KOURTZ René

Par Daniel Grason

Né le 21 janvier 1903 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), mort le 18 janvier 1990 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) ; chaudronnier ; militant communiste ; interné.

Fils de Jean et d’Augustine, née Werra, tous les deux journaliers, René Kourtz dépendait du centre de recrutement de Melun, il fit son service militaire en 1923. Il épousa en juin 1927 à Varennes-sur-Seine (Seine-et-Marne), Germaine Van Vonterghem, née en 1905, le couple était sans enfant. Chaudronnier de profession, il travaillait dans une entreprise métallurgique au 10 rue Villot à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis), la direction le connaissait pour ses opinions qu’elle qualifiait de révolutionnaires, il adhéra en 1935 au syndicat CGT de la métallurgie de la région parisienne. En avril 1935, il fut signalé dans une note des Renseignements généraux comme un militant communiste actif de la section de Levallois-Perret dont il était le trésorier, il demeurait la ville au 62 rue Baudin.
Il fut mobilisé au 211e Régiment du 27 avril au 11 septembre 1940. Il aurait selon la police participé en août avec d’autres militants de Levallois-Perret à une réunion avec Gabriel Péri sur l’Ile de la Jatte à Puteaux. Les Brigades spéciales d’intervention des commissariats de Puteaux et de Levallois-Perret procédèrent à plusieurs arrestations début décembre 1940 dans cette ville. Les policiers de Puteaux arrêtèrent Pierre Déjardin, René Kourtz et Charles Pamelard, ceux de Levallois-Perret appréhendèrent André Leclair, Fourcriat et Fernand Bréant.
René Kourtz était arrêté pour détention, diffusion et collage de tracts et papillons interdits. Lors de la perquisition, les policiers ne saisirent qu’une ramette de papier blanc. Emmené au commissariat, il fut interrogé, frappé, battu… à plusieurs reprises pendant sa détention qui dura trente-six heures. Sa femme qui était alitée, soignée pour un pneumothorax fut également arrêtée, relaxée trente-six heures plus tard.
Incarcéré à la prison de la Santé, il fut interrogé sur sa participation à la réunion avec Gabriel Péri, il reconnut qu’il y était sans donner plus de précision. Le 28 avril 1941, la 12e Chambre correctionnelle le condamna à deux ans de prison, il purgea sa peine à Fresnes. L’Humanité clandestine accusa René Kourtz d’être un délateur :
« GABRIEL PERI CONDAMNE A NOUVEAU »
« Le camarade Gabriel Péri déjà condamné l’an dernier, lors du procès des députés communistes, à 5 ans de prison par défaut, sur dénonciation d’un nommé Kourtz, qui a agi comme un vulgaire mouchard. »

« Péri poursuit son travail de révolutionnaire dans l’illégalité, mais celui qui l’a livré à la police, et tous ceux qui trahissent le Parti, doivent être dénoncés comme des provocateurs et entourés du mépris public ». (L’Humanité n° 112 du 8 mai 1941). »
À l’issue de sa peine, il fut interné le 4 septembre 1942 au camp de Rouillé (Vienne), puis transféré dans une compagnie disciplinaire qui travaillait pour l’organisation Todt au camp de la Coubre près de Royan (Charente-Maritime), il y resta jusqu’au 20 août 1944. À cette date, la déportation était devenue impossible, René Kourtz fut emprisonné avec d’autres internés dans l’Ile de Ré, il fut libéré le 5 décembre 1944.
Le 31 août 1944, Germaine Kourtz écrivit au Maire de Levallois-Perret, elle relatait les violences commises contre son mari au commissariat de Puteaux. Elle lui demandait d’intervenir auprès du comité d’épuration souhaitant que les policiers responsables répondissent de leurs actes.
En février et mars 1945, René Kourtz témoigna devant une commission rogatoire, il déposa plainte devant la commission d’épuration de la police : « Lors de mon arrestation le 5 octobre 1940 j’ai été odieusement frappé, j’ai eu affaire au secrétaire […] qui m’a donné des gifles, m’a tiré les cheveux et me soulevait de terre par les oreilles et m’a frappé sauvagement à coups de poing ».
Il épousa en seconde noces, Andrée Lepage le 15 mai 1954 en mairie de Levallois-Perret. Il mourut dans sa ville d’adoption le 18 janvier 1990.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article143866, notice KOURTZ René par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 décembre 2012, dernière modification le 26 avril 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1836, BA 2299, PCF carton 7 activité communiste pendant l’Occupation, KB 10, 77W 1560, 77 3124. – L’Humanité clandestine 1939-1942, tome 1, Éd. Sociales, 1975. – État civil, Lunéville.

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