MEUBLAT Roger

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

Né le 26 mars 1923 à Jeu-les-Bois (Indre), mort le 5 août 2020 à Guéret (Creuse) ; instituteur dans la Sarthe puis dans la Creuse ; résistant ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste, conseiller municipal de Pionnat, adjoint au maire de Guéret.

Roger Meublat était le fils d’une domestique et d’un ancien ouvrier agricole devenu cordonnier, mutilé de guerre (amputé d’une jambe), sympathisant communiste, qui le firent baptiser et l’envoyèrent au catéchisme. Élève du cours complémentaire de Châteauroux, il entra à l’École normale d’instituteurs de Châteauroux en 1939. Titulaire du brevet supérieur, il fut nommé instituteur en octobre 1942 à Poulaines (Indre), avant d’être affecté en chantier de jeunesse de mars à octobre 1943. Il travailla, avec d’autres réfractaires au Service du travail obligatoire, pour les Eaux et forêts, en forêt du Poinçonnet près de Châteauroux puis se rendit à Montrollet (Charente) où il rejoignit en avril 1944 le maquis FTPF du commandant Bernard. À Vaynes (Haute-Vienne), affecté au service de renseignements puis, promu capitaine FFI, avec le maquis Charente-Limousin, il participa à la prise de Limoges.

À la Libération, nommé juge d’instruction, il présida la commission d’instruction au tribunal militaire de Limoges qui examina 308 dossiers, le tribunal prononçant ensuite 74 condamnations. En octobre 1944, capitaine FFI, affecté à l’école d’officiers, puis, en janvier 1945, envoyé à l’école interrégionale des cadres à Saint-Maixent comme instructeur chargé de l’éducation physique et civique, il fut intégré dans l’armée comme sous-lieutenant. Il fut homlogué FFI.

En juillet 1945, rappelé par Georges Guingouin, élu maire de Limoges, il fut chargé des œuvres de la jeunesse et nommé directeur des patronages laïques et des colonies de vacances de la Caisse des écoles de Limoges tout en assurant le secrétariat des amis des FTPF à Limoges.

Roger Meublat se maria à l’église en octobre 1944 à Chabanais (Charente) avec Hélène Réjaud, institutrice, communiste elle aussi, fille d’un mécanicien. Le couple eut trois enfants qu’ils ne firent pas baptiser.

Roger Meublat adhéra au PCF en mai 1944 dans le maquis FTP de Charente et aux jeunesses communistes en décembre 1945. Secrétaire de la section communiste de Limoges de 1945 à 1948, secrétaire à l’organisation de la section Limoges Ouest en 1948, il entra au comité de la fédération communiste de Haute-Vienne en 1947 et fut responsable de la commission fédérale des jeunes. En 1947, admis pour suivre l’école de la jeunesse communiste, il ne put s’y rendre en raison de ses responsabilités de directeur (patronages municipaux et colonie de vacances). Pendant les grèves de la fin 1947, il fut très actif.

Après l’élection de Léon Betoulle, socialiste SFIO, à la municipalité de Limoges, Meublat quitta son emploi communal et devint rédacteur à L’Écho-Marseillaise du Centre, devenu L’Écho du Centre- la Marseillaise de décembre 1947 à décembre 1949 puis, en 1950, peu après le départ de Meublat, L’Écho du Centre.

À la rentrée scolaire de 1949, après avoir demandé un département déficitaire en instituteurs, Roger Meublat et sa femme, institutrice dans la Creuse, avec leurs trois enfants, rejoignirent la Sarthe, nommés, au mouvement de septembre 1949, à Saint-Pierre-du-Lorouer, poste double dans le canton du Grand-Lucé, proche de la forêt de Bercé et de la vallée du Loir. Actif, il menait de front la préparation de sa classe, l’organisation des fêtes (Noël, distributions des prix), la création et l’animation d’un groupe théâtral, la réorganisation et l’animation d’une société sportive et gymnique. Soutenu par les parents d’élèves, il obtint de la municipalité l’installation de l’école dans un local plus vaste et la création d’un restaurant scolaire inauguré par le préfet. Il continua à animer des colonies de vacances (sous-direction d’une colonie à Houlgate dans le Calvados) après un stage CEMEA à Beaumont-la-Ronce en Indre-et-Loire à Pâques 1950.

Membre du bureau, puis du secrétariat de la section communiste du Grand-Lucé, Roger Meublat entra au comité de la fédération communiste de la Sarthe en 1949 ou en mars 1950, selon les sources. Il porta la contradiction à deux ministres de la « Troisième Force », implantés dans la Sarthe : Jean Letourneau, MRP et Christian Pineau, SFIO. Il participa à la diffusion de l’Appel de Stockholm et créa à Saint-Pierre-du-Lorouer un conseil communal des Combattants de la paix. Engagé dans la lutte contre la guerre de Corée et celle d’Indochine, en 1952, il fut traduit devant le tribunal de simple police du Grand-Lucé et condamné à une amende « pour avoir le 18 mars, au Grand-Lucé, à l’occasion du Conseil de révision [du lendemain], inscrit à la chaux sur la voie publique « Paix au Viet-Nam. Vive la classe 1953. Non aux deux ans ». Il ne fut pas révoqué de sa position d’officier de réserve comme on le demanda mais son avancement militaire dans la réserve fut bloqué pour toujours. Aux élections municipales de 1953, à Saint-Pierre-du-Lorouer, à son initiative, pour la première fois, une liste affronta celle de la municipalité sortante. Intitulée « liste d’union ouvrière et paysanne pour la défense de la Paix, des Libertés, de l’École laïque présentée par le Parti communiste français », incomplète, elle n’eut aucun élu. Des plaintes contre l’instituteur militant furent néanmoins déposées en préfecture. À cette occasion, il reçut le soutien des autorités académiques et des parents d’élèves. Ces derniers constituèrent un comité de défense des Libertés qui invita, avec succès, la population de la commune à défiler le 14 juillet suivant derrière sa pancarte « pour manifester sa volonté de défendre les libertés qui ont vu le jour en 1789 ».

Ayant demandé une mutation pour un poste double dans l’Indre ou dans la Creuse, Roger Meublat refusa la Haute-Vienne en 1951. Il obtint des nominations pour Pionnat (Creuse) au début de l’année scolaire 1953-1954. Il devint maître formateur à l’école annexe de l’école normale de Guéret en 1966 puis directeur du groupe scolaire Roger Cerclier à Guéret jusqu’à sa retraite en 1978.

Membre du comité à partir de 1957, du bureau de la fédération communiste de 1959 à 1962, puis du seul comité fédéral de 1962 à 1966, il accepta mal son éviction du bureau selon le rapport sur la conférence fédérale. Lors de la discussion sur le XXIIe congrès et le culte de la personnalité, il fut « troublé » selon le rapport de l’envoyé du comité central en décembre 1961. Il retrouva le bureau fédéral de 1968 à 1976, responsable de la propagande, puis à partir de 1972 des enseignants, il revint au seul comité fédéral en 1976 pour une année. Il demanda à la conférence fédérale de ne pas être réélu en 1977. Membre du bureau de la section communiste de Guéret à partir de 1966, il devint secrétaire de la section en 1972.

Roger Meublat adhéra au Syndicat national des instituteurs en 1946. Candidat au conseil syndical de la section de la Sarthe du SNI, il fut élu au bureau départemental en novembre 1951 dans la minorité « cégétiste ». Il entra aussi au bureau départemental de la FEN-CGT. En Creuse, candidat au conseil syndical, il ne fut pas élu. En 1966, il devint membre du conseil syndical et du bureau départemental et le demeura une dizaine d’années. Il adhéra au SNUIPP à sa création.

En outre, Roger Meublat fut membre du bureau départemental du Mouvement de la Paix en Creuse à partir de 1954. Il en devint le secrétaire départemental en 1957, puis le président et le président d’honneur.

Candidat au Conseil général dans le canton d’Ahun en 1955 (631 voix sur 4 410 inscrits), il le fut à nouveau en 1961. Candidat dans le canton Guéret-Nord en 1973, il arriva en troisième position avec 523 voix, il le fut à nouveau en 1976.

Il fut élu conseiller municipal de Pionnat en 1959 et en 1965, et de Guéret en 1971, en 1977 et en 1983. Il fut adjoint au maire chargé de la culture de 1977 à 1983.

Roger Meublat quitta le PCF en 1991. Il condamnait « le refus de la direction du PCF de se démarquer de l’URSS et de condamner son régime (le Goulag en particulier) contraire à l’idéal communiste ». Il développa ses raisons dans Au nom de l’idéal, ouvrage paru en 1992. Il demeura sympathisant « vu les orientations prises depuis par sa nouvelle direction ».

À partir des années 1990, il était le secrétaire de la section de Guéret de l’Union nationale des retraités et personnes âgées dont il était membre depuis 1980. Secrétaire depuis 1985, il présidait l’UNRPA sur le plan départemental depuis 2004, et, à sa demande, en 2011, en devint le co-président.

Délégué départemental de l’Éducation nationale, il était élu aux conseils d’administration du Centre communal d’action sociale de Guéret, de l’association d’aide à domicile (EAD), de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance et des Amis du musée de la Résistance.
Il était aussi militant actif au Mouvement de la Paix.

Par la suite, son ami Roland Bouglé* le fit venir à plusieurs reprises pour signer ses ouvrages dans la Sarthe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143448, notice MEUBLAT Roger par Gérard Boëldieu, Jacques Girault, version mise en ligne le 10 décembre 2012, dernière modification le 15 septembre 2022.

Par Gérard Boëldieu, Jacques Girault

ŒUVRE : aux éditions Verso, Montgermain-Saint-Sulpice-les Champs,
Ces jours-là et les autres…, préface de Bernard Triclot*, 1983, Au nom de l’idéal. Si c’était à refaire, 1992.
Ajoutons : Les cigales se sont tues, La Pensée universelle, 1989. — Des braises sous la cendre, Presses du Massif central, 1998.
ouvrages auto-édités dont Ami, entends-tu ce message de paix, de liberté et d’espoir, 1996. — Hélène des Maurels, 1999. — Au nom d’un dieu chercher la vérité et la dire, 2001. — Tant qu’elle nous sourira : Témoignage sur la maladie d’Alzheimer, 2000. — Vivre avec la maladie d’Alzheimer, 2002. — Pierrot, élu du peuple, 2003. — Souvenirs et regard sur notre école laïque, 2004. — Malgré le temps rien s’en va, 2004. — Aimer encore en maison de retraite, 2006. — Amour, paix et liberté, 2006.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Bulletin départemental [Sarthe] de l’Enseignement primaire : tableaux d’avancement des instituteurs et des institutrices. —Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 414416. — L’Aurore sarthoise, organe de la Fédération sarthoise du PCF, 1950, 1951. — Roger Meublat, Ces jours-là et les autres…. — Notes d’Alain Dalançon et Jean-Jacques Riot.

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