LLABOURT Marcel, Raphaël, Pierre [dit Marius]

Par Daniel Grason

Né le 2 mars 1909 à Canohès (Pyrénées-Orientales), fusillé le 24 janvier 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; soudeur autogène, gérant d’un débit de vins ; membre du Parti social français, gaulliste ; résistant, membre du groupe France Libre.

Dans cet Avis le nom de Llabourt a été transformé en Labour.

Fils de Pierre, cultivateur et de Marie, née Brial, ménagère, Marcel Llabourt s’engagea pour cinq ans. Il fut incorporé au 23e Régiment d’infanterie coloniale à Paris. Souffrant de troubles et de vertiges, chutant accidentellement, il dut être opéré d’une mastoïdite. Il fut réformé deux ans après son engagement et une pension à hauteur de 15 % lui fut attribuée. Il épousa Marcelle Leblond, archiviste, à Épinay (Seine, Seine-Saint-Denis) le 1er avril 1931. Le couple eut deux enfants et demeurait 37 rue de la Villette à Paris (XIXe arr.). Marcel LLabourt était soudeur autogène au chômage, son père Pierre lui confia la gérance d’un débit de vins.
Marcel Llabourt fit la connaissance en septembre 1941 dans un café-tabac de la rue de la Villette d’un homme qui se présenta comme un représentant de la France libre du général de Gaulle en France occupée. Marcel Llabourt répondit qu’il était délégué de secteur du PSF et qu’il suivait les ordres du maréchal Pétain selon les instructions du colonel de la Rocque. L’homme, Lucien Noël, était chef surveillant du métropolitain. Il remit à Marcel Llabourt une carte d’adhésion du groupe « France Libre ». D’autres rendez-vous eurent lieu. Il fut question d’armes ; un fournisseur éventuel qui travaillait comme électricien à la préfecture de police vint en proposer.
Mais l’organisation naissante fut bientôt infiltrée par Jean Rastelli, un indicateur à la solde du directeur des Renseignements généraux parisiens, le commissaire Jean Baillet. Sept membres du mouvement furent identifiés. Le 7 ou le 8 octobre 1941 (selon les sources) René Rivart et Madeleine Nouvel furent arrêtés à Guémené-Penfao (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) chez les parents de Madeleine. Le 9 octobre, les cinq autres membres du groupe identifiés Marcel Llabourt, Lucien Noël, Henri Palmier, René Palmier et Léon Llorca furent arrêtés à Paris.
Lors de son interrogatoire par le commissaire de police, Marcel Llabourt déclara : « Dès la création des Volontaires nationaux, je me suis enregistré dans les rangs de ce mouvement pour lutter contre le communisme. Par la suite, j’ai appartenu et j’appartiens encore au Parti social Français. » Interrogé à la BS1, il fut confronté à un témoin, et démentit que les « Mille cinq cents adhérents du PSF de son secteur étaient prêts à le suivre dans des actions éventuelles ». Rien ne fut trouvé lors de la perquisition à son domicile.
Les sept résistants accusés « d’intelligence avec l’ennemi » comparurent le 15 décembre 1941 devant le tribunal allemand qui siégeait dans l’enceinte de la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) (ou selon une autre source le 16 décembre 1941 devant le tribunal du Gross Paris ). Le commissaire Baillet vint déposer à charge. Mais les juges militaires allemands semblèrent douter de la réalité de cette « affaire gaulliste » et chargèrent le policier français d’un « supplément d’information ».
Le procès reprit le 15 janvier 1942 et le commissaire Baillet réussit cette fois à convaincre les juges allemands qu’ils tenaient de dangereux agents gaullistes. Cinq inculpés Marcel Llabourt, Lucien Noël, Henri Palmier, René Palmier et René Rivart furent condamnés à mort le 16 janvier 1942, Marcel Llabourt pour « activité en faveur de l’ennemi, détention d’armes et de tracts gaullistes et constitution d’un groupement de caractère gaulliste dénommé « France Libre » ». Ils furent tous les cinq passés par les armes au Mont-Valérien le 24 janvier 1942.
Marcel Llabourt fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 24 janvier 1942 division 39, ligne 1, n°11 puis transféré le 16 décembre 1944 à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis).
Après la Libération, sa veuve témoigna devant la commission d’épuration de la police. Elle confirma l’activité gaulliste de son mari, mais ignorait s’il avait été maltraité. Elle écrivit le 31 mai 1949 au préfet de police, lui demandant une attestation concernant les faits qui avaient motivé l’arrestation de son mari, afin d’obtenir une majoration de pension pour ses deux enfants. Un certificat lui fut délivré le 11 juin 1949. Le texte mentionnait que Marcel Llabourt avait été arrêté « comme fondateur du mouvement de résistance France Libre ».
La mention Mort pour la France fut attribuée à Marcel Llabourt par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 1er janvier 1945.
Le nom de Marcel Llabourt figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur le monument aux morts de Canohès (Pyrénées-Orientales).

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143043, notice LLABOURT Marcel, Raphaël, Pierre [dit Marius] par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 novembre 2012, dernière modification le 25 août 2021.

Par Daniel Grason

Dans cet Avis le nom de Llabourt a été transformé en Labour.

SOURCES : Arch. PPo., 1W 48104, 77W 85, KB 87. — AVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). — Site Internet Mémoire des Hommes. — État civil. — Note d’André Balent. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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