GARIN Claudius, dit NIRAG René

Par Claire Auzias, Rolf Dupuy

Né le 30 septembre 1894 à Lorette (Loire), mort le 17 mai 1990 à Albigny-Sur-Saone (Rhône)  ; ouvrier ajusteur et chansonnier  ; militant libertaire et syndicaliste de Lyon (Rhône).

Né dans une famille de neuf enfants, dont seuls six survivront, Claudius Garin connut une enfance difficile. Son père Jean-Marie Garin était né en 1846. Claudius Garin avait un frère aîné (de vingt ans), Antoine Garin qui fut un syndicaliste de la métallurgie lyonnaise. Après que sa mère ait abandonné le foyer familial quand il avait quatre ans, il fut élevé par son père ouvrier mineur de fond dans la Loire qui le scolarisa d’abord dans une école religieuse – la seule qui existait et avait été offerte par les patrons – où il apprit à lire et à écrire. Puis à l’âge de sept ans il suivit les cours de l’école laïque fondée par son père qui « avait des idées avancées » et était libre penseur. Après le décès de son père quand il avait neuf ans, et avoir été fréquemment battu par ses frères et sœurs aînés, il quitta l’année suivante l’école et fut placé dans une famille catholique et pauvre comme berger à vaches sur le Mont Pilat, à Grand-Croix près de Lorette.

En 1911, Claudius Garin arriva à Lyon, avec un faux certificat d’ajusteur fourni par un camarade de son frère aîné Antoine Garin qui était alors militant anarchiste et syndicaliste et qui l’initia sans doute à ces théories. Toutefois Claudius gardait de ce frère qu’il qualifiait de « très autoritaire » et qui le mettra à la porte de chez lui, un souvenir amer. Antoine Garin qui fut un des responsables du secteur métallurgique de la CGT passa après-guerre au parti communiste et fut conseiller municipal.

Avant la guerre de 1914, Claudius Garin travailla dans une vingtaine de maisons dont il fut souvent mis à la porte. Il participa à la fondation des Jeunesses ouvrières (syndicalistes ?) et était très lié notamment aux frères Georges Navel et Lucien Navel. Il participa à cette époque aux affrontements avec les Royalistes sur la place Bellecour et le jour de la déclaration de la guerre à une manifestation rue de la Barre où les participants crièrent « À bas la guerre ».

En juin 1915, Claudius Garin se maria avec Paule Mounier, tireuse d’or dans la guimperie, issue d’une famille royaliste de Nyons (Drôme) et à qui il inculqua ses idées libertaires. Il en eut trois filles nées en 1915, 1917 et 1936.

Claudius Garin qui était très critique envers les compagnons pratiquant le « macadam », les qualifiant de « très paresseux », fréquenta également le Nid rouge qui entre 1919 et 1922 assura un grand nombre de concerts non seulement à Lyon mais aussi dans la région. Aux côtés de Jeanne Chevenard et Albert Chevenard, Théophile Leclerc, Poncet et Marguerite Faure, Claudius Garin devint l’un des chanteurs chansonniers amateurs du groupe et participa à de nombreux galas et soirées dans les bourses du travail ou divers cabarets dont le cabaret Stein à Lyon. Il parvint ultérieurement à en faire une activité semi professionnelle, se déplaçant à travers la France et ce, au-delà de la Seconde guerre mondiale. Contrairement aux autres chansonniers libertaires, Claudius Garin n’appréciait guère Charles D’Avray, qu’il qualifiait de « pas sincère ». Il participa également aux activités du Théâtre du peuple fondé en 1919 par les socialistes.

En juin 1968 Garin se remaria avec Françoise Nughes, ancienne ouvrière guimpière qu’il avait connue dans le groupe des Jeunesses ouvrières dans les années 1920.

Il fut jusqu’à la fin de sa vie un artiste local dont le répertoire relevait de moins en mois de l’époque du Nid rouge. Il mourut à 96 ans, près de Lyon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144500, notice GARIN Claudius, dit NIRAG René par Claire Auzias, Rolf Dupuy, version mise en ligne le 28 janvier 2013, dernière modification le 21 avril 2020.

Par Claire Auzias, Rolf Dupuy

SOURCES : Claire Auzias Mémoires libertaires.. , op. cit., (entretien écrit avec Garin, juillet 1979). — Témoignage d’Alain Moreau, son petit-fils maternel, cinéaste, 2012.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable