SCHLEPP Georges, Louis dit Jojo

Par Daniel Grason

Né le 15 avril 1921 à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), exécuté le 2 août 1944 rue du Pont à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien ajusteur ; chef de groupe FTPF.

Fils de Gaston et Marie, née Sérive Georges Schlepp était domicilié chez ses parents 7 Impasse Théodore à Argenteuil, travaillait dans la ville chez BMW, ne s’occupait pas de politique. En février 1944, il fut sollicité par un camarade d’atelier pour entrer dans une organisation de résistance dont le but était de « lutter contre les troupes d’occupation ». Il accepta la proposition, il serait appointé deux mille huit cents francs par mois. Georges Schlepp savait par son collègue qu’il entrait dans un groupe de résistance de tendance communiste, les FTP. Il quitta son emploi de mécanicien ajusteur le 25 avril 1944 et le domicile de ses parents. Il fut présenté à Garnier, en fait Albert Mansion, chef de groupe et était hébergé par Suzanne Mercier 16, rue Carles-Hébert, à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine).

Membre du bataillon Vengeance des FTP (région P 6), la première action de Georges Schlepp dit Jojo fut le vol d’une automobile Juva IV, en mai, en compagnie de trois autres résistants, dans un garage de Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), tous les quatre étaient armés. La batterie s’étant déchargée, le véhicule fut abandonné quinze jours plus tard. Aussitôt après, un véhicule Renault fut volé dans le même garage. Pour faire rouler l’automobile, de l’essence fut dérobée, transportée dans une camionnette conduite par Jacques.

Les gendarmes de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), contrôlèrent chauffeur et véhicule, Jacques était porteur d’une mitraillette, arrestation.
Georges Schlepp devint chef du groupe Gabriel Péri. Il participa aux opérations armés début juin contre un débit de tabac de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) et de Rueil-Malmaison. À l’attentat meurtrier à Suresnes contre Émil Roth, caporal allemand de l’armée de l’air le 19 juin 1944, en compagnie de Raymond Jozon de Puteaux. Des coups de feu furent tirés contre un commis quincailler membre du PPF à Rueil-Malmaison. Dans la même ville, le 26 juin, il attaqua avec Albert Mansion et Raymond Jozon le centre de ravitaillement, deux gardiens de la paix furent désarmés, les tickets d’alimentation confisqués. Le 30 juin, un débit de tabac de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) reçu la visite de quatre membres du groupe, cinq cartouches de Gauloises et deux cent quarante paquets de tabac furent confisqués. Le 5 juillet, le magasin Maggi d’Asnières reçu la visite de cinq hommes armés, vingt-cinq kilos de sucre, quatre-vingt kilos de pâtes et quatre kilos de confiture furent emportés.

Le 5 juillet à 19 heures, Georges Schlepp avait rendez-vous avec Roger Salomon dit Rochard, rue du Marché, à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine). Il circulait à bicyclette et était porteur d’un pistolet MAB 7,65 m/m, arme récupérée sur l’un des gardiens de la paix de Rueil-Malmaison. Il n’eut pas le temps de s’en servir. Six inspecteurs de la BS 2, l’attendaient.

Des documents concernant les FTP furent saisis, ainsi qu’une liste de personnes à abattre dont Georges Barthélémy, le maire collaborateur de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Lors de son arrestation, Georges Schlepp déclara aux policiers : « Tout ce que je regrette c’est de n’avoir pas pu vous descendre, et si j’avais eu une grenade comme j’en porte souvent dans ma poche, je n’aurais pas hésité à vous la lancer ».

Outre Georges Schlepp d’autres membres de l’organisation furent arrêtés : Marcel Laurent*, Claude Guy*, Robert Degert*, Raymond Jozon*, tous les cinq furent fusillés. Arrêtés également, Albert Mansion, Roger Salomon, Eugénie Laurent, Lucien et Jeanne Angelard furent déportés le 15 août 1944. Le convoi partit de la gare de Pantin, les installations de la gare de l’Est ayant été détruites par la Résistance. Albert Mansion, Roger Salomon, Lucien Angelard arrivèrent le 20 août à Buchenwald (Allemagne), ils furent transférés à Dora, ils décédèrent à Ellrich, Albert Mansion le 18 janvier 1945, Roger Salomon le 9 mars et Lucien Angelard le 4 avril. Les deux femmes prirent la direction de Ravensbrück, Eugénie Laurent fut affectée au commando de Torgau dans une usine de munitions et d’explosifs, elle mourut à Ravensbrück le 21 décembre 1944. Jeanne Angelard fut libéré en avril 1945 de Schönefeld.

Incarcéré, mis à la disposition des allemands, Georges Schlepp fut exécuté dans la nuit du 1er au 2 août 1944, en compagnie de Raymond Jozon, devant le 9 Rue du Pont à Suresnes, lieu de l’attentat contre Émil Roth. Le commissariat de la circonscription de Puteaux, Nanterre, Suresnes fut alerté à cinq heures quarante-cinq du matin, un brigadier et des gardiens de la paix se rendirent sur place. Réveillés à cinq heures vingt par le bruit des détonations deux hommes témoignèrent avoir aperçu six ou sept soldats allemands à proximité des deux victimes. Selon l’un des témoins, après la fusillade, l’un des soldats allemands attacha à la jambe gauche de Georges Schlepp un carton sur lequel était écrit : « C’est ici, où nous avons assassiné un soldat allemand, et pour cela nous avons été fusillés ».

Entendu devant la commission d’épuration de la police, à la Libération, Suzanne Mercier ignorait les conditions de l’arrestation de Georges Schlepp, étant absente à ce moment-là. Aucun membre de sa famille ne fut retrouvé dans le département de la Seine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143110, notice SCHLEPP Georges, Louis dit Jojo par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 novembre 2012, dernière modification le 27 février 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, BA 2104, BA 2117, PCF carton 16, KB 1, KB 8, KB 15, KB 23, 77W 862, IML 1944. - Le livre-MémorialFMD , Ed. Tirésias, 2004. - État civil.

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