DHALENNE Albert, Eugène, Florimond

Par Daniel Grason

Né le 26 juin 1896 à Saint-Josse-sur-Mer (Pas-de-Calais), fusillé le 13 janvier 1942, par condamnation, au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; inspecteur principal de la police municipale ; résistant gaulliste.

Albert Dhalenne.
Albert Dhalenne.

Fils de Florimond et d’Eugénie, née Hispard, Albert Dhalenne obtint le certificat d’études primaires, puis travailla dans l’agriculture. Mobilisé le 10 avril 1915 au 73e régiment d’infanterie, soldat de 1re classe, il combattit jusqu’à l’armistice. Il épousa le 4 février 1919 Marie Guénet, le couple eut deux enfants. Démobilisé le 10 juillet 1919, il était titulaire de la Croix de guerre avec trois citations et de la Médaille militaire. Il fut employé au chemin de fer à titre militaire à compter du 12 février 1919, puis à titre civil après sa démobilisation jusqu’au 4 septembre 1920.
Il entra à la police municipale comme gardien de la paix à la préfecture de police, fut nommé brigadier le 16 mars 1928, puis inspecteur principal adjoint le 16 juillet 1931. En 1937, le commissaire de police de Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine) le proposa, au choix, pour le grade d’inspecteur principal, avec la mention suivante : « Gradé d’élite et précieux, collaborateur d’un dévouement total, a su faire preuve des plus grandes qualités de tact et d’autorité dans maintes circonstances difficiles, a fréquemment assuré le commandement d’effectifs importants. »
Pendant l’exode de 1940, il vécut deux mois au 16 rue Madame-de-Sanzillon à Clichy-la-Garenne ; un local attenant appartenait à Ferrari, marchand de métaux, Albert Dhalenne y entreposa des armes et des munitions. Le commissaire René Cornec sans connaître le détail de l’activité résistante d’Albert Dhalenne le couvrait tacitement.
Albert Dhalenne n’était pas engagé politiquement, mais entra dans un réseau gaulliste dès la défaite de 1940, facilita le passage en zone libre de soldats français et allemands déserteurs, leur fournissant des faux papiers. Une filière de passage vers l’Angleterre dirigée par Pierre Fillol, commandant du centre de recrutement de l’armée de La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) était financée par Joseph Joinovici dont la société Joinovici Frères de Clichy-la-Garenne avait une succursale à La Rochelle. L’organisation fonctionna sans accroc du dernier trimestre 1940 au premier semestre 1941. Albert Dhalenne, Herman Chaït et Émile Gaget veillaient depuis Clichy-la-Garenne à l’acheminement des candidats au passage en Angleterre.
Un bavard imprudent dévoila le nom d’Albert Dhalenne. Un indicateur de la police française fut chargé par la police allemande de tendre un piège à Albert Dhalenne ; il se présenta à lui pour passer en zone libre. Mis en confiance, Albert Dhalenne lui donna des renseignements, dévoilant ainsi le groupe de résistants.
Plusieurs membres de l’organisation furent pris en filature. Le 17 juillet 1941, la police de la sécurité et du renseignement de la SS (Sipo-SD) sur le territoire français, dirigée par le commandant SS-Sturmbannführer Karl Boemelburg, arrêta une douzaine de membres du réseau. La police allemande perquisitionna le bureau d’Albert Dhalenne au commissariat de Clichy-la-Garenne le matin du 17 juillet 1941. Elle se rendit ensuite à son domicile 26 rue Soubise à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Ce matin-là à 10 heures, il était absent, et les policiers attendirent. Quand il se présenta vers 13 heures, il fut arrêté et incarcéré au quartier allemand de la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Inculpé de « menées gaullistes », il comparut du 21 au 25 octobre 1941 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Onze personnes étaient inculpées, cinq furent condamnés à mort dont Albert Dhalenne pour « activités favorables à l’ennemi ».
Albert Dhalenne, Herman Chaït et Pierre Fillol furent passés par les armes au Mont-Valérien le 13 janvier 1942 à 16 h 31. Le journal collaborationniste Le Matin publia le 22 janvier un « Avis » : « Les citoyens français Fillol Pierre, de La Rochelle ; Dhalenne Albert de Paris (Saint-Ouen), condamnés à mort pour activité en faveur de l’ennemi, ont été fusillés aujourd’hui. Paris, le 13 janvier 1942, Le Commandant du Grand Paris. »
Albert Dhalenne fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 13 janvier 1942 division 39, ligne 1, n°7, puis fut transféré le 9 décembre 1944 dans le cimetière de Saint-Ouen.
Après la Libération, la cour de justice de la Seine fut chargée de déterminer si son arrestation avait eu lieu du fait d’un bavardage involontaire ou sur dénonciation. Le bavard imprudent et l’agent provocateur étaient morts, restaient trois femmes. La justice n’aboutit pas, l’affaire fut classée sans suite.
Albert Dhalenne a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Interné résistant (DIR). La mention Mort pour la France lui fut attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 29 mai 1945. La légion d’honneur lui fut décernée.
Albert Dhalenne fut considéré par la préfecture de police comme « victime du devoir ».
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Dès le 12 octobre 1944, le Comité de Libération de Saint-Ouen proposa de rendre hommage aux fusillés : la rue de Paris devint la rue Albert-Dhalenne. Son nom figure sur le monument de la Résistance et de la Déportation au cimetière communal de Saint-Ouen, sur la plaque des agents tombés lors des deux guerres mondiales dans la cour de la préfecture de police à Paris (IVe arr.), ainsi que sur la plaque au Musée de la police rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.). Enfin une plaque perpétue son souvenir au commissariat de police de Clichy.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142944, notice DHALENNE Albert, Eugène, Florimond par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 novembre 2012, dernière modification le 3 janvier 2022.

Par Daniel Grason

Albert Dhalenne.
Albert Dhalenne.
Dans cet Avis le nom de Filliol a été transformé en Sillol et celui de Dhalenne et Bhalenne.

SOURCES : Arch. PPo. BA 2116, BA 2117, 77W 411, KC 11. — DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — Arch. mun. Saint-Ouen. — André Goldschmidt, L’affaire Joinovici. Collaborateur, résistant et... bouc émissaire, Privat, 2002. — Le Matin, 22 janvier 1942. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Mémorial GenWeb. — SHD Vincennes GR 16 P 183530 (nc). — Répertoire des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo.

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