Par Guillaume Davranche
Né le 19 mars 1893 à Levallois-Perret (Seine), « tué à l’ennemi » le 13 décembre 1914 au bois de Remières (Meurthe-et-Moselle) ; ouvrier en voiture ; syndicaliste révolutionnaire et antimilitariste.
Laurent Hansmœnnel était, en septembre 1911, membre de la Jeunesse syndicaliste de la Voiture, dans la Seine.
Début 1912, il était secrétaire du Comité d’entente des jeunesses syndicalistes de la Seine. C’est à ce titre qu’il fut envoyé en observateur au congrès des Jeunesses syndicalistes de l’Ouest, le 18 février à Rennes. Il en fit un compte rendu dans La Vie ouvrière.
Le 4 décembre 1912, il fut arrêté en même temps que son successeur François Parmeland* dans le cadre de l’affaire du Mouvement anarchiste, mais ne fut pas poursuivi.
Après l’arrestation de Parmeland, il fut de nouveau secrétaire du Comité d’entente, et anima le congrès des Jeunesses syndicalistes de la Seine, les 27 juillet et 10 août 1913. Il s’y posa comme un défenseur de la ligne confédérale, contre la radicalisation d’une partie des JS.
Fin août, avec les 17 autres membres du Comité d’entente, il cosigna une affiche intitulée « Infamie » dénonçant « l’organisation systématique du mouchardage » et de la « terreur » dans les casernes. « Mais si les bouches sont muettes, disait l’affiche, la révolte gronde dans les cœurs. Attention, si par de nouvelles provocations ils obligent les soldats à sortir de leur mutisme ! » Cela lui valut, le 3 septembre, d’être inculpé pour incitation de militaires à la désobéissance avec ses camarades Edgar Davoust, René Bertin, Louis Lebuet, Alphonse Roussel, Oreste Capocci, Fernand Bellenger et Charles Bedouet. Tous devaient bénéficier d’un non-lieu le 16 décembre.
En septembre 1913, Hansmœnnel fut appelé pour le service militaire au 167e régiment d’infanterie à Toul, où il fut surveillé de très près par l’autorité militaire, la caserne de Toul ayant connu, en mai 1913, une mutinerie de conscrits attribuée à la propagande syndicaliste. Tout son courrier était décacheté. En février 1914, il essayait malgré tout de réunir discrètement un groupe de conscrits antimilitaristes mais il ne put mener à bien ses projets.
Quand la guerre éclata, il se rallia à la défense nationale, et s’en expliqua à Pierre Monatte, dans une lettre datée du 5 novembre 1914 (reproduite dans Syndicalisme révolutionnaire et communisme, où il est orthographié par erreur « Hansmoeursel »). « Le but pour moi est celui-ci, déclara-t-il : combattre un parti militaire allemand qui veut impérialiser une partie de l’Europe ; abolir une famille de gens du modèle napoléonien ; instaurer une politique germanique nouvelle susceptible d’assurer une paix universelle durable. »
Hansmœnnel mourut au combat un mois plus tard.
Par Guillaume Davranche
SOURCES : Arch. Nat. F7/13348 — La Vie ouvrière du 20 septembre 1911, du 5 mars 1912 et du 5 janvier 1914 — La Bataille syndicaliste, 11 août 1913 — L’Humanité, 4 septembre 1913 — Syndicalisme révolutionnaire et communisme (les archives de Pierre Monatte), Maspero, 1968 — Jean-Jacques Becker, Le Carnet B, Kincksieck, 1973, page 92 ― Archives du ministère de la Défense et des Anciens Combattants.