COURVOISIER Claude, Félix

Par Daniel Grason

Né le 19 mars 1923 à Besançon (Doubs), fusillé le 30 avril 1944 à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.) ; marin ; résistant FTPF.

Fils de Fernand, dentiste, et de Germaine, née Pougnet, Claude Courvoisier vint s’installer en région parisienne. Il était domicilié 3 rue de la Poterie à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine).
Au cours de la fin de l’automne 1943, sous la direction du chef de compagnie FTP Robert Massé, cinq groupes de combattants étaient formés dans l’Aube et la Marne. Claude Courvoisier était le chef du 2e détachement de la Marne formé de douze hommes en deux groupes. Claude Courvoisier participa à des sabotages dans la région, à des actions de représailles contre des collaborateurs et à des destructions de sacs de céréales destinés aux réquisitions allemandes.
Du 21 octobre 1943 au 24 février 1944, trente-trois hommes menèrent dans l’Aube et dans l’Yonne cent huit actions dont vingt et une pour se procurer du ravitaillement, dix cambriolages de mairies probablement pour récupérer des tickets d’alimentation et dix-huit de bureaux de tabacs. Deux tentatives de meurtres échouèrent, mais dix-huit assassinats suscitèrent beaucoup d’émoi dans la population, si bien que les actions furent assimilées à celle de la « bande à Robert » (Robert Massé). Ce dernier fut arrêté le 25 février 1944 lors d’une opération conduite par la police française et les Groupes mobiles de réserve. Il y eut dix-huit interpellations dont celle de Claude Courvoisier. Les interrogatoires furent d’une grande violence. Tous furent transférés de Reims à la prison de la Santé à Paris.
Vingt-neuf accusés comparurent le 30 avril 1944 devant une cour martiale composée du directeur du service pénitentiaire et de deux assesseurs, siégeant dans la prison de la Santé. Le tribunal se déclara incompétent pour vingt d’entre eux. Neuf jeunes d’un maquis de l’Aube et de l’Yonne, âgés de dix-neuf à vingt-trois ans, originaires de l’Aube, de la Marne et de Suresnes étaient accusés d’actions de résistance armée, de destruction de récoltes et de vols. Claude Courvoisier, André Ott, Robert Massé, Gaëtan Senlis, Casimir Malak, Albert Finance, Bernard Bosmayer, Guy Hénault et Alfred Godefroy furent condamnés à mort, passés immédiatement par les armes par des gendarmes parisiens (ex-gardes républicains) dans un chemin de ronde de la prison à 6 h 40 du matin.
Une note des Renseignements généraux donna quelques échos des exécutions. Certains condamnés crièrent « Vive de Gaulle ! », « C’est malheureux d’être fusillés par des Français », « Je voudrais mourir avec un drapeau bleu, blanc, rouge portant la Croix de Lorraine ». Sur le chemin qui menait au lieu de la fusillade, ils chantèrent « La Marseillaise ». Ils appartenaient probablement à la résistance gaulliste. Après l’exécution, des détenus qui assistèrent de leurs cellules à la fusillade ou qui entendirent le bruit des balles, chantèrent « L’Internationale » et scandèrent « Assassins ! » à l’adresse des bourreaux.
Le dimanche 28 avril 1946 eut lieu une cérémonie rue Jean-Dolent, devant la prison de la Santé. Une plaque de marbre fut dévoilée : « Derrière ces murs 18 patriotes antifascistes furent exécutés sur les ordres d’un Gouvernement au service de l’ennemi. Ils sont morts pour que vive la France. Français, n’oubliez jamais ! » Quarante-huit heures plus tard, l’Humanité en rendait compte en page une, par une simple photographie légendée, en « l’honneur de 18 patriotes guillotinés ou fusillés », dont Claude Courvoisier.
Figure contestée de la Résistance auboise, Robert Massé fit l’objet de vives critiques après la guerre. Selon Sébastien Touffu, « il semble bien qu’il ait quelquefois confondu résistance et aventure personnelle, mais il n’en demeure pas moins que son groupe a participé aussi d’une manière active à la lutte contre l’occupant ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143047, notice COURVOISIER Claude, Félix par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 novembre 2012, dernière modification le 7 août 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, 77 W 813, 77 W 1340. – F. Marcot, B. Leroux, C. Levisse-Touzé (sous la dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, R. Laffont, 2006. – Sébastien Touffu, La Résistance dans l’Aube, CRDP de Champagne-Ardennes-AERI. – L’Humanité, 30 avril 1946. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, DVDrom, AERI, 2013. – Mémorial GenWeb. – État civil.

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