Par Patrick Auzende
Né le 24 mai 1898 à Strasbourg (Basse-Alsace, Alsace-Lorraine), mort le 25 février 1971 ; typographe alsacien ; syndicaliste CGT du Livre, membre du comité de 1919 à 1922 puis vice-président du Syndicat Typographique de Strasbourg de 1922 à 1963, délégué strasbourgeois aux Congrès régionaux d’Alsace-Lorraine entre 1923 et 1938 ; vice-président du club des imprimeurs de Strasbourg de 1932 à 1958, vice-président de la Typographia de Strasbourg ; homme de confiance de la Jeunesse Communiste d’Alsace-Lorraine.
Camille Lussigny naquit le 24 mai 1898 dans une famille catholique à Strasbourg en Basse Alsace, en Alsace-Lorraine, région de l’Empire allemand de 1871 à 1918. Né allemand, il devint français par réintégration en 1918. Sur le plan professionnel, Camille Lussigny choisit les métiers du livre. De 1913 à 1917, Camille Lussigny effectua son apprentissage de conducteur-typographe puis son brevet de compagnon obtenu, il débuta à l’imprimerie Populaire Strasbourgeoise, maison publiant la Presse Libre (Die Freie Presse, journal de la Section Française de L’Internationale Ouvrière dirigée par Jacques Peirotes, Georges Weill, Eugène Imbs. Mais la carrière professionnelle de Camille Lussigny se déroula pour l’essentiel à l’imprimerie Boehm, rue des cordonniers à Strasbourg. Après la fermeture cet établissement, Camille Lussigny rejoignit l’imprimerie des Dernières Nouvelles de Strasbourg où il fut rotativiste jusqu’à sa retraite, le 1er juin 1963.
Camille Lussigny adhéra au Syndicat Typographique de Strasbourg en mars 1917. Cette organisation syndicale fondée le 18 septembre 1871 est reconnue depuis le 1er juillet 1919 comme la 175e section de la Fédération Française des Travailleurs du Livre CGT. Camille Lussigny participa activement à la vie syndicale. Il fut délégué strasbourgeois aux congrès régionaux d’Alsace-Lorraine de 1923 à 1938. En 1919, Camille Lussigny fut élu membre du comité de section de Strasbourg. Puis Camille Lussigny devint le vice-président du Syndicat Typographique, poste qu’il occupa de 1922 à sa retraite, le 1er juin 1963. En reconnaissance, les adhérents du syndicat le désignèrent alors vice-président d’honneur de la section de Strasbourg.
Parallèlement à ses engagements syndicaux, Camille Lussigny s’impliqua dans les clubs professionnels du livre. Ces clubs chez les typographes ont un rôle bien particulier. Ils structurent dans un esprit corporatiste un métier hautement qualifié lié à la mécanisation autour des conditions de travail, des normes d’apprentissage et de la transmission des nouvelles techniques. En Alsace, le monde du Livre est caractérisé au début du 20e siècle par l’existence de nombreux clubs professionnels : le club des compositeurs à la machine (maschinenstzer Club) fondé en 1908, le club des imprimeurs (Maschinenmeister Club) fondé en 1904 et l’association des opérateurs linotypistes fondée en 1909. Camille Lussigny fut le vice-président du club des imprimeurs de Strasbourg de 1932 à 1958.
Enfin, Camille Lussigny s’impliqua également dans le milieu artistique du livre. Il devint membre en 1919 de Société chorale Typographia (Buchdrucker-Gesangverein). Cette chorale fondée en 1880 fut une organisation incontournable dans le monde du Livre. Elle anima tous les moments festifs de la profession (fête de la Saint Jean, Noël, jubilés) et eut un rôle important pour la cohésion du monde du Livre. Elle assura également la renommée des typographes au delà de leur milieu, notamment par sa participation aux bals-guinguettes très prisés du Palais des Fêtes de Strasbourg dans l’entre-deux-guerres. Sur le plan administratif, Camille Lussigny fut le vice-président de la Société Chorale Typographia de Strasbourg et sur le plan artistique, il en fut le 1er ténor. Camille Lussigny fit une prestation remarquée lors du 50ième anniversaire de la section typos-lithos de Strasbourg lorsqu’il chanta en solo « Völkerfreiheit ». A l’époque le quatuor de la Typographia se composait de Camille Lussigny, de Robert Leromain, de Georges Meyer (voir ce nom) et de Charles Woehrel (voir ce nom). Camille Lussigny reçut les palmes académiques pour cette activité.
Sur le plan politique, Camille Lussigny aurait appartenu à la mouvance communiste. Camille Lussigny fut « l’homme de confiance » de la Jeunesse Communiste d’Alsace Lorraine dans l’entre-deux guerres.
Marié et père d’un fils, Camille Lussigny habitait au 2, allée de l’orphelinat à Strasbourg. Il mourut le 25 février 1971.
Par Patrick Auzende
SOURCES : archives départementales du Bas-Rhin AL121 871. — Le Travailleur du Livre, n° 3, p. 2, mars 1971