WAGNER Maurice, Charles

Par Daniel Grason

Né le 6 juin 1900 à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), fusillé le 10 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; militant communiste.

Fils de Charles, serrurier, et d’Adéma, née Réaux, Maurice Wagner épousa Léontine Hubert le 24 février 1920 à Bordeaux (Gironde). Il adhéra au Parti communiste en 1922. Il vint travailler en région parisienne et se remaria, avec Marie Bonnot, le 7 juillet 1927 à la mairie du XVIe arrondissement de Paris. Pendant la guerre, il exerçait la profession d’ajusteur aux établissements Willème à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine), entreprise qui fabriquait des camions. En 1941, en instance de divorce, il vivait 21 rue de Sartrouville à Bezons (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) avec Constance ; le couple était parent de deux enfants jumeaux.
Des militants, communistes ou non (ces derniers organisés dans des comités populaires d’usines) étaient particulièrement actifs dans plusieurs villes et entreprises de la banlieue Ouest. Ils distribuaient des tracts à Nanterre, Boulogne, Suresnes, Courbevoie, mais aussi dans la Seine-et-Oise : Saint-Cloud, Bezons, Carrières-sur-Seine, Houilles, Cormeilles-en-Parisis... L’expression dans les entreprises émanait souvent de comités populaires d’usines dans des usines : SIMCA, Solex, Willème, La Folie aviation, Montupet, Bloch, Solex, Saurer, LMT, SNCAC, Lobstein... Félix Pozzi ancien ouvrier électricien chez Goodrich à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), ex-brigadiste en Espagne républicaine, en était le principal animateur.
Vers la mi-août 1941, un habitant de Nanterre se présenta au poste de police de la ville. Il venait se plaindre du fait que des tracts communistes étaient déposés dans sa boîte aux lettres. Il fit une seconde démarche quinze jours plus tard au commissariat de Puteaux et dénonça Célestin Hébert, militant communiste qui habitait un pavillon voisin du sien. Des policiers de la brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat de Puteaux surveillèrent les lieux.
Le 8 septembre, le couple Hébert fut appréhendé ; trois jours plus tard, la police arrêta Félix Pozzi, et le 13 septembre, ce fut au tour d’autres propagandistes. Le 16 septembre, six policiers du commissariat de Puteaux et un gendarme appréhendèrent Maurice Wagner à 17 heures sur son lieu de travail. La perquisition de son domicile fut infructueuse.
Maurice Wagner fut détenu quatre jours au commissariat de Puteaux, transféré au Dépôt, puis à la prison de la Santé (Paris, XIVe arr.), enfin remis aux Allemands. Lors de son interrogatoire au commissariat, il reconnut être membre du comité populaire et distributeur de tracts aux usines Willème. Le contact s’était établi avec Daniel Baron aux usines Willème par l’intermédiaire de Roger Bouchacour.
Du 9 au 25 mars 1942, le tribunal militaire allemand du Gross Paris siégea, à Paris. Le commissaire de Puteaux et un inspecteur de la BSi chargèrent les inculpés, le commissaire demandant aux juges allemands de prononcer la peine de mort contre les prévenus. La requête fut entendue : quinze condamnations à mort furent prononcées, dont celle de Maurice Wagner, Lucienne Hébert et Florentine Berson pour « Intelligence avec l’ennemi ».
La veille de son exécution, Constance vit pour une dernière fois son compagnon, qui lui dit : « C’est au commissaire de police que j’en veux, car c’est lui qui m’a fichu dedans. Il m’a mêlé dans une affaire à laquelle je suis complètement étranger. » Les treize condamnés à mort firent face au peloton d’exécution au Mont-Valérien le 10 avril 1942 dans l’après-midi. Maurice Wagner fut passé par les armes à 16 h 01. L’abbé allemand Stock dit dans son Journal de guerre, « La plupart des communistes moururent en criant : "Vive le Parti communiste ! etc." » Voir Félix Pozzi.
Après la Libération, sa compagne témoigna devant la commission d’épuration de la police sur les circonstances de son arrestation.
Le conseil municipal de Bezons donna le nom de Maurice Wagner à une rue de la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142710, notice WAGNER Maurice, Charles par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 octobre 2012, dernière modification le 11 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 1928, BA 2117, CB 90.31, KB 7, KB 10, KB 44, KB 85, 77W 3124. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 3, Liste S 1744-183/42 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil, Saint-Jean-d’Angély).

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