywka (Rachel), née Szpigiel, fuirent la Pologne à la fin des années 1920 en raison de l’antisémitisme qui régnait dans ce pays. Ils s’établirent à Paris, avenue Ledru Rollin (XIe arr.). Ils travaillèrent tous deux dans la confection de vestes et gilets. Hélène Sztulcman fréquenta alors l’école communale de la rue Keller. Elle vécut avec ses parents, son frère Nathan, et sa grand-mère paternelle. À l’arrivée des troupes d’occupation nazie à Paris, son père fut arrêté le premier, par l’administration française, et interné au camp de Beaunel-la-Rolande dans le Loiret, en juillet 1941. Sa mère fut arrêtée un an plus tard par la police française, lors de la rafle du Vel-d’Hiv, en juillet 1942. Les parents d’Hélène Sztulcman transitèrent ensuite par le camp de Drancy et ne revinrent jamais du camp d’extermination d’Auschwitz. D’autres policiers français, chargés d’arrêter la grand-mère et les deux enfants, cédèrent devant la détermination de l’aïeule, les laissèrent libres tous les trois et leur permirent d’échapper à la rafle.

Une association de secours prit en charge Hélène Sztulcman et l’envoya en Seine-et-Marne où elle suivit l’école communale. Elle avait alors huit ans. Après un court passage dans l’Isère dans une école hébraïque, elle revint à Paris (XIe arr.) en 1945, retrouva sa grand mère et l’école communale de la rue Keller puis fut envoyée à Andresy (Yvelines) dans un manoir de l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE). Elle y passa son certificat d’études primaires en 1948 avant d’être transférée au Raincy (Seine, Seine-Saint-Denis) où, à quatorze ans, elle suivit une formation de secrétariat commercial. Le manoir de l’UJRE était encadré par des dirigeants communistes. Hélène Sztulcman adhéra naturellement à l’UJRF en 1951. Cette même année, elle fut désignée pour participer au festival de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD) à Berlin. L’année suivante elle adhéra à l’Union des jeunes filles de France (UJFF).

En 1953 dans le cadre d’un camp de camping de l’UJRF, Hélène Sztulcman rencontra Alain Stern qui devint son mari le 16 janvier 1954. Hélène Stern accoucha d’une petite fille, Catherine, le 9 mai 1954.

En 1956, Hélène Stern fut engagée comme secrétaire comptable à l’entreprise Aubé à Paris, jusqu’en mai 1957, date à laquelle naquit sa seconde fille, Dominique. La famille emménagea alors boulevard Diderot à Paris et peu de temps après la naissance de sa seconde fille, Hélène Stern fut embauchée au Centre de diffusion du livre et de la presse (CDLP) chargé de la diffusion de la propagande du PCF auprès des militants et des organisations proches.

Hélène Sterne avait adhéré au PCF en 1953 mais militait surtout à l’Union des femmes françaises (UFF), où elle avait pris sa carte en 1955. Elle fut désignée secrétaire de cette organisation pour le XIIe arrondissement parisien en 1960 et élue au comité de la section communiste jusqu’à la fin 1968. L’activité d’Hélène Stern dans l’UFF concernait surtout les revendications féminines locales, et la question des crèches. À l’occasion du 8 mars, les organisatrices passaient des films, elles faisaient aussi des ventes-expositions à la fête de l’Humanité. À cette époque, l’UFF considérait l’avortement et la contraception comme des « problèmes individuels ». Hélène Stern était en désaccord avec la position de Jeannette Vermeersch sur ces questions, sans que cela ne se traduise par une critique ouverte au sein de l’UFF.

En 1965, elle suivit l’école centrale d’un mois du PCF et devint la secrétaire de Jacques Duclos, fonction qu’elle conserva pendant dix ans, jusqu’au décès de celui-ci. Elle devint ensuite secrétaire d’Étienne Fajon, pendant deux ans.

En janvier 1981, les époux Stern partirent pour Moscou où Alain, responsable de Fédération CGT de la Métallurgie, était proposé comme secrétaire de l’Union internationale des syndicats de la Métallurgie (UISM), particulièrement chargé de suivre les syndicats dans les sociétés transnationales. Hélène Sterne assurait le secrétariat technique de cette organisation. En 1986, sur proposition de la CGT, Alain Stern abandonna ses fonctions à l’UISM pour s’installer à Prague où il devint membre du secrétariat de la Fédération syndicale mondiale (FSM). Hélène Stern l’accompagna et travailla à la FSM. Les années passées à Moscou lui firent partager la vie des soviétiques. Sans critiquer le régime, elle dénonçait les difficultés de la vie quotidienne, le manque d’organisation ou la mauvaise répartition des aliments : « il manquait toujours quelque chose et on n’avait pas d’interlocuteur ». À Prague, les époux Stern vivaient comme dans une ambassade, relativement coupés des préoccupations politiques des Tchécoslovaques. Fin 1993, Hélène Stern avait 59 ans, Alain 62. Ils quittèrent leurs responsabilités à la FSM et rentrèrent sur Paris. Ils regrettèrent la sortie de la CGT de la FSM, considérant qu’une autre position était possible pour éviter une rupture définitive, notamment dans le domaine des Unions professionnelles internationales.

En 2013, Hélène Stern, ne ressentait aucun déchirement et affirmait : « au même âge je recommencerais les mêmes choses ». Son époux et elle-même avaient eu leur propre opinion et des désaccords, mais avait été portés par une approbation globale de la politique du PCF. Pour elle, ils n’avaient pas été « suivistes » mais convaincus de la justesse de leur bataille et leur activité avait eu pour but « d’améliorer la vie des gens, pour faire mieux, autrement, et pour les autres ». En 2013, Hélène Stern était encore trésorière des retraités CGT de la Métallurgie, adhérente à la cellule Maurice Thorez à Paris (60ème carte), et aidait au fonctionnement de l’Institut d’histoire sociale CGT de la métallurgie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142458, notice STERN Hélène [née SZTULCMAN Hélène] par Robert Kosmann, version mise en ligne le 19 octobre 2012, dernière modification le 7 mai 2014.

Par Robert Kosmann

Hélène et Alain Stern
Hélène et Alain Stern

SOURCE : Hélène et Alain Stern, Les métallos et l’anticipation sociale, Association CRIS, 2012. ― Entretien avec Hélène Stern, février 2013.

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