HAUGLUSTAINE Charlotte.

Par Freddy Joris - Renée Dresse

Verviers (pr. Liège, arr. Verviers), 1923 − Pepinster (pr. Liège, arr. Verviers), 9 septembre 2008. Ouvrière textile puis ouvrière à la Fabrique nationale d’Herstal (pr. et arr. Liège), militante syndicale socialiste active lors de la grève des femmes en 1966.

Charlotte Hauglustaine commence à travailler dès l’âge de quatorze ans en septembre 1936, d’abord dans une chapellerie de Verviers, puis dans l’industrie textile verviétoise où elle occupe successivement des postes d’ouvrière spécialisée : laveuse de pièces, fileuse, peigneuse, assembleuse, etc., à rejoindre la Fabrique nationale d’armes de guerre (FN) à Herstal.

Charlotte Hauglustaine s’affilie à la Fédération – socialiste – générale du travail de Belgique (FGTB) dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1950, à l’époque où peu de femmes exercent des responsabilités dans les structures syndicales, son tempérament combatif l’amène à obtenir des mandats au conseil d’entreprise et au comité de sécurité et d’hygiène dans les usines textiles où elle travaille.

En mai 1961, le secteur textile décline, Charlotte Hauglustaine change de voie : elle se rend dans la région liégeoise pour travailler dans un restaurant, puis aux Conduites d’eau, avant d’être engagée à la Fabrique nationale (FN) de Herstal (pr. et arr. Liège) en février 1964, comme opératrice-machine. Elle y découvre des conditions de travail dignes, selon ses propres mots, du XIXe siècle : problèmes de sécurité, d’hygiène et de propreté ; conditions de travail très pénibles ; salaires féminins inférieurs à celui d’un ouvrier non qualifié ; harcèlement... Avant 1966, le taux de syndicalisation des femmes à la FN est très élevé avec environ 90 % de syndiquées mais seulement trois siègent au comité d’usine.

Le débrayage des femmes – appelées les femmes-machines – de la FN a lieu le 16 février 1966, alors que Charlotte Hauglustaine rentre d’un congé maladie. C’est le début d’un combat qui durera trois mois. Le mot d’ordre est l’application du principe « À travail égal salaire égal » avec pour revendication, une augmentation salariale de cinq francs. C. Hauglustaine est élue présidente du Comité de grève des ouvrières de la FN, officiellement constitué le 3 mars 1966, aux côtés de Rita Jeusette (CSC - Confédération des syndicats chrétiens), secrétaire, et de vingt-sept autres femmes dont Germaine Martens, dite la petite Germaine.
Cette grève à l’impact national mais aussi international va assurer une plus grande représentativité des femmes au sein des structures de négociation de l’entreprise. Et malgré un succès modeste (obtention d’une augmentation salariale de deux francs septante-cinq), elle a une portée symbolique car elle sera à la base de la mobilisation des mouvements féminins et des femmes en faveur de l’égalité salariale mais de la promotion de la femme dans la société en général.

Charlotte Hauglustaine termine sa carrière professionnelle à la FN. Déléguée syndicale, elle participera à une autre grève des femmes de la FN en 1974 pendant trois semaines. Parallèlement, elle est membre de la Commission du travail des femmes de la FGTB Liège-Huy-Waremme (pr. Liège).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143520, notice HAUGLUSTAINE Charlotte. par Freddy Joris - Renée Dresse, version mise en ligne le 13 décembre 2012, dernière modification le 1er février 2021.

Par Freddy Joris - Renée Dresse

SOURCES : Biographies réalisées par l’IHOES (Seraing) dans le cadre de l’exposition « Femmes en colère », janvier-février 2016 − COENEN M.-Th., La grève de la FN en 1966. Une première en Europe, réédition, Bruxelles, 2016 (Les carnets du CARHOP).

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