VILLARS René [Pseudonyme dans la Résistance : Varenne]

Par Daniel Grason

Né le 4 juillet 1909 à Penne (Lot-et-Garonne), fusillé par condamnation le 21 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chauffeur d’automobiles à la SNCF ; militant communiste ; domicilié à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) puis Ivry-sur-Seine ; résistant FTPF.

Fils d’Augustin, charbonnier à la Compagnie du chemin de fer d’Orléans et d’Antoinette, née Lagarde, René Villars effectua son service militaire en 1929 dans la 5e compagnie d’ouvriers de chars d’assaut de combat à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne). Il épousa Marie Baillagou le 23 juillet 1938 à la mairie de Saint-Dropt (Lot). Le couple demeurait 10 avenue d’Orléans à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). René Villars habita plus tard chez une amie 58 avenue Jules-Coutant à Ivry-sur-Seine.
Il travaillait comme chauffeur d’automobiles aux ateliers de la SNCF à Paris, 9 boulevard Masséna (XIIIe arr.), depuis le 4 février 1937. Mobilisé le 3 septembre 1939, il fut incorporé au 77e groupe de reconnaissance constitué par la cavalerie motorisée. Il prit part à des combats et aurait été décoré de la Croix de guerre avec trois citations.
En août 1942, un collègue de la SNCF, Raymond Müller, qui travaillait dans le même atelier lui demanda d’adhérer au Parti communiste clandestin et il accepta. D’autres ouvriers des ateliers étaient membres de l’organisation et René Villars, désormais « Varenne », fut mis en relation avec eux. Lors d’un rendez-vous, du matériel incendiaire lui fut remis. Un engin lui brûla l’extrémité des doigts et ses vêtements. Il déposa une seconde boîte incendiaire entre des tonneaux d’étoupe, l’un prit feu, sans se propager aux autres tonneaux. Les engins déposés par Antoine Thomas et Raymond Müller détruisirent une partie des bacs à huile de l’atelier de levage.
Le 27 août, des opérations se déroulèrent aux abords de trois grandes entreprises : aux usines Citroën dans le XVe arrondissement de Paris, près de la SNCASO à Suresnes et aux usines Renault de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Dans ce dernier lieu, six militants furent appréhendés, dont trois armés. Le responsable des groupes de protection, René Sevi, fut arrêté. Lors de la perquisition de son domicile, 4 square Emmanuel-Chabrier (Paris, XVIIe arr.), des inspecteurs des Brigades spéciales (BS) saisirent notamment la biographie de René Villars, avec en annotation « 1ère classe, Chars d’assaut. Responsable de l’organisation, triangle de cellule ».
Le samedi 5 septembre René Villars travaillait. Raymond Müller lui confia discrètement deux petites caissettes en bois contenant des explosifs. En soirée, Marcel Garnier lui apporta à son domicile une caisse qui devait contenir les explosifs livrés le matin. Il fut chargé de confectionner l’engin. Il descendit explosifs et copeaux métalliques rapportés de l’atelier dans sa cave et, en suivant les instructions, il fabriqua l’engin explosif. Celui-ci était destiné à faire sauter le pont transporteur qui était dans la cour des ateliers. Du fait de la présence d’ouvriers, l’opération fut reportée.
René Villars ne savait comment se débarrasser des explosifs. Il en parla à Paul Mazy, membre du groupe. Tous les deux placèrent un engin sous une banquette d’un compartiment d’un wagon réservé à des soldats allemands. Il était 19 h 30, le train devait quitter la gare d’Austerlitz quelques heures plus tard à destination de Bordeaux. René Villars régla le dispositif de retardement mais ne vérifia pas si le système d’horlogerie fonctionnait. Il emporta la seconde bombe et la dissimula sous le tas de charbon qui était dans sa cave. En raison de la dangerosité de l’engin, il en informa son amie Pauline sans entrer dans les détails.
Deux inspecteurs de la BS1 arrêtèrent René Villars le 8 septembre vers 21 heures à son domicile. Conduit dans les locaux des BS, il fut battu lors des interrogatoires, qui durèrent sept jours. L’engin déposé dans un compartiment réservé aux Allemands fut découvert le 10 octobre au retour du train en gare d’Austerlitz. Détenu au Dépôt, René Villars fut incarcéré ensuite à la prison de la Santé (XIVe arr.), puis mis le 12 octobre 1942 à la disposition de la Geheimfeldpolizei (GFP), chargée de la lutte contre la résistance intérieure et extérieure. Cet organisme de répression comptait une centaine d’hommes qui siégeait à l’hôtel Bradford (VIIIe arr.).
Détenu à la prison du Cherche-Midi (VIe arr.), René Villars fut jugé le 11 novembre 1942 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et condamné à mort pour « activité de franc-tireur et autres délits ». Il fut passé par les armes le 21 novembre à 12 h 21 au Mont-Valérien, puis inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine.
Marie Monloublou, son amie, témoigna le 3 mars 1945 devant la commission d’épuration de la police. Elle vit René Villars à deux reprises, quarante-huit heures après son arrestation, au dépôt, puis dix jours plus tard. Il ne lui révéla rien des interrogatoires, ne lui parla pas de violences.
Le nom de René Villars figure sur une plaque commémorative à la Bourse du Travail de Paris (Xe arr.) avec la mention « Résistance-Fer », ainsi que sur le monument aux morts d’Ivry-sur-Seine. Le conseil municipal donna son nom à une rue de la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144183, notice VILLARS René [Pseudonyme dans la Résistance : Varenne] par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 janvier 2013, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2056, BA 2117, PCF carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, GB 107, KB 30, 77W 416, 77W 942, 1W 0371. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-595/42 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Penne.

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