GOUJON Germaine, Marthy, Louise, née CÉCILE

Par Marcel Boivin, Jean Maitron

Né le 1er mai 1893 à Petit-Quevilly (Seine-Inférieure), morte le 5 mai 1980 à Rouen ; tisseuse à la manufacture de coton d’Oissel ; personnalité féminine ouvrière du communisme naissant ; militante syndicaliste CGT puis CGTU ; oppositionnelle.

Le comité de grève du textile d’Oissel  le 22 juin 1919.
Le comité de grève du textile d’Oissel le 22 juin 1919.

Fille d’un typographe et d’une « cambrocheuse », tisseuse depuis l’âge de treize ans, elle milita avant la guerre à la CGT et, en 1917, elle reconstitua la section d’Oissel du syndicat du Textile. Le 13 janvier 1917, elle épousa Louis Émile Goujon, charretier, et habita à Oissel, rue Bachelet.

Le 11 novembre 1918, après l’annonce de l’Armistice, elle tendit un drapeau rouge sur lequel figurait l’inscription « Vive l’Internationale », dans l’usine où elle travaillait. Renvoyée peu après, elle laissa sa place au secrétariat de la section du Textile d’Oissel à Louise Gautier et rejoignit son mari mobilisé au Havre, en mars 1919. Elle revint en mai et fut, en juin 1919, à la tête du comité de grève du syndicat du textile d’Oissel qui obtint la semaine de 5 jours et demi et une augmentation des salaires (voir l’iconographie).

En 1919, elle fut présentée sur la liste socialiste aux élections municipales de Oissel, conduite par les cheminots Gustave Courage et Émile Bachelet. La liste comportait trois femmes, Mme Gautier, Marie Lebret, et elle, à une époque où les femmes n’avaient pas le droit de vote, ni le droit d’être élue. Germaine Goujon obtint 368 voix, et ne fut pas élue, comme l’ensemble de la liste.

Amie de Marianne Rauze et d’Hélène Brion, elle écrivit en 1919 dans la revue La Lutte féministe, puis milita dans les rangs du CSR de Rouen et s’inscrivit au PC dès 1921. Secrétaire adjointe à la propagande de l’Union départementale unitaire à partir du 18 février 1922, elle fut déléguée au congrès du PC tenu à Marseille où elle prit plusieurs fois la parole. Elle collabora au journal Le Communiste du Nord-Ouest et fut élue secrétaire du syndicat général du Textile de Rouen au début de 1923.

Responsable de la section féminine du PC jusqu’en 1927, elle fut élue trésorière de la 19e UR en 1926 et signa en octobre 1925 la lettre critique des 250 à la direction du Parti et à l’Internationale communiste. Cette même année, elle avait été déléguée au IVe congrès du Parti.

Présentée par la direction comme appartenant à la « droite » du PCF, elle en fut exclue au cours d’une réunion dramatique, le 8 février 1927, en compagnie de Victor Engler qu’elle suivit à la Ligue syndicaliste en 1929.

Après avoir sans succès essayé de reconstituer un puissant syndicat du Textile avec Gustave Delarue, elle consacra toute son activité à la gestion de l’Union locale unitaire comme trésorière adjointe et de la Bourse du Travail comme secrétaire adjointe de 1926 à 1935.

Très populaire parmi les ouvrières de la région rouennaise, elle entraîna et maintint l’Union locale dans l’opposition, en dépit des attaques des dirigeants de la 19e UR. En 1930-1931, elle participa à la lutte des Vingt-Deux pour l’indépendance syndicale et elle intervint le 11 janvier 1931 à la Conférence qu’ils organisèrent à la Bourse du Travail de Paris.

Les attaques dont elle était l’objet devinrent plus violentes à partir de 1934 ; sa sécurité fut même directement menacée par les minoritaires communistes du syndicat des dockers de Rouen, qu’elle refusait de reconnaître comme un syndicat à part entière, par fidélité à Victor Engler.

À la mort de ce dernier à la fin de 1935, elle abandonna toute vie militante et retourna vivre avec son mari, cheminot de Sotteville-les-Rouen, à Oissel rue de la République.

Elle resta néanmoins abonnée à La Révolution prolétarienne, et lui versait régulièrement des souscriptions. Le 10 mai 1939, la revue publiait une lettre de soutien de sa part.

En 1948, Germaine Goujon souscrivit de nouveau pour La Révolution prolétarienne.
Elle mourut à Rouen en 1980, à l’âge de 87 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144240, notice GOUJON Germaine, Marthy, Louise, née CÉCILE par Marcel Boivin, Jean Maitron, version mise en ligne le 20 janvier 2013, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Marcel Boivin, Jean Maitron

Germaine Goujon (1921)
Germaine Goujon (1921)
cc Agence Meurisse
Le comité de grève du textile d'Oissel le 22 juin 1919.
Le comité de grève du textile d’Oissel le 22 juin 1919.

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Inférieure, 1 M P 285 et 497, 4 M P 2604. — Arch. Munic. Rouen, 7 F 3. — Témoignage de Maurice Carrier, trésorier du syndicat des dockers en 1932 puis de 1935 à 1939, secrétaire adjoint de l’UD de 1935 à 1939 ; membre du SRI Rouen ; partisan de Victor Engler. — Le Cri du Peuple, 14 janvier 1931. — Notes communiquées par Pierre Broué. — État civil de Petit-Quevilly, 9 septembre 1981. — Notes de Patrice Demarest et de Julien Chuzeville.

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