PÈRE Gaston, Paul

Par Daniel Grason

Né le 21 mars 1910 à Paris (XVIIe arr.), fusillé le 24 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; agent de l’Assistance publique ; résistant au sein des FTPF de Paris.

Fils de Clément, gardien à la Bibliothèque nationale et de Jeanne, née Castagnet, concierge, Gaston, Père épousa, le 21 mars 1935, Sabatina Antonelli à la mairie du XVIe arrondissement. Le couple demeurait 6 rue Aimé-Morot (XIIIe arr.). Gaston Père travaillait comme employé à l’hôpital Laennec dans le VIIe arrondissement. Il était surveillé par les Renseignements généraux depuis sa participation à une manifestation antimilitariste devant le camp militaire de Garchizy (Nièvre).
Pendant la guerre, il entra dans les Francs-tireurs et partisans français (FTP). Le 27 août 1942, il fit partie de l’équipe qui lança une bouteille incendiaire contre l’usine Gnome et Rhône, boulevard Kellermann (XIIIe arr.). Le même jour, il assura avec d’autres FTP la protection armée d’une distribution de tracts devant les usines Citroën place Balard (XVe arr.). Le 4 septembre, il assura la même mission aux abords des usines Gnome et Rhône où Marc Lainé, dit Hervieux, prit brièvement la parole.
Il effectua des repérages rue de Tolbiac (XIIIe arr.) où habitait Joseph Bertho, contremaître à la SNCF et considéré comme un traître. Le 12 septembre Gaston Père fit équipe avec Marc Lainé et Pierre Benoit. Vers 6 h 50 du matin, Joseph Bertho quitta son domicile du 16 rue Tolbiac ; il était à la hauteur du no 11 quand un coup de feu claqua. Il était le réflexe de se coucher à terre ; un second coup ne put partir, l’arme s’étant enrayée. Gaston Père prit la fuite vers la rue du Quai de la Gare.
Albert Y, employé d’octroi, quarante-huit ans, ayant vu la scène, juché sur sa bicyclette, s’élança pour rattraper Gaston Père et le rejoignit devant le no 2. Marc Lainé assurait sa protection : il tira deux coups de feu ; une balle toucha Albert Y à la colonne vertébrale. Transporté à l’hôpital de la Salpetrière, il y mourut le 5 octobre.
Le 15 septembre à 11 h 30, une opération de récupération de fonds eut lieu devant l’usine de la Grande Biscuiterie Parisienne avenue Jean-Jaurès à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis). L’encaisseur blessé à la cuisse droite fut neutralisé ; la sacoche contenait six cent mille francs. Un gardien de la paix se mit à la poursuite de deux hommes. Ceux-ci se réfugièrent dans un débit de boissons 255 avenue Jean-Jaurès à Aubervilliers et tirèrent, blessant légèrement le gardien.
Gaston Père et Marc Lainé mirent à profit ce répit pour se réfugier au dernier étage d’un immeuble. Le policier blessé alerta des collègues ; des gardiens de la paix arrêtèrent les deux hommes ainsi armés chacun d’un pistolet automatique. Les policiers retrouvèrent la sacoche dérobée dans les WC du débit de boissons. Tabassé dans les locaux des Brigades spéciales, Gaston Père lâcha le nom de Jean Bonnet qui fut lui aussi appréhendé.
Il fut jugé le 13 novembre par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et condamné à mort pour « activité de franc-tireur et aide à l’ennemi ». Il fut passé par les armes le 24 novembre 1942 à 12 h 10 en même temps que d’autres membres du groupe : les frères Jean et Maurice Cadet, Marc Lainé et Eugène Dion.
Gaston Père fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Après la Libération, le lieu devint le carré des corps restitués.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143075, notice PÈRE Gaston, Paul par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 novembre 2012, dernière modification le 23 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2101, BA 2117, PCF carton 13, activité communiste pendant l’Occupation, 77W 412, 77W 416, 77W 421. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Paris (XVIIe).

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