PALAU Pierre, Isidore

Par André Balent

Né le 21 mars 1892 à Villemolaque (Pyrénées-Orientales) ; mort à Mauthausen (Autriche) le 23 septembre 1943 ; cheminot à la Compagnie du Midi puis à la SNCF à Béziers (Hérault), Perpignan (Pyrénées-Orientales), Prades (Pyrénées-Orientales), Banyuls-dels-Aspres (Pyrénées-Orientales) ; militant socialiste SFIO ; résistant ; déporté à Mauthausen.

En 2012, le site de la Fédération pour la mémoire de la déportation indiquait, de façon erronée, que Pierre Palau était né le 30 avril 1904.

Son père, Isidore, Joseph était né à Blanes (province de Gérone, Espagne) le 24 octobre 1866. Établi à Villemolaque comme cordonnier il avait épousé Thérèse, Louise, Rose Vilalte née à Corsavy (Pyrénées-Orientales), commune du Haut Vallespir, le 9 mai 1869.

Pierre Palau se maria le 12 août 1914 à Alénya (Pyrénées-Orientales) avec Rose Bernadoy. Celle-ci était née à Opoul (Pyrénées-Orientales) le 13 août 1897. Elle était la fille de Jacques Bernadoy, agriculteur à Alénya et d’Anne Sarda, décédée en 1914. Elle était incapable de signer l’acte de mariage.

En 1913 et en 1914, Pierre Palau était « cultivateur » à Villemolaque. Bien que sa mère fût de nationalité française, elle l’avait perdue en épousant un Espagnol : la loi de 1927 abrogea cette disposition discriminatoire pour les épouses et les enfants et permit leur réintégration dans la nationalité française. Pierre Palau, né en France pouvait prétendre à la nationalité française à condition d’effectuer le service militaire. Il signa donc en mairie de Perpignan un engagement volontaire de trois ans au 1er régiment de hussards en garnison à Valence (Drôme). Cavalier de 2e classe, Palau ne resta pas longtemps sous les drapeaux car il fut réformé à Béziers dès le 27 octobre 1913 pour « imminence de tuberculose ». La commission de réforme de Perpignan examina à nouveau sa situation militaire après le début de la Première Guerre mondiale, le 5 octobre 1914. Elle le déclara réformé, cette fois-ci pour « insuffisance musculaire ». Examiné à nouveau par la commission de réforme le 31 mars 1917, il fut déclaré bon pour le service. Affecté au 16e escadron du train, il arriva au corps le 17 mai 1917. Le 12 novembre 1917, il fut affecté au 12e escadron du train, puis, le 17 février 1918 au 2e groupe d’aviation basé à Lyon Bron mais dont les escadrilles étaient aussi réparties le long du front. Le 5 août 1918, il contracta en service commandé, à Fère-Champenoise (Marne) une « sclérose diffuse des 2 poumons » ou « bronchite bilatérale ». Il séjourna d’abord du 8 août au 25 août 1918 à Chambéry (Savoie) dans un « hôpital complémentaire » puis, du 26 août au 23 octobre, à l’hôpital militaire de Montmélian (Vosges) d’où il sortit avec un mois de convalescence. Affecté à nouveau aux armées le 11 novembre 1918, il fut démobilisé au dépôt du 2e groupe d’aviation le 27 mars 1919. Il passa à la réserve, en qualité d’affecté spécial, employé permanent à la Compagnie des chemins de fer du Midi.

Il commença alors une carrière de cheminot à la Compagnie du Midi, puis au PO-Midi et, enfin, à la SNCF. D’abord homme d’équipe à Béziers (Hérault) du 27 mars au 8 août 1919, il fut ensuite affecté, toujours comme homme d’équipe à Perpignan. Le 25 août 1929 il était nommé facteur aux écritures en gare de Prades (Pyrénées-Orientales), poste qu’il semble avoir occupé jusqu’à sa nomination comme chef de gare à Banyuls-dels-Aspres où il fut arrêté en 1943.

Après la Grande Guerre, Pierre Palau milita à la SFIO pendant plus de vingt ans avant 1939. Il était aussi un militant syndicaliste (CGT, tendance confédérée).

Résistant (nous ne savons pas dans quel mouvement ou réseau il fut actif), il appartenait à une filière de passages clandestins en Espagne. Il fut arrêté en février 1943 en même temps que deux autres personnes — dont un habitant de Sorède (Pyrénées-Orientales) et un originaire de Loire-Inférieure résidant à Banyuls-dels-Aspres — appartenant probablement au même réseau. Conduit à la Citadelle de Perpignan, il y fut torturé par la police allemande. De Compiègne, il fut déporté à Mauthausen où il mourut le 16 septembre 1943. Sur l’acte de décès est inscrit « mort en déportation » (arrêté du 9 décembre 1993 et Journal officiel du 10 février 1994).

Son fils prisonnier de guerre en Allemagne, s’évada et prit le maquis en Tchécoslovaquie ou plutôt, sans doute, en Slovaquie où des Français évadés de camps de prisonniers ou du STO rejoignirent l’insurrection nationale slovaque contre le régime pro-allemand de Mgr.Tiszo et formèrent un groupe spécifique de partisans.

Une plaque célébrant la mémoire de Pierre Palau fut inaugurée le 6 juillet 1946 en gare de Banyuls-dels-Aspres. Le bâtiment de la gare ayant été, depuis, vendu à un particulier, la plaque n’y figurait plus en octobre 2012. Son nom a été gravé sur la plaque apposée en gare de Perpignan, célébrant la mémoire des employés de la SNCF, morts pendant la Seconde Guerre mondiale, au combat, exécutés, en déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143746, notice PALAU Pierre, Isidore par André Balent, version mise en ligne le 7 janvier 2013, dernière modification le 9 juillet 2017.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 R 511, registre matricule 1912, f° 650 ; 2 E 4235, état civil de Villemolaque, acte de naissance de Pierre Palau ; 2 E 4867, état civil d’Alénya, acte de mariage entre Pierre Palau et Rose Bernadoy. — Le Cri socialiste, 13 juillet 1946, article de l’Amicale des cheminots socialistes. — Livre Mémorial, site de la Fondation pour la mémoire de la déportation, http://www.fmd.asso.fr/, consulté le 14 octobre 2012. — Site http://lesmortsdanslescamps.com/france consulté le 19 décembre 2012. — Information orale communiquée le 20 juin 2014 par Françoise Germa d’après un témoignage recueilli à Banyuls-dels-Aspres.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable