MEUNIER André, Jean, Marie dit MUREINE

Par Gilles Morin

Né le 26 avril 1905 à Neuvic-sur-l’Isle (Dordogne), mort le 6 décembre 1944 au camp d’Hersbrück ; instituteur ; résistant, déporté ; militant socialiste de la Gironde, secrétaire de la fédération SFIO (1937-1939), conseiller d’arrondissement de Bordeaux 6e (1934-1937), conseiller général de Bordeaux 6e (1937-1940).

Un des trois fils des instituteurs, militants socialistes, Jeanne Meunier et Jean Meunier, dit aussi Mureine, André Meunier, brillant élève au lycée de Bordeaux, entra à l’École normale d’instituteurs en 1921. Sportif, il était international scolaire de rugby. En 1924, il fut nommé instituteur à Sérillan (Saint-Médard-en-Jalles). L’année suivante, il fit son service militaire dans l’armée française du Levant et participa à la guerre de Syrie. De retour en novembre 1926, il occupa des postes à Pauillac, à Preignac, enfin à Bordeaux où il devait s’installer définitivement.

Adhérent de la SFIO à l’âge de dix-huit ans, il participa à la campagne de Martet dans le Médoc en 1928, refusa en 1933 de suivre la scission néo-socialiste, majoritaire dans le département, et participa à la reconstruction de la fédération de la « vieille maison » avec son père, Robert Vielle*, Fernand Audeguil, Édmond Costedoat*, Jean Costedoat, Gaston Cabannes et Pierre-Emmanuel Guillet notamment. Il était généralement appelé « Mureine », adoptant le pseudonyme de ses parents. Ainsi, Jean Meunier-Mureine et son fils participèrent régulièrement aux congrès nationaux de la SFIO, signalés, comme Jean et André « Mureine », de 1933 à 1936. Puis un seul « Mureine » était présent dans la délégation de la fédération de la Gironde, probablement André.

André Meunier-Mureine fut élu conseiller d’arrondissement du 6e canton de Bordeaux en octobre 1934, en battant le député-maire néo-socialiste de Bègles, Cazalet. Lors des réunions publiques, il attaquait violemment selon la police les socialistes de France (néo). Ainsi, le 28 septembre « il accuse ce parti d’avoir profité du dévouement et de la discipline socialiste pour arriver au pouvoir et partir ensuite vers d’autres destinées en essayant de diviser et d’affaiblir le mouvement socialiste SFIO ». Si, Jean Meunier-Mureine se présenta en vain en 1936, aux élections législatives dans la circonscription de Bazas contre Gabriel Lafaye, néo-socialiste, qui fut élu (au premier tour Mureine obtint 1 159 suffrages contre 5 467 à Lafaye), André Meunier-Mureine gagna le siège de conseiller général dans le même 6e canton de Bordeaux en octobre 1937. Il l’emportait sur Pinèdre, autre néo-socialiste, premier adjoint du maire Marquet et pilier du système politique de ce dernier (au premier tour, il devança Pinèdre par 3 663 voix contre 1 111).

Cette percée du jeune instituteur le fit désigner secrétaire administratif de la fédération en 1936. Puis, il devint co-secrétaire de la fédération le 2 novembre 1937, partageant cette direction avec le paul-fauriste Robert Vielle, comme son père avant lui. André Meunier-Mureine était chargé des relations intérieures du parti (relations avec les sections, propagande) et Robert Vielle des relations avec les autres partis, le Rassemblement populaire, le secrétariat général et continuait comme par le passé à diriger le journal fédéral. Mis un temps en minorité par les paul-fauristes, André Meunier-Mureine – qui fut l’un des instituteurs à protester contre les accords de Munich – et ses amis blumistes l’emportèrent au congrès fédéral du 18 décembre 1938 au Bouscat. La motion soutenue par Guillet obtient 56 mandats, celle de Vielle (paul-fauriste) 118 mandats et celle de Meunier-Mureine (blumiste) l’emporta avec 259 mandats. André Meunier-Mureine redevint seul secrétaire fédéral, Vielle devenant secrétaire fédéral adjoint. Mais, en 1940, les paul-fauristes imposèrent René Cabannes au secrétariat administratif de la fédération, preuve que les tensions persistaient.

En 1938, il signa le projet de motion de la fédération de la Gironde pour le congrès du 22 mai. Ce projet comportait essentiellement des revendications d’un gouvernement de rassemblement populaire, de réformes de structure et du Sénat, de l’institution du contrôle des changes, de la réouverture de la frontière espagnole du côté républicain et de sa fermeture du côté rebelle et de complète liberté du commerce avec l’Espagne. Il eut un rôle important de médiateur entre le Parti communiste et la SFIO durant la crise espagnole.

Mobilisé le 4 septembre 1939, au 12e zouave, il fut envoyé au front. Son corps d’armée fut refoulé en Suisse où il fut interné jusqu’au 23 janvier 1941.

Il revint alors en Gironde et créa le Comité d’action socialiste de la Résistance avec Fernand Audeguil, et Georges Bonnac. Il fut très actif dans les réseaux de l’Armée secrète et à Libération-Nord, aidé par sa femme. Il fut arrêté une première fois le 5 août 1943, par la Gestapo et enfermé pendant cent jours au Fort du Hâ. Relâché faute de preuves le 18 novembre suivant, il reprit ses activités. Arrêté de nouveau le 23 mai 1944, dans le prolongement de l’affaire Grandclément, il fut torturé, puis déporté le 28 juin 1944 au camp de concentration de Dachau en Allemagne. Il fut transféré à Allach le 7 juillet 1944, puis à Hersbrück le 25 juillet 1944 où il décéda. Son corps fut jeté dans la fosse commune. Sa disparition ne devint officielle qu’en août 1946.

André Meunier fut décoré de la Médaille de la Résistance et de la Légion d’honneur. Son nom fut donné à une place et une école de la ville de Bordeaux, à proximité de la gare Saint-Jean et de l’école où il exerçait.

André Meunier épousa le 10 août 1929 à Pauillac (Gironde) Germaine Grenier, employée de commerce. Le couple eut deux filles.

Son épouse, Germaine, Marie Grenier, née le 19 mars 1906 à Cissac (Gironde), décédée le 21 décembre 2002 à Pessac (Gironde), fille d’un vigneron, milita avec lui et le soutint pendant la guerre dans ses actions de Résistance. Elle fut membre de la commission exécutive de la Fédération socialiste SFIO en 1948-1949.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143451, notice MEUNIER André, Jean, Marie dit MUREINE par Gilles Morin, version mise en ligne le 10 décembre 2012, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/7/13265. — Site des Archives départementales de la Gironde. — M. Bergès, P. Brana, J. Cavignac, Y. Cuq, J. Dusseau, « Les Néos-socialistes girondins », Cahiers de l’Institut aquitain d’études sociales, 1988, 320 p. — Alain Anziani, Cent ans de socialisme en Gironde, blog de Alain Anziani. — Site « La Résistance en Gironde », www.ffi33.org/Biographies/Meunier/meunier1.htm.~— Dominique Lormier, Bordeaux brûle-t-il ? ou la libération de la Gironde, Les dossiers d’Aquitaine, 1998, page 69. — « Fondation du comité secret d’action socialiste », par le député Fernand Audeguil, Georges Bonnac, et André Mureine. — David Wingeate Pike, Les Français et la guerre d’Espagne, 1936-1939, 1975. — Notice de Jean Meunier dans le DBMOF. — Note de Jacques Girault.

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