MERLIVAT Daniel, Frédéric

Par Jacques Girault

Né le 14 juillet 1911 à Dammard (Aisne), mort le 7 septembre 1960 à Dijon (Côte d’Or) ; instituteur dans l’Aisne ; militant syndicaliste du SNI et mutualiste ; militant communiste.

Adrienne et Daniel Merlivat en 1943
Adrienne et Daniel Merlivat en 1943
Clichés communiqués par Jean-Pierre Rivenc.

Fils d’un artisan maçon, Daniel Merlivat, élève des écoles primaires supérieures de Soissons (Aisne) puis de Vervins (Aisne), entra à l’École normale d’instituteurs de Laon en 1928. Il devint en 1931, instituteur à Ressong-le-Long. Après deux mois de service militaire (octobre-décembre 1932), il fut réformé pour soigner une tuberculose. Envoyé en sanatorium à Sainte-Feyre (Creuse), puis Saint-Jean-Aulph (Haute-Savoie) à partir de juin 1935, il présida le bureau central des malade. En congé de longue durée jusqu’en juillet 1936, il fut nommé à Ancienville en octobre 1936 où il fut secrétaire de mairie. Soigné à nouveau au sanatorium de Sainte-Feyre (Creuse) pendant la guerre, puis à nouveau en congé de longue durée de mai 1946 à octobre 1947, sans traitement de novembre 1947 à avril 1949, il fut réintégré dans l’enseignement, et mis à la disposition de la direction des études du sanatorium de Sainte-Feyre pour prendre en charge l’enseignement de la dactylographie, des jeux éducatifs. Il prit part à la création, avec d’autres instituteurs et institutrices hospitalisés à Sainte-Feyre d’une section du premier degré dans le cadre du centre national d’enseignement par correspondance qui, jusqu’alors, était organisé que pour les élèves de second degré. Son action fut appréciée. Il en devint le responsable. Il créa aussi un cours de sténographie en novembre 1949 qui connut un grand succès. Nommé administrativement sur un poste d’instituteur à Happencourt en mars 1950, puis au Tronquoy, il fut détaché à la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale en octobre 1953 où il resta jusqu’à sa retraite en 1960.

Daniel Merlivat se maria en avril 1939 à Villeneuve-la-Comtesse (Charente-Inférieure) avec Adrienne Berthet, institutrice.

Militant du Syndicat national des instituteurs, Daniel Merlivat fit grève le 30 novembre 1938 et fut sanctionné d’une retenue de sept jours de traitement. Le 28 octobre 1940, il fut révoqué avec son épouse qui enseignait à Chouy depuis octobre 1939.

Daniel Merlivat, membre du Secours rouge international, en contact à Sainte-Feyre avec des militants communistes, adhéra au Parti communiste après février 1934. Il fut le trésorier, puis le secrétaire de la cellule communiste du sanatorium de Saint-Jean-Aulph et le trésorier du rayon du Chablais en mai 1936. Il fut, dans l’Aisne, à partir de la fin de 1936 le secrétaire du comité de Front populaire de La Ferté Milon. Lors de la conférence régionale de l’Aisne, le 5 décembre 1937, délégué de la section de Château-Thierry, son intervention fut jugée intéressante et dans son rapport, Henri Martel, nota « militant à suivre ». Collaborateur de L’Exploité, il entra au comité de la région communiste de l’Aisne en 1938. Secrétaire d’une section communiste, au début de 1940, il rédigeait des tracts qu’il imprimait chez lui et fut l’organisateur de réunions communistes clandestines. Pourtant selon le rapport du Préfet, il avait commenté « dans un sens favorable » le discours du Maréchal Pétain du 1er octobre. Après sa révocation, il résida avec son épouse à Passy-en-Valois (Aisne) puis, en mars 1941, à Meaux (Seine-et-Marne) jusqu’en juillet 1941. Il fut en contact avec les animateurs de la Résistance, le groupe « Résistance » en Seine-et-Marne, assurant la rédaction et la distribution de tracts. Il vint alors se soigner à Sainte-Feyre où les résistants étaient actifs. En contact avec les communistes, il dirigea par la suite Le Travailleur, journal clandestin, sous le pseudonyme de « Jean Delaine », mais ne put pour des raisons de santé participer aux combats pour la libération de Guéret dans l’été 1944. Il devint rédacteur en chef du journal du Comité départemental de Libération, La Creuse libre, le 28 août 1944. Il assista au premier congrès de la presse libre à Paris en décembre 1944. Mais, son état de santé s’aggravant, il dut subir une nouvelle opération en janvier 1945.

Après la guerre, Daniel Merlivat milita au SNI et à la FEN-CGT après 1948.

Dans le sanatorium de Sainte-Feyre, le militantisme était particulièrement fort, souvent dominé par les enseignants socialistes et communistes (épaulés par le député communiste Auguste Tourtaud). Le 22 janvier 1950, Daniel Merlivat dirigea, sans l’autorisation du directeur du sanatorium, une collecte en faveur des dockers grévistes qui refusaient d’embarquer le matériel militaire destiné à l’armée française en Indochine. Devant les menaces du Préfet, Marcel Rivière*, le président de la MGEN lui infligea un blâme sévère puisqu’une telle initiative n’était pas compatible avec le règlement intérieur des établissements médicaux. Son détachement ayant été annulé le 27 février, il fut nommé, le 8 mars, avec son épouse, sur un poste d’instituteur dans une région marécageuse de l’Aisne, ce qui mettait en danger sa santé. Aussi obtint-il un congé de maladie le 20 mars. L’association des membres de l’enseignement public (ACLD) protesta. Lors de la demande de renouvellement de son congé, il indiquait être « instituteur à Happencourt en surveillance médicale au sanatorium de Sainte-Feyre ». Des réactions dans le département se multiplièrent (Partisans de la Paix, syndicats, lettre du député Tourtaud au Ministère, campagne de presse). Le conseil d’administration de la MGEN, le 30 mars 1950, après avoir entendu Bruchon, le délégué des malades, sur proposition de son président, maintint le blâme, en dépit de l’opposition de Denis Forestier, secrétaire général du SNI. Merlivat renforça sa défense personnelle et devant la protestation collective des malades et du SNI, dut retrouver son détachement à Sainte-Feyre. Cette « affaire Merlivat » permit de rendre plus sensible la condition des enseignants en congé de longue durée et de clarifier les rapports des établissements de soins de la MGEN avec les autorités préfectorales. Mais il eut des conséquences sur la vie de l’ACLD, dont l’indépendance était menacée selon certains de ses membres, dont Bruchon et Merlivat, par une éventuelle intégration dans les objectifs de la MGEN et du SNI. L’ACLD, animée par des socialistes, établit par la suite des relations avec la MGEN pour la réadaptation et la réinsertion, actions dans lesquelles Merlivat ne joua aucun rôle.

Dans les années 1950, Daniel Merlivat et son épouse habitaient Oigny-en-Valois (Aisne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143301, notice MERLIVAT Daniel, Frédéric par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2012, dernière modification le 1er avril 2022.

Par Jacques Girault

Adrienne et Daniel Merlivat en 1943
Adrienne et Daniel Merlivat en 1943
Clichés communiqués par Jean-Pierre Rivenc.

SOURCES : Arch. Nat., F1A 3655. — RGASPI, 495 270 3715, 517 1 1863, 1890, 1908. — Archives familiales. — Presse locale et nationale.— Communication de Michel Gevrey devant le groupe de travail Centre Aigueperse (UNSA-Education)-CRHMSS et notes de ce dernier.

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