MESSAGER Henri [MESSAGER Alphonse, Henri]

Par Jean Maitron

Né le 22 mai 1850 à Paris ; comptable ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Henri Messager avait été incorporé, jeune soldat, le 3 novembre 1870, au 4e régiment d’artillerie. Peu après, il passa au 21e et obtint le grade de maréchal des logis ; il était aussi secrétaire du major.

Il se trouvait au fort de Vincennes lors du 18 mars 1871 ; le 19, le fort fut évacué, mais il resta, dit-il, sur ordre, pour terminer le travail de comptabilité. Arrêté le 28 mars par des gardes nationaux à la gare de Vincennes, il fut contraint d’entrer dans une batterie d’artillerie en formation dans le IVe arr. Nommé capitaine en second à cette batterie, le 12 avril, il fut élu capitaine en premier, à l’unanimité, le 2 mai. Vers le 16 avril, il se trouvait au fort de Bicêtre, puis il alla à la redoute du Moulin-Saquet. Il fut fait prisonnier dans la nuit du 3 au 4 mai dans cette redoute.

Les renseignements recueillis sur lui étaient « excellents ». Condamné, le 31 janvier 1872, par le 19e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire, il vit sa peine commuée le 13 janvier 1873, en déportation simple, puis, le 11 novembre 1875, en cinq ans de détention. Il était arrivé en Nouvelle-Calédonie le 9 décembre 1873, après un voyage de quatre mois sur la Virginie, en compagnie d’autres condamnés à la déportation, dont Henri Rochefort et Louise Michel. Il était hébergé par Louis Wouters dans la commune n° 2.

Transféré à l’Ile de Ré le 19 août 1872, il avait organisé entre les détenus de son groupe une caisse commune pour permettre à tous de bénéficier d’un modeste pécule. Durant sa captivité (décembre 1873-printemps 1876) en Nouvelle-Calédonie, il continua de même à faire bénéficier plusieurs de ses compagnons d’infortune des précieux envois familiaux et à leur donner des cours. Très vite pourtant, il enregistra de nombreuses déceptions dans un milieu où la loi de la jungle tint souvent lieu de règle de vie. Il fut également déçu par son ami le plus proche, Henri Rochefort. Ses lettres quasi quotidiennes de déportation montrent le peu de sympathie qu’il éprouvait pour « la majorité des hommes soi-disant politiques. »

Il obtint remise du reste et de la surveillance le 6 mars 1876, et rentra par la Néréide. C’est en citoyen libre qu’il débarqua à Brest le 7 août 1876.

Henri Messager était le père de l’écrivain Charles Vildrac.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144054, notice MESSAGER Henri [MESSAGER Alphonse, Henri] par Jean Maitron, version mise en ligne le 9 janvier 2013, dernière modification le 24 juillet 2021.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/749 et BB 27. — Henri Messager, 239 lettres d’un communard déporté, Ile d’Oléron, Ile de Ré, Ile des Pins, préface et notes de Jean Maitron, postface de Charles Vildrac, Paris, Le Sycomore 1979. — Louis Bretonnière, Roger Pérrenès, L’Internement des prévenus de la Commune à Rochefort, Nantes, Université Inter-Ages, 1995. — Gérard Hamon, Retour en France d’un communard déporté, Rennes, Pontcerq, 2016, p. 219. — Notes de Michel Cordillot et Alain Dalançon.

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