DUPONT Serge, Édouard, Auguste, Maurice

Par Jacques Debesse

Né le 18 septembre 1947 à Montpinchon (Manche) ; électromécanicien, stratifieur, technicien de prévention et des conditions de travail ; délégué du personnel CFDT chez Philips à Flers (Orne) en 1966, puis chez Thomson en 1973, secrétaire du CE de Thomson-CSF à Sartrouville (Yvelines) de 1978 à 1982, permanent UPSM-CFDT (1988-1993).

Serge Dupont en 2010
Serge Dupont en 2010

Fils d’Auguste Dupont, gendarme, et de Marie Barbet, mère au foyer, catholiques non pratiquants, Serge Dupont était l’aîné d’une fratrie de quatre enfants (un frère et deux sœurs). Il fréquenta plusieurs écoles et cours complémentaires, notamment en Corse et en Normandie, au gré des affectations de son père. Il fut admis au lycée technique de Flers (Orne) en 1961 pour y suivre une formation d’électromécanicien jusqu’en 1964. Son emploi comme stagiaire à l’atelier d’entretien de l’usine Philips à Flers, durant ses vacances scolaires, l’amena à une embauche en septembre 1964 dans cet établissement. Aucun poste d’électromécanicien n’étant vacant, il accepta la place de magasinier qui lui était proposée.

La CFTC, seul syndicat présent au sein de l’établissement, venait tout juste de devenir CFDT, après le congrès confédéral de déconfessionnalisation de l’organisation. À l’appui de cet évènement et sous l’influence de Jean Annic, un camarade de travail et leader syndical, Serge Dupont se syndiqua à la CFDT en 1965. Il fut élu délégué du personnel en 1966. Il avait mandat de sa section syndicale pour la représenter à l’Union locale CFDT de Flers. Réformé pour raison de santé, il fut exempté du service militaire et put poursuivre son activité syndicale, notamment lors de l’occupation de l’usine en mai 1968 et des manifestations locales sur la place des Cinq Becs à Flers. Se sentant de plus en plus à l’étroit dans son activité de magasinier, il se résolut à une conversion professionnelle. Il accepta la proposition de l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) de Caen (Calvados) de suivre une formation – nouvellement créée – de spécialiste sur matériaux plastiques renforcés et composites. Il quitta Philips pour entreprendre, en 1969, le stage de six mois de formation à Caen, qui se termina par la visite de l’entreprise Thomson-CSF à Sartrouville (Yvelines), en quête de ces nouvelles compétences. Il y fut embauché en octobre 1970, en qualité d’ouvrier stratifieur P1. Il logeait au foyer de l’Union des jeunes travailleurs (UFJT) de Carrières-sur-Seine (Yvelines), dont il devint rapidement délégué.

À l’usine, Serge Dupont fut repéré immédiatement par André Hervez, responsable de la section syndicale CFDT, qui s’entendit avec lui pour lui laisser le temps d’acquérir une bonne qualification professionnelle avant toute proposition d’activité syndicale. Promu P3 en 1973, il accepta de se présenter la même année sur liste CFDT et fut élu délégué du personnel ainsi que membre du Comité d’hygiène et sécurité (CHS), particulièrement attentif aux pathologies liées aux matériaux (poussières, résines et solvants) manipulés dans son métier. Élu au comité d’établissement (1978-1982), il en devint secrétaire dès son premier mandat, avec le souci d’intégrer davantage le comité dans la vie de la cité, en devenant membre des conseils d’administration de la Maison des Jeunes et de la Culture ainsi que du théâtre de Sartrouville.

La nationalisation de Thomson SA en 1982 suscita, au sein de la CFDT, l’idée de négocier avec la nouvelle direction générale, pilotée par le président Alain Gomez, la création d’un CHS devenu CHS-CT (les termes conditions de travail étaient ajoutés à l’hygiène et la sécurité par la loi du 23 décembre 1982), au niveau du groupe, pour une maîtrise centralisée de la protection des travailleurs, confrontés aux mêmes risques dans la quasi-totalité des établissements. Par le truchement du Fonds de gestion des congés individuels de formation (FONGECIF), Serge Dupont entreprit en 1984 une formation de niveau III de « technicien de prévention et des conditions de travail » sur dix mois, à l’ESSEL (École supérieure de sécurité en entreprise de Limoges). De retour à Sartrouville, il reprit des responsabilités au CHS-CT, mais sa nouvelle qualification de technicien de prévention créa des tensions avec l’ingénieur responsable de la sécurité, officiellement en poste et nommé par la direction. De plus, le souhait de la CFDT de négocier la création d’un CHS-CT de groupe, qui ne suscita qu’une écoute distraite de la part de la direction générale, resta lettre morte. Découragé, il fut désigné délégué syndical en 1985 par le syndicat de la métallurgie de la vallée de la Seine et de l’Oise (SMVSO) au sein duquel il représentait sa section d’établissement. Le SMVSO étant une des composantes de l’Union parisienne des syndicats de la métallurgie (UPSM-CFDT), il participa avec Catherine Léger, permanente et responsable de l’Institut de formation pour l’étude et l’action sociale (IFEAS), créé par l’UPSM, à la réalisation de modules de formation destinés aux élus des CHS-CT. C’est dans ce contexte qu’il devint intervenant dans ces stages de formation.

Lorsqu’il avait été question de la nationalisation de Thomson-SA, un accord d’entreprise avait été conclu, ouvrant la possibilité pour les salariés de suspendre leur contrat de travail durant une période de plusieurs années, afin d’exercer une activité syndicale. Serge Dupont en fit la demande et, sur proposition de Daniel Richter, secrétaire du SMVSO et membre du bureau de l’UPSM, fut embauché le 1er juillet 1988 comme permanent de l’UPSM. Il fut chargé de la politique de la formation syndicale de l’union. À ce titre, la direction de l’IFEAS lui fut attribuée. Il assurait également le suivi politique des zones géographiques couvertes par les syndicats de l’union dans les départements du Val-de-Marne, de la Seine-Saint-Denis et dans la partie nord des Hauts-de-Seine. Les moyens financiers de l’union étant en régression, en cette période de désaffection syndicale, il dut quitter l’UPSM le 31 mars 1993. Souhaitant avoir une activité professionnelle liée à l’environnement, il ne tenait pas à reprendre un travail à la Thomson-CSF. Un processus de licenciement négocié fut donc engagé, assorti d’une aide financière dégressive destinée à lui permettre une formation de reconversion.

Après une courte période de chômage, Serge Dupont entreprit une formation de « responsable environnement » d’octobre 1994 à juin 1995, en alternance, au Centre des études supérieures industrielles (CESI) d’Evry (Essonne) et à la Fondation pour l’éducation à l’environnement en Europe (FEEE), rue de Flandres à Paris (XIXe arr.). Il y fut embauché en juillet 1995, avec la qualification de technicien supérieur, chargé de développer le projet d’extension du label « pavillon bleu » en eau douce, destiné aux collectivités locales. Malheureusement, le financier du projet, la Compagnie générale des eaux (CGE), mit fin à son contrat avec la FEEE, entraînant l’arrêt du projet dont Serge Dupont était responsable. Il fut par conséquent licencié un mois après son embauche, et entra de nouveau dans une période de chômage, durant laquelle il exerça des prestations de formation à Culture et Liberté pour les syndicalistes des CHS-CT. Invité par le psychologue de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) à s’orienter vers une activité correspondant à ses goûts, il décida de s’inscrire à un module de formation du FONGECIF à l’œnologie, de cent quatre-vingt heures, avec l’espoir d’exercer un nouveau métier orienté vers les aliments biologiques. En octobre 1998, il acheta un fonds de commerce de vente au détail de vins et spiritueux, au 27 boulevard Simon Bolivar à Paris (XIXe arr.), où il s’attacha à la promotion encore balbutiante des vins biologiques (issus de raisins cultivés en viticulture biologique). En juin 2008, il décida de prendre sa retraite et vendit son fonds de commerce.

Toujours adhérent à la CFDT, y compris durant son activité commerciale, Serge Dupont rejoignit la section syndicale des retraités du syndicat des travailleurs de la métallurgie de Paris (STRAMP), dont il devint trésorier en 2010. Dès sa retraite, il avait adhéré à l’Association du festival du livre et de la presse écologique (FELIPE), dont il devint membre du conseil d’administration en 2010, ainsi que du comité de pilotage du festival annuel organisé à la « Bellevilloise » au 19-21 rue Boyer à Paris (XXe arr.). Adhérent également des associations « Oxfam » et « Bibliothèque sans frontière », il devint en 2008 président du syndicat des copropriétaires de son immeuble de résidence au 10 rue Eugène Sue à Paris (XVIIIe arr.).

Il resta célibataire, mais connut sa compagne Ginette Mouchard en 1981, lors d’un voyage en Pologne organisé par Culture et Liberté. Militante du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC) de 1960 à 1970, Ginette Mouchard créa une section syndicale CFDT dans une usine de confection à Courlay (Deux-Sèvres) et représenta le secteur des « Pays-de-Loire et Deux-Sèvres » au conseil de la Fédération « habillement-cuir-textile » (Hacuitex-CFDT) de 1973 à 1987. Elle devint, en 1988, coordinatrice d’associations dans l’organisation « Vacances et Familles ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143167, notice DUPONT Serge, Édouard, Auguste, Maurice par Jacques Debesse, version mise en ligne le 24 novembre 2012, dernière modification le 19 novembre 2021.

Par Jacques Debesse

Serge Dupont en 2010
Serge Dupont en 2010
Serge Dupont en juin 1997
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SOURCES : Archives UPSM-CFDT. — Entretiens avec Serge Dupont en octobre et novembre 2011.

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