LI Pierre

Par Annie Pennetier

Né le 18 janvier 1938 à Paris (XIVe arr.) ; assistant opérateur de cinéma puis journaliste à l’Humanité ; militant communiste à Paris jusqu’en 1978.

Pierre Li était le fils de Li Long Tsi, Coréen issu d’un milieu pauvre mais lettré, ayant fui son pays soumis à la domination japonaise, en 1920, sur un bateau parti de Shangaï avec un passeport chinois ; il travailla notamment comme garçon de service dans une clinique parisienne puis comme valet de chambre du cinéaste Marcel L’Herbier et fit des études de linguistique. Selon son fils, il fut président d’une association coréenne pour la réunification. Sa mère, Madeleine Koechlin, fille du compositeur de musique Charles Koechlin, exerça comme institutrice d’école maternelle à Fontenay-aux-Roses (Seine, Val-de-Marne).
Pierre Li fit ses études secondaires au lycée Lakanal de Sceaux et milita à l’UJRF de cette commune, dans les années 1950. Il étudia à l’IDHEC et devint assistant opérateur de grands réalisateurs, Clouzot, Resnais, Bunuel…

En 1963, Pierre Li adhéra au Parti communiste à la cellule cinéma et après mai 1968 « veut devenir un communiste professionnel » ; il suivit une école de section puis fédérale et se vit proposer de travailler à l’Humanité en 1970. Après six mois comme stagiaire dans les différents services du journal, il accepta, en 1972, la proposition d’occuper le poste de correspondant en Pologne, « il y avait peu de candidats pour s’installer dans les pays socialistes » et « je voulais aller sur place vérifier les contradictions entre les récits des uns et les positions des autres ».

Après avoir appris le polonais et coupé sa barbe, la fonction étant également de représentation, il découvrit une réalité polonaise qui ne correspondait pas à la description faite par le PCF, à ce qu’il désirait montrer. Il fit la connaissance de Maryna Ochab, fille d’un ancien secrétaire du Parti communiste polonais qui lui fit rencontrer l’opposant Jacek Kuron. Plusieurs propositions d’articles lui furent refusées, et quand, en mai 1976, il écrivit à Roland Leroy et Jean Kanapa ses inquiétudes sur la possibilité de mouvements de mécontentement à la suite de hausses importantes de prix, Yves Moreau lui téléphona « Fais tes valises, tu rentres à Paris ». Trois semaines plus tard des mouvements de protestation massifs se développaient et la répression suivit. La direction lui reprocha ses contacts avec des opposants dont certains formèrent le Comité de défense des ouvriers (KOR).

De retour à Paris, membre d’une cellule du XVIIIe arr., Pierre Li travailla à la rubrique Internationale de l’Humanité, mais en 1978, après l’échec de l’Union de la gauche, estimant que « l’Huma avait agi à la manière d’un véritable frein » face au souhait d’un débat public de la part de militants communistes, il voulut démissionner et franchit le pas l’année suivante en affirmant ses « désaccords sur la manière d’informer ». Sa cellule le convoqua et lui fit confirmer qu’il était bien l’auteur d’articles parus dans Libération. Il s’éloigna du Parti communiste.

Pierre Li suivit des stages pour apprendre le métier de reporter de télévision et travailla sur Antenne 2 puis à TF1avec Lucie Soboul dans l’équipe de Martine Alain-Regnault où il était responsable de l’unité Santé et solidarité. Pierre Li prit sa retraite en 2002.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143027, notice LI Pierre par Annie Pennetier, version mise en ligne le 14 novembre 2012, dernière modification le 16 novembre 2020.

Par Annie Pennetier

ŒUVRE : Quand les journalistes polonais parlaient, Éditions Megrelis, 1982. — André Fontaine et Pierre Li, Sortir de l’hexagonie, Éditions Stock, 1984. — Marek Edelman, Mémoires du ghetto de Varsovie, traduction Pierre Li et Maryna Ochab, Éditions Liana Levi. 2002. — Hanna Krall, Prendre le bon dieu de vitesse, traduction Pierre Li et Maryna Ochab, 2005.

SOURCES : Témoignage de Pierre Li, juin 2011. — Maurice Goldring, Yvonne Quilès, Sous le marteau, la plume : la presse communiste en crise, Éditions Megrelis, 1982. — Jean-Pierre Gaudard, Les orphelins du PC, Pierre Belfond, 1986. — Site e-tan’gun, entretien de son père Li Long-Tsi, 23 mars 1983, mis en ligne le 29 mars 2011.

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