PENTIER Isidore, César

Par Daniel Grason

Né le 21 octobre 1921 à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais), fusillé comme otage le 30 avril 1942 à Biard (Vienne) ; manutentionnaire aux PTT ; militant des Jeunesses communistes.

Fils d’Eugène, dix-neuf ans, maçon, et d’Angèle, née Gosselin, dix-sept ans, Isidore Pentier fut légitimé par sa mère cinq ans plus tard. Pendant la guerre, il demeurait chez ses parents au 16 rue Claude-Tillier, à Paris (XIIe arr.) et travaillait au bureau central des PTT. Une quarantaine de personnes, les 1er et 2 novembre 1941, marquèrent un instant de recueillement devant les tombes de Paul Vaillant-Couturier et d’Henri Barbusse qu’ils fleurirent au cimetière du Père-Lachaise ; il fut interpellé ainsi que Robert Poing par des inspecteurs des Renseignements généraux.
Le lieu était un symbole des luttes ouvrières et de la Commune de Paris : on pouvait voir le mur des Fédérés en face des tombes de dirigeants du mouvement ouvrier. Le 1er mai 1941, selon des rapports des Renseignements généraux, à l’appel du Parti communiste, cinq cents personnes vinrent individuellement pour la Fête du travail. Quatre-vingts dans la matinée du 25 mai, et six cents l’après-midi, en hommage à la Commune de Paris. Depuis à toutes les dates anniversaires, le cimetière était sous surveillance.
Isidore Pentier était considéré par la police comme un membre actif des JC. Le décret-loi du 18 novembre 1939 prévoyait l’internement de ceux considérés comme « dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Sur décision du préfet, Isidore Pentier fut interné au camp de Rouillé (Vienne).
Sa mère Angèle était employée à l’administration de l’Assistance publique, à l’hôpital Trousseau. Très affectée, elle écrivit le 1er avril 1942 au préfet de police en sollicitant sa « bienveillance » et sa « clémence » pour son fils qui accompagnait, en curieux, le 1er novembre, « quelques camarades ». Elle rappela qu’il avait vingt ans, qu’à son travail, il était « très estimé par ses chefs » et que son père était prisonnier en Allemagne : « Mon fils s’est peut-être occupé un peu de politique avant guerre, mais depuis quelques années, je puis vous assurer qu’il avait cessé, sur ma prière ». Elle indiqua qu’il était estimé du « commandant » du « camp pour sa bonne conduite » et prit l’engagement qu’il ne s’occuperait plus jamais de politique.
Un train de permissionnaires allemands reliait régulièrement Maastricht (Allemagne), à Cherbourg (Manche) en passant par Caen. Le 16 avril 1942 vers trois heures du matin, des résistants communistes le firent dérailler, à la hauteur d’Airan, près de Moult-Argences (Calvados). Vingt-huit marins furent tués, dix-neuf autres blessés. Un nouvel attentat eut lieu au même endroit dans la nuit du 30 avril au 1er mai. Dix soldats allemands perdirent la vie ; vingt-deux furent blessés.
Dès le 21 avril 1942, le commandant en chef des forces d’occupation en France et chef de l’administration militaire, Karl Heinrich von Stülpnagel, dressa une première liste de trente otages juifs et communistes à fusiller en représailles à l’attentat contre le « SF-Zug 906 » (le train 906). Six d’entre eux furent fusillés le 30 avril 1942, au champ de tir de Biard (Vienne) : René François de Cachan (Seine, Val-de-Marne) ; Pierre Déjardin et Fernand Bréant de Levallois-Perret, Bernard Grinbaum, Maurice Veldzland, et Isidore Pentier de Paris.
Isidore Pentier fut enterré au cimetière de Vouillé (Vienne). Après la Libération, son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles au cimetière intercommunal de Thiais (Seine, Val-de-Marne). La mention « Mort pour la France » fut portée sur son acte de naissance. Son nom est inscrit sur le monument érigé à la mémoire des 128 fusillés sur le champ de tir de Biard, inauguré le 8 mai 1949.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143074, notice PENTIER Isidore, César par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 novembre 2012, dernière modification le 29 octobre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo, BA 2117, Carton 12, activité communiste pendant l’Occupation, 77W 1761. — Jean Quellien, Résistance et sabotage en Normandie, Éd. Charles Corlet, 1992. — Site Internet Vienne Résistance Internement Déportation (VRID). — Site Internet CDJC, XLV-31. — Mémorial GenWeb. — État civil.

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