MÜLLEMBACH Claudius [dit Fontaine, dit Guyot]

Par Daniel Grason

Né le 1er janvier 1915 à Venarey-les-Laumes (Côte-d’Or), fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; magasinier ; communiste ; résistant membre des FTPF.

Claudius Müllembach était le fils d’Eugène, employé aux chemins de fer, et de Marie-Antoinette, née Molard. Né le 26 février 1889 en Mayenne, de la classe 1909, Eugène Müllembach combattit avec le 27e Régiment d’infanterie lors de la Grande Guerre et fut tué le 21 août 1915 à Bois d’Ailly (Meuse). Claudius Müllembach fut reconnu pupille de la Nation le 18 décembre 1918.
Il se maria avec Suzanne Martinet le 27 novembre 1937 à la mairie de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), ville où le couple habitait 69 bis rue de Billancourt. Il travaillait à la Société nationale de constructions aéronautiques du Centre (SNCAC), née de la nationalisation des usines Hanriot de Bourges et Farman de Boulogne. Il participa aux manifestations de février 1934 contre les ligues factieuses et était sympathisant ou membre du Parti communiste.
Claudius Müllembach effectua son service militaire à la 23e section d’infirmiers militaires et à son retour en 1938, il reprit son travail à la SNCAC. Rappelé lors de la déclaration de guerre en 1939, il fut démobilisé en septembre 1940. Parce que le « volontariat forcé » pour travailler en Allemagne de l’automne 1942 l’inquiétait, il tenta de faire jouer le fait qu’il était pupille de la Nation pour y échapper. Les démarches entreprises n’aboutirent pas. Il s’en ouvrit à un collègue d’atelier qui lui proposa d’entrer dans les Francs-tireurs et partisans (FTP). Il accepta, et savait que les communistes dirigeaient l’organisation.
Le 15 décembre, il entra dans l’illégalité ; début janvier 1943, il était en contact avec le responsable régional. Il participa à une première action le 27 novembre 1943 en déposant un engin explosif à l’intérieur du transformateur de la SNCAC à Boulogne-Billancourt. Le dispositif ne fonctionna pas. Du fait d’arrestations, il resta inactif en décembre. Le 16 janvier, armé d’un pistolet 6,35 et Louis d’un 7,65, ils croisèrent près de la station de métro Cadet, à l’angle des rues de Trévise et Lafayette (IXe arr.), le capitaine Muller. Louis tira, atteint l’officier qui fut admis à l’hôpital Lariboisière. Diagnostic : état sans gravité.
Permanent appointé deux mille francs par mois, Claudius Müllembach, muni de faux papiers, devint Paul Garchery et demeura dans une chambre 6 rue Joubert dans le IXe arrondissement. Il était en contact avec le responsable de la région P 6 qui cumulait cette responsabilité avec celle du PCF de la même région.
Du 4 janvier au 5 avril 1943, période d’activité des groupes de FTP dirigés par Pierre Schlup, il y eut dans le département de la Seine cinq cent dix-sept arrestations pour activité communiste et cent cinquante-cinq internements administratifs. De ce fait, Claudius Müllembach fut successivement chef de groupe, chef de détachement, responsable militaire régional de la région P 6, et impulsait les actions des FTP. Il donna l’ordre de repérer Marcel Varoteaux, ex-conseiller municipal communiste d’Argenteuil en vue de l’abattre. Il se livrait également au recrutement de combattants, à la location de locaux à Boulogne-Billancourt et Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il incendia une baraque en planches destinée à abriter une DCA avenue Laurent-Cély à Asnières, prépara un attentat contre un train du personnel allemand des poudrières de Houilles (Seine-et-Oise, Yvelines).
Le responsable des cadres du Parti communiste Pierre Brossard, dit Philibert, fut arrêté le 3 mars 1943 par des inspecteurs de la BS1. La perquisition de son domicile fut fructueuse : entre deux cent cinquante et trois cents fiches ou notices biographiques de militants communistes furent saisies, dont celle de Pierre Schlup. Il fut appréhendé le 22 mars 1943 par la BS2 antiterroriste. Conduit dans les locaux des BS à la préfecture de police, il fut sévèrement frappé à coups de nerfs de bœuf. Sa chute entraîna celle d’une quarantaine de membres des groupes FTP. Il donna le signalement de Claudius Müllembach, les adresses des planques, sa fausse identité.
La police des garnis et hôtels trouva l’adresse et le 27 mars vers 15 heures, deux inspecteurs de la BS2 l’interpellèrent. Les policiers saisirent un carnet de rendez-vous, six documents sur son activité à la région P6, un tract du Parti communiste intitulé « Les problèmes de l’heure », les clefs des locaux où étaient stockés une boîte d’allumeurs, trente pétards pour faire sauter des voies ferrées, cent engins incendiaires, deux cents cartouches, deux grenades, deux détonateurs, un corps de bombe, six revolvers, etc. Interrogé à la préfecture de police, livré aux Allemands, incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il comparut le 5 octobre devant le tribunal du Gross Paris qui siégea à la prison de Fresnes ou rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort, il fut passé par les armes le 23 octobre 1943 à 12 h 15 au Mont-Valérien.
Après la Libération, sa femme Suzanne témoigna devant la commission d’épuration de la police : « Mon mari est resté onze jours dans les locaux des brigades spéciales, il y a subi des tortures. » Elle déposa plainte le 24 janvier 1945, mentionna que des inspecteurs avaient volé deux mille francs et différents objets plusieurs jours après la perquisition.
Le ministère des Anciens Combattants attribua le grade FTP à titre posthume à Claudius Müllembach avec la mention « Mort pour la France ». Une plaque commémorative fut apposée sur le mur de la mairie de Boulogne-Billancourt, où il figurait avec les autres fusillés de la commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143053, notice MÜLLEMBACH Claudius [dit Fontaine, dit Guyot] par Daniel Grason, version mise en ligne le 15 novembre 2012, dernière modification le 25 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 1748, BA 2117, BA 2299, PCF cartons 13 et 14, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, KB 77. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4, Liste S 1744-327/43 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil.

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