MINSKY Jankiel ou Jenkiel

Par Daniel Grason

Né le 16 juillet 1906 à Minsk de nationalité polonaise (Empire Russe, Biélorussie), fusillé comme otage le 21 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tailleur ; sympathisant communiste.

Jankiel Minsky exerçait la profession de tailleur et demeurait 58 rue Crozatier, à Paris (XIIe arr.) ; de nombreuses familles juives habitaient le quartier.
Jankiel Minsky s’engagea volontairement pour la durée de la guerre au bureau central de recrutement de la Seine sous le matricule 3758 ; il fut affecté au 21e régiment de marche de volontaires étrangers (21e RMVE).
Lorsque le gouvernement de Vichy promulgua le statut des Juifs, Jankiel Minsky fut dans l’impossibilité de travailler. Au cours du mois de mai 1941, les policiers de la 3e section des Renseignements généraux effectuèrent quatre cents enquêtes au sujet de Juifs considérés comme suspects. Cinq cents Juifs furent contrôlés dans les établissements publics, cafés et restaurants. Les domiciles de certains interpellés firent l’objet de perquisitions. Ces opérations se déroulèrent dans sept arrondissements de Paris où tracts et papillons en français et en yiddish édités par le Parti communiste étaient distribués et collés.
Le 23 mai 1941, les policiers investirent le 58 rue Crozatier : selon des renseignements parvenus à la police, des réunions de militants communistes s’y tenaient deux à trois fois par mois. Les domiciles d’une vingtaine de locataires juifs de l’immeuble furent perquisitionnés. Les policiers arrêtèrent Jankiel Minsky et Josef Fridman, porteurs de tickets de cotisation du Parti communiste ; ils appréhendèrent aussi Adolf Pivolski, en fait Abraham Trzebrucki, militant communiste, membre de l’organisation Solidarité, créée par l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE). Enfin Léon Jolles, qui pour vivre faisait des courses pour des particuliers, fut arrêté en possession de marchandises dont il ne put indiquer la provenance alors qu’il était chez l’un des trois militants.
Arrêté pour reconstitution de parti dissous, infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, Jankiel Minsky déclara qu’il n’avait jamais été membre du Parti communiste. Il fut relaxé. Le 26 mai 1941, il fut emmené au dépôt, puis à la caserne des Tourelles à Paris (XXe arr.). Dans son rapport, l’inspecteur Louis Sadosky le décrivit comme un : « Ex-membre du Parti communiste polonais et de la sous-section juive du Parti communiste. Propagandiste communiste très actif, suspect du point de vue politique. Individu très dangereux pour l’ordre public ». Le 22 août 1941, il fut transféré au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis).
Dans la nuit du 5 au 6 février 1942, une sentinelle allemande fut très grièvement blessée à Tours (Indre-et-Loire). S’y ajoutait l’attentat commis à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le 4 février 1942 contre des militaires allemands. En représailles, les Allemands décidèrent de fusiller ou de déporter cinquante otages ; ils désignèrent quatorze otages à exécuter au Mont-Valérien dont treize Juifs internés au camp de Drancy : Szmul Balbin, Abraham Gärtner, Léon Jolles, Josef Kape, Max Kawer, Mordka Korzuch, Towja Lipka, Samuel Marhaim, Aron Miller, Jankiel Minsky, Israël Rubin, Lejbus Wajnberg et Israël Wirtheim, ainsi que Henri Debray militant communiste interné à à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.).
Jankiel Minsky fut passé par les armes le samedi 21 février 1942 au Mont-Valérien avec les treize autres otages. Il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le lundi 23 février 1942, division 39, ligne 2, n° 40. Son corps fut restitué à sa famille le 22 octobre 1947.
Le nom de Jankiel Minsky figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

L’abbé Franz Stock évoque les 13 Juifs exécutés le 21 février 1942 dans son Journal de guerre :

« Samedi 21.2.42
14 exécutions.
Venu me prendre à 8h pour le Cherche-Midi, 14 otages doivent être exécutés à 11 heures : 13 juifs, d’origine germano-polonaises, du camp de Drancy ; un Français de la Santé.
....
Un jeune juif me dit : "Ils peuvent bien nous tuer mais d’autres se lèveront, il est impossible d’exterminer la race juive." Certains juifs étaient pieux, récitaient des psaumes, l’un s’est entouré de son châle de prière en soie, il voulait être enterré avec. Question : aucun rabbin ne vient ? Les 14 doivent être enterrés lundi seulement. Le seront à Ivry. »

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143052, notice MINSKY Jankiel ou Jenkiel par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 novembre 2012, dernière modification le 24 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo, BA 2439, KB 95, 77W 12. — DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. — S. Klarsfeld, Le livre des otages. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC. — Mémorial de la Shoah, Fonds UEVACJEA. — MémorialGenWeb. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 66. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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