GOMEZ CASTAÑO Luis [écrit parfois CASTAGNO]

Par Daniel Grason

Né le 15 juillet 1916 à Guadalupe de Murcia (Espagne), exécuté sommairement le 27 juin 1944 près du lieudit Vaugeton, à Saint-Sauvant (Vienne) ; républicain espagnol ; bourrelier puis ferrailleur ; communiste du Parti communiste d’ Espagne clandestin ; interné ; résistant FTPF.

Luis Gomez Castaño
Luis Gomez Castaño
Carlos Fernandez, De la guerre d’Espagne... op.cit. (Arch. Dép. 44, 5 M 1853 et 4 M 793).

Fils de Luis Gomez et de Carolina, née Castaño, Luis Gomez Castaño vivait en Espagne où il exerçait la profession d’ouvrier bourrelier ; il était syndiqué à l’Union générale du travail (UGT). Il fut mobilisé dans l’armée républicaine espagnole en début d’année 1937, incorporé comme soldat dans le XIIe Corps d’armée dans la 3e Brigade, puis dans la 179e Brigade de carabiniers.

Lors du retrait des armées républicaines de Catalogne, il entra en France le 11 février 1939 par Prats-de-Mollo-la-Preste (Pyrénées-Orientales), fut interné au camp de Barcarès, puis à celui d’Argelès-sur-Mer jusqu’au 17 janvier 1940. À cette date, il était affecté à la 192e Compagnie de travailleurs étrangers (CTE) à La Ferté-Imbault (Loir-et-Cher). Dès l’entrée des troupes allemandes en France, il était de nouveau interné Argelès-sur-Mer jusqu’en septembre 1940. Il fut à nouveau réaffecté dans la 192e CTE, résida dans l’Aude puis la Haute-Vienne. De là, il fut envoyé à Roanne, Bordeaux et Cognac. En décembre 1941, il travaillait comme ferrailleur à la construction de la base sous-marine de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) pour le compte des autorités allemandes, et demeurait 92 rue Ville-ès-Martin.
Son frère aîné de trois ans José, à la ressemblance stupéfiante, passé par le col du Perthuis deux jours avant lui en février 1939, retrouva son frère Luis à Argelès, à La Ferté-Imbault puis à Saint-Nazaire.

Le 11 juillet 1942, les deux frères furent interpellés par la police française pour leur participation à la tentative de reconstitution du Parti communiste d’Espagne PCE. Ils étaient membres de l’Union nationale espagnole, leurs noms codés figuraient sur un cahier de l’organisation. Le SPAC, Service de police anti-communiste, réussit à les identifier comme membres de la cellule numéro 7 de Saint-Nazaire intégrée à un GE, Groupo Especial, branche armée du PCE . Luis Gomez reconnut qu’il avait accepté d’y adhérer et de verser sa cotisation pendant deux mois. Il affirma qu’il ignorait que cette organisation était liée au Parti communiste.

Transféré à Paris pour infraction à la loi du 26 septembre 1939, incarcéré à la Santé, Luis Gomez Castaño fut acquitté par la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris, le 12 décembre 1943. Après l’énoncé du verdict les cinquante-trois militants qui comparaissaient crièrent « Vive la France ! », « Vive l’Espagne Républicaine ! », puis ils chantèrent le refrain de La Marseillaise et l’hymne républicain espagnol.Son frère José appartenait à ce groupe puis on perd sa trace.

Considéré malgré tout comme suspect, Luis Gomez Castaño fut interné dès sa libération à la caserne des Tourelles par arrêté du préfet de police du 13 décembre 1943 puis transféré le 7 mai 1944 au camp d’internement de Rouillé (Vienne). Des résistants FTPF libérèrent les internés dans la nuit du 10 au 11 juin 1944 ; il rejoignit alors avec d’autres internés dont plusieurs républicains espagnols, le maquis de Saint-Sauvant (Vienne) et prit part à des actions contre les soldats allemands.

Le matin du 27 juin, une colonne motorisée de plus de mille cinq cents hommes de la SS, de la Wehrmacht et de la Milice encercla la forêt. Le hameau de la Branlerie, quartier général du maquis fut incendié. Cinq maquisards furent tués les armes à la main. En fin d’après-midi, vint cinq hommes frappés à coups de crosses furent exécutés sur le bord d’une route au lieu-dit Vaugeton, commune de Celle-Lévescault.
Parmi-eux se trouvaient neuf Espagnols qui s’étaient évadés de Rouillé : Luis Gomez Castaño, Juan Hernandez Rodriguez, Antonio Serra Clariani, Honorio Perez Gonzalès, Ricardo Rojas Gil, Santiago Marruedo Fraile, Rafael Massa Andreu, Angel Sanchez Garcia et Vicente Rossel Barrachina.

Luis Gomez est inhumé dans la nécropole de Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan) sous le prénom francisé « Louis ».

Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été homologué lieutenant FFI.

Une stèle fut dressée sur la route départementale 7, près du lieu-dit Vaugeton (Vienne) : « À la Mémoire des Glorieux Soldats sans Uniformes Tombés à cet Endroit le 27 Juin 1944 pour la Paix et la Liberté. Massacrés par les nazis. Ils sont Morts pour la France et la Liberté ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144055, notice GOMEZ CASTAÑO Luis [écrit parfois CASTAGNO] par Daniel Grason, version mise en ligne le 9 janvier 2013, dernière modification le 3 juillet 2022.

Par Daniel Grason

Luis Gomez Castaño
Luis Gomez Castaño
Carlos Fernandez, De la guerre d’Espagne... op.cit. (Arch. Dép. 44, 5 M 1853 et 4 M 793).
Dans la nécropole nationale</br> de Sainte-Anne-d'Auray
Dans la nécropole nationale
de Sainte-Anne-d’Auray
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 262276. — Arch. PPo., BA 2056, 77W 454. – Site Internet Vienne Résistance Internement Déportation (V.R.I.D.). – Carlos Fernandez, De la Guerre d’Espagne...à la résistance, Nantes, Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, 2010 . — Notes Annie Pennetier. — Site Internet GenWeb. — Notes et photographies de Jean-Pierre et Jocelyne Husson.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable