TEJERO PEREZ Domingo, dit Le chauffeur

Par Daniel Grason

Né le 18 août 1915 à Oviedo (Espagne) ou 18 août 1913 au Brésil selon les sources, mort le 10 octobre 1942 des suites de ses blessures à l’hôpital Saint-Louis à Paris Xe en cours d’interrogatoire ; mécanicien ; résistant FTP-MOI.

Domingo Tejero-Perez
Domingo Tejero-Perez

Fils de Manuel et de Rose, née Perez, Domingo Tejero Perez vécut à Madrid, mobilisé en août 1936, syndiqué à l’Union générale du travail (UGT), il travailla à la réparation des chars de combat jusqu’à la retraite de Catalogne. Il entra en France sans passeport par Cerbère le 15 avril 1939. Réfugié politique, il fut interné au camp de Saint-Cyprien, le ministère du travail l’envoya en novembre 1939 où il travailla pour la défense nationale aux usines d’aviation Dewoitine à Toulouse (Haute-Garonne). L’usine ferma en mai 1940, il fut à nouveau interné au camp du Champ de Mars à Perpignan, puis au Barcarès (Pyrénées-Orientales).
En mai 1941, Domingo Tejero Perez travailla pour les autorités d’Occupation à La Rochelle (Charente-Maritime) jusqu’à la fin du mois de juillet 1941. Il alla à Paris, logea 11 Rue des Tabacs, puis 24 Avenue du Bas-Meudon à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine). Il se mit en règle avec les autorités administratives, travailla comme mécanicien chez Opel à Saint-Mandé (Seine, Val-de-Marne), ensuite à quelques numéros de son lieu d’habitation au 29 où il était employé dans un établissement de réparations mécaniques. Il sollicita une autorisation de séjour, fit l’objet d’une enquête des Renseignements généraux.

Certainement contacté par des antifascistes espagnols, il fit partie d’un groupe de FTP-MOI dans lequel étaient notamment les Espagnols Émiliano Alcon Fernandez, Sébastien Madueno, Georges Perez, José Garcia ainsi que José Delgado, paraguayen, ex-brigadiste en Espagne républicaine. En juillet 1942, ils menèrent plusieurs actions à Bordeaux (Gironde) ; dépôt d’une bombe sous un camion allemand, et d’une charge de dynamite sous un autre, tentative d’assassinat d’un soldat allemand, mais sans Tejero qui agit toujours à Paris. En août, le groupe vint en région parisienne, certains assurèrent la protection de militants communistes qui devaient prendre la parole, le 27 aux usines Renault de Boulogne-Billancourt. En septembre, le 12, ils réalisèrent un attentat contre une permanence des Jeunesses populaires françaises (JPF), organisation de jeunesse du PPF à Issy-les-Moulineaux ; le 16, ils tentèrent d’assassiner deux soldats allemands, rue de Cadix XVe arr. ; le 19, ils en blessèrent grièvement un autre, place des Marronniers à Issy-les-Moulineaux ; le même jour, ils tirèrent des coups de feu contre un soldat de la Wehrmacht au Kremlin-Bicêtre (Seine, Val-de-Marne) ; le 26, ils blessèrent grièvement un officier allemand, avenue Secrétan à Paris XIXe arr.

Le 30 septembre, le groupe réalisa une opération très audacieuse contre les Jeunesses populaires françaises dans la cour de l’immeuble du PPF, rue Raffet, XVIe arr. Les jeunes collaborationnistes étaient alignés en carré, pour saluer la levée des couleurs, trois hommes surgirent, jetèrent des grenades et tirèrent : deux morts et plusieurs blessés. Une poursuite s’engagea, Domingo Tejero Perez et José Delgado parvinrent à s’enfuir, mais Emiliano Alcon Fernandez fut rattrapé au métro Jasmin. Le 8 octobre, deux membres du groupe José Delgado et José Garcia, membre de la Fédération anarchiste ibérique (FAI) étaient interpellés dans un restaurant de la rue du Maine, XIVe arr. où ils allaient régulièrement.
Lors de la fouille de José Delgado, les policiers trouvèrent un ticket de métro indiquant un rendez-vous avec des chiffres et un mot « 18-5-Danube ». Sommé de s’expliquer, maltraité, il lâcha le jour et l’heure du rendez-vous avec « une femme blonde » et éventuellement avec un homme surnommé Le chauffeur. Le 10, José Delgado s’enfuyait des locaux de la BS2 à la préfecture de police, selon un rapport des renseignements généraux ; il fut tué le 23 mai 1944 par des FTP espagnols pour trahison.

Le 9 octobre, deux inspecteurs de la BS2 surveillaient la place du Danube, XIXe arr. Point de femme blonde, mais ils remarquèrent un homme à l’allure suspecte de type espagnol et l’interpellèrent. Il présenta son récépissé de carte d’identité au nom de Domingo Tejero, il fut emmené par les deux policiers vers le poste de police place Armand-Carrel. En chemin, les policiers voulurent lui passer les menottes. Celui-ci les bouscula sans ménagement et s’enfuit par la rue Manin, en direction de la rue de Crimée. Les deux policiers tirèrent et le touchèrent quatre fois, deux projectiles dans le fessier, un dans le dos et un dans la mâchoire. Fouillé, porteur de papiers mais d’aucune arme, il fut emmené à l’hôpital Saint-Louis, Xe arr.

Ce 10 octobre 1942, le commissaire Paul Tissot, principal adjoint de René Hénoque, commissaire divisionnaire à la tête de la BS2 et son secrétaire vinrent interroger Domingo Tejero Perez sur son lit d’hôpital, il mourut de ses blessures pendant son interrogatoire. Son corps fut transporté à l’Institut médico-légal le 15 octobre, sous le nom de Dejero Domingo, né au Brésil. Le corps fut autopsié, l’inhumation eut lieu le 19 octobre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143116, notice TEJERO PEREZ Domingo, dit Le chauffeur par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 novembre 2012, dernière modification le 5 octobre 2019.

Par Daniel Grason

Domingo Tejero-Perez
Domingo Tejero-Perez
Domingo Tejero Perez (Arch. PPo. GB 189).
Domingo Tejero Perez (Arch. PPo. GB 189).

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 13 rapports hebdomadaire sur l’activité communiste, BA 1751, BA 1752, 77W 254, KB 56, KB 64 ; IML 1942. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989, pp. 180-182. — Narcisse Falguera, Guerilleros en terre de France, Le Temps des Cerises, - 2e édition 2004.

ICONOGRAPHIE : La photographie de Domingo Tejero a été publiée dans l’ouvrage Guerilleros en terre de France, (Le Temps des Cerises - 2e édition 2004 - préparée par Narcis Falguera)

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable