SOBOCKI François

Par Daniel Grason

Né le 3 novembre 1897 à Jersitz quartier de Posen (Poznan) en Prusse puis Pologne, fusillé comme otage le 31 mars 1942 au fort du Vert Galant à Wambrechies (Nord) ; aide-boiseur, interprète ; membre du triangle de direction du Parti communiste polonais en France ; résistant.

François Sobocki lors de son arrestation à Lille (Arch. PPo.)
François Sobocki lors de son arrestation à Lille (Arch. PPo.)

Fils de Jean et de Cécile, née Stackowiak, François Sobocki, originaire de Silésie, en Pologne, enrôlé de force dans la Reischwehr, se révolta. Il fut condamné à la prison à perpétuité en forteresse, puis libéré lors de l’armistice, en novembre 1918. Il vint travailler en France, épousa le 27 juin 1925 une compatriote, Françoise Stepniak, à Flers-en-Escrebieux (Nord). Il exerça le métier d’aide-boiseur dans les mines. Le couple eut deux enfants nés en 1926 et 1927. Il adhéra au Parti communiste en 1935 à Pont-de-la-Deûle (Nord).
Il fit l’objet le 21 octobre 1938 d’un arrêté d’expulsion.
La famille habitait 2 rue du Tournant à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). François Sobocki continua à militer après la dissolution du Parti communiste en septembre 1939 à Aubervilliers.
En avril 1940, sujet polonais, il fut arrêté par la police française en compagnie de Richard Deparasinski : les deux hommes distribuaient des tracts en langue polonaise sur la voie publique à Paris. Il fut condamné à deux mois de prison, puis interné administratif au camp du Vernet (Ariège) à l’issue de sa peine. Une commission allemande ordonna sa libération en septembre 1940. François Sobocki réussit à se faire embaucher comme interprète sur le chantier allemand Karl-Brandt à Saint-Quentin (Aisne).
Dès son retour à Paris, il prit contact avec Boleslaw Maslankiewicz, dit Bolek, responsable du Parti communiste polonais en France. En mars 1941, il devint membre du triangle de direction avec Joseph Spiro. François Sobocki s’absentait souvent pour des périodes longues, si bien que le voisinage pensait que le couple était séparé. Il alla en zone libre à Néris-les-Bains (Allier), à Saint-Étienne (Loire), à Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme), afin de mettre en place des structures du Parti communiste polonais.
Il assurait aussi la liaison entre les différentes structures de la région parisienne (Paris-Ville, Paris-Nord, Paris-Est, Paris-Sud) ainsi qu’avec le Nord et le Pas-de-Calais, où de nombreux Polonais travaillaient dans les mines de charbon. Dans ces deux départements, décrétés « zone interdite » par l’occupant, l’appareil clandestin s’articulait autour de trois groupes : un groupe de propagande, un groupe de sabotage et un groupe de choc chargé des vols d’explosifs, des sabotages et des attentats. Les militants polonais travaillaient en étroite collaboration avec le Parti communiste français, notamment avec Julien Hapiot, Charles Debarge, Kléber Legros.
L’arrestation le 7 novembre 1941 par la police d’un jeune de dix-huit ans soupçonné de faire de la propagande communiste fut à l’origine de la chute de François Sobocki. Le jeune homme déclara à la police qu’il était un catholique fervent d’action sociale, qu’il avait fait l’objet d’une tentative de recrutement par un homme qui, bien imprudemment, lui avait fait des confidences sur son activité clandestine. Les policiers, qui enquêtaient également depuis septembre sur un vol de dynamite, appréhendèrent Casimir Szawejko. Celui-ci dirigeait l’activité communiste dans le bassin minier à Lens, Liévin, Avion, Estevelles, Nœux-les-Mines, Hersin-Coupigny, Barlin, Marles-les-Mines (Pas-de-Calais). Les policiers de la police municipale de Lens trouvèrent sur lui un papier portant le nom de François Sobecki et firent le rapprochement avec Sobocki. Celui-ci fut arrêté fin novembre 1941 alors qu’il se présentait au domicile de Jean Leskiewicz, ancien brigadiste en Espagne. Il fut incarcéré à la maison d’arrêt de Béthune, où les Allemands vinrent le chercher. Il était alors décrit comme un homme de bonne taille, 1,78 m.
Le commissaire de la police judiciaire intervint auprès de la Sicherheitspolizei (Sipo-SD), il obtint de pouvoir interroger François Sobocki. Son interrogatoire débuta le 9 décembre 1941 à Douai (Nord), il dura quarante-huit heures. Il fut frappé à plusieurs reprises, le procès- verbal d’une vingtaine de pages dactylographiées retraçait son itinéraire professionnel et militant au sein de la CGTU puis de la CGT des mineurs de Douai. Il milita aussi au sein de la Fédération des Émigrés polonais fondée en 1932, il y rencontra Piotr Baran. Il fit la connaissance de Joseph Kostecki, responsable du Parti communiste de l’émigration polonaise qui s’occupa du recrutement des volontaires pour l’Espagne républicaine, il était l’un des administrateurs de Dziennik Ludowy (Journal populaire) qui parut à partir de novembre 1936.
Un partage du travail eut ensuite lieu avec la police allemande de Douai (Nord), la police française se chargeant des identifications de tous les suspects « afin d’effectuer une mesure d’ensemble simultanée dès que ce travail préparatoire sera fait ». Le commissaire de police judiciaire, en conclusion de son rapport du 19 décembre 1941, écrivit : « Il y aurait intérêt également à ce que les services de Police de la zone libre qui, éventuellement, seront chargés de cette affaire, agissent en complet accord avec moi, de façon à ce que toutes les opérations soient effectuées simultanément. »
Il y eut une trentaine d’arrestations. Dix personnes ont été fusillées, sept déportées, François Sobocki fut incarcéré à la prison de Loos-lès-Lille. Le 31 mars 1942, il fut passé par les armes au fort du Vert-Galant, à Wambrechies.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143115, notice SOBOCKI François par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 novembre 2012, dernière modification le 11 mai 2021.

Par Daniel Grason

François Sobocki lors de son arrestation à Lille (Arch. PPo.)
François Sobocki lors de son arrestation à Lille (Arch. PPo.)

SOURCES : AN Z/4/63/B (dossier 431). – Arch. PPo. BA 2056, 77W 1783. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Jean-Marie Fossier, Zone interdite, op. cit. – Mémorial GenWeb. — Notes de Francis Calvet, BiMOI, Lille, Arch. Dép. Nord, 1874 W 144 (dossier 4532 ) SRPJ.

Photographies : AN Z/4/63/B

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